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samedi 18 mai 2013

Ad usum mei — 14




Mon précédent billet a suscité bien des réactions — et des échanges — chez les fidèles abonnés de ce blogue. Je comprends. La thèse de Santiago Espinosa est si paradoxale qu’elle ne peut que surprendre. Cela dit, toutes les idées philosophiques, ou, simplement, intelligentes, sont paradoxales. Pour rester dans le domaine esthétique, on se souvient qu’Oscar Wilde tenait pour lui — dans son délicieux essai L’effondrement du mensonge — que ce n’était pas l’art qui imitait la vie, mais la vie qui imitait l’art. À juste titre. Personnellement je connais des nanas, des lolitas, des bovarys. Candide, je les crédite d’abord d’un certain romantisme. Mais le romantique, c’est moi. Jeune homme, j’étais le Antoine Doinel de la côte basque, même si, souvent, on voyait en moi un don juan. Certains soirs d’été à Guéthary, les ciels s’efforcent d’égaler les couchants de Turner. Parfois, ils y parviennent, laissant place à la douceur des choses. Quand la nuit est avancée, ma belle et moi nous regagnons Biarritz en cabriolet démodé. Les tubes italiens nous accompagnent. C’est la dolce vita.
Pour en revenir au livre de Santiago Espinosa, ce qui est difficile non tant à comprendre mais à admettre, est l’idée que la musique est une expression, sans doute, mais qui n’exprime rien — rien d’autre qu’elle même au moment précis où elle est jouée. Un oiseau qui chante, comme on dit, n’exprime rien. Le plaisir pris à l’écouter est « gratuit » — sauf si l’auditeur projette ses propres affects sur les trilles perçues, et sauf si celles-ci déclenchent chez lui une émotion, telle la gaieté. Mais en aucun cas l’auditeur, sauf à céder à l’anthropomorphisme, ne pourra affirmer que le rossignol est joyeux et que s’il s’égosille c’est pour manifester son état d’âme. On objectera qu’un compositeur n’est pas un rossignol et, dès lors, qu’il peut fort bien avoir l’intention d’exprimer telle ou telle passion dans son œuvre — l’enthousiasme ou le transport héroïque, par exemple, et qu’elle sera éprouvée par l’auditeur. « Quand je sors d’un opéra de Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne », dit Woody Allen. Mais pareille objection en appelle une autre contre elle, à savoir que quelle que soit l’intention du compositeur l’auditeur peut parfaitement ne pas l’écouter en ce sens et ne s’en tenir qu’à un plaisir désintéressé, au sens kantien du terme, c’est-à-dire un plaisir simple de mélomane ou de musicien. On voit ainsi la ligne de démarcation tracée par Ortega y Gasset — tant dans La déshumanisation de l’art que dans Musicalia — entre, d’une part, une écoute «naïve» de la musique comme langage des émotions ordinaires et comme occasion particulière de les ressentir un peu autrement, sous une forme esthétique, et, d’autre part, une écoute «savante» ou «cultivée» des œuvres comme architectures sonores peu ou prou sophistiquées destinées à susciter des sentiments étrangers à toute psychologie. Les amateurs de la première écoute appartiennent à la masse. Ils aiment la musique comme moyen de danser, de protester, de s’indigner, de pleurer ou de se réjouir. Ceux de la seconde appartiennent à l’élite. Ils écoutent la musique quand elle s’offre comme l’expression à la fois réitérée et inouïe, harmonieuse ou non, de la cacophonie de l’existence, cette «histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne veut rien dire».    


samedi 9 juillet 2011

Les bonnes femmes — 7.



« Le lion a ses dents et ses griffes ; l’éléphant et le sanglier ont leurs défenses ; le taureau a ses cornes ; la seiche a son encre qui lui sert à brouiller l’eau autour d’elle. La nature n’a donné à la femme […] que la dissimulation ; cette faculté supplée à la force que l’homme puise dans la vigueur de ses membres et dans sa raison. La dissimulation est innée chez la femme, chez la plus fine, comme chez la plus sotte. […] De cette tare fondamentale, naissent la fausseté, l’infidélité, la trahison, l’ingratitude, etc. Les femmes se parjurent en justice bien plus souvent que les hommes et ce serait une question de savoir si on doit les autoriser à prêter serment. »

Arthur Schopenhauer

mercredi 29 juin 2011

No se puede vivir sin amar — 8


« Ce mois-ci encore, le moral des ménages est au plus bas ». La formule ressassée par les media ne fait qu’indiquer, je le sais, une baisse générale de la consommation ; mais, en l’entendant, je ne peux m’empêcher de penser aux couples que je côtoie ou croise — à ces types et à ces bonnes femmes de moins en moins capables de dissimuler sur leur visage la fatigue de vivre ensemble avec ou sans marmaille.

In Délectations moroses
(Le Dilettante)


samedi 11 juin 2011

No se puede vivir sin amar — 7


"Toute relation amoureuse comporte trois stades qui se confondent insensiblement : dans le premier, on est heureux ensemble, même dans le silence; dans le second, on s'ennuie en silence; et, dans le troisième, ce silence s'interpose entre les amants comme un ennemi pernicieux."

La transparence impossible

lundi 18 avril 2011

No se puede vivir sin amar — 6



"Vitalité de l'amour : on ne saurait médire sans injustice d'un sentiment qui a survécu au romantisme et au bidet."


Cioran

mardi 12 avril 2011

No se puede vivir sin amar — 5


Ce qui réconcilie deux amants, ou deux conjoints, après quelques jours de brouille, c’est moins la lassitude ou le malaise de la bouderie, que l’appel du bas-ventre. Aucune discorde amoureuse ou conjugale ne résiste aux injonctions des glandes. 

mardi 5 avril 2011

dimanche 20 mars 2011

No se puede vivir sin amar — 3





«Nous parlions d’amour de peur de nous parler d’autre chose.»

Benjamin Constant
Adolphe
      

lundi 7 février 2011

Transparence


« Qui sont les autres ? Nous ne connaissons d’eux que ce que nous désirons y voir et que ce qu’ils veulent laisser paraître. » 

Dexter Morgan

mercredi 2 février 2011

Amicalement vôtre — suite.


"Se faire des amis est une nécessité de commerçant, se faire des ennemis une occupation d'aristocrate."

Henry de Montherlant

lundi 27 décembre 2010

Les bonnes femmes — 1.


"Le privilège que la monogamie et les lois qui en résultent accordent à la femme en la proclamant l'égale de l'homme — ce qu'elle n'est à aucun point de vue — a pour conséquence que les hommes sensés et prudents hésitent souvent à se laisser entraîner à un si grand sacrifice[que le mariage], à un pacte si inégal."

Arthur Schopenhauer
Essai sur les femmes

vendredi 29 octobre 2010

Plus de morts, moins d'ennemis


La lucidité consiste à se placer du point de vue de Dieu. C’est de là que Jacques Esprit examine le cœur des hommes. À l’évidence seul y palpite un amour-propre animé d’un féroce appétit de domination. Dès lors, toute vertu louée par la tradition philosophique n’est que fadaise, illusion, vent de bouche. L’amitié, célébrée par Cicéron et Montaigne? Il n’y a qu’aux morts que nous l’accordons car, vivants, nos semblables nous nuisent: «leur inquiétude trouble notre repos, leur malignité s’attache à notre réputation, ils traversent nos desseins par leur envie et leur jalousie, et ceux qui ont de bonnes qualités font remarquer nos défauts.»
Même si La fausseté des vertus humaines n’a pas la notoriété des Maximes de La Rochefoucauld, on y retrouve avec autant de plaisir ce que Pascal Quignard nomme « la manie noire dévastatrice » du jansénisme. Comme La Rochefoucauld, son complice, Jacques Esprit, passé des salons de la préciosité à Port-Royal, se divertit à faire la peau aux idéaux de grandeur et de sagesse. Mais chacun sa manière. Tandis que le vieux Frondeur, borgne et balafré, les pourfend d’un trait, l’ex-mondain, de ses délicates mains blanches, les dépèce avec méthode.  

vendredi 27 août 2010

Exercice spirituel


Chaque fois qu'il éprouvait la tentation du plaisir sexuel, dont il était esclave, Marc Aurèle se répétait que l'amour physique n'est qu'"un frottement de ventre avec éjaculation, dans un spasme, de liquide gluant". Du Houellebecq par anticipation.

dimanche 25 juillet 2010

lundi 28 juin 2010

samedi 26 juin 2010

IN A LONELY PLACE - 1950 Nicholas Ray. Titre français : LE VIOLENT


"Je suis né quand elle m'a embrassé. Je suis mort quand elle m'a quitté. J'ai vécu tant qu'elle m'aimait"

vendredi 11 juin 2010




Pour les femmes que j'ai connues, j'espère rester le meilleur de leurs pires souvenirs.

mardi 8 juin 2010

  

"La femme cherche un maître pour le dominer."
Jacques Lacan