dimanche 28 juin 2020

Profession de foi du glandeur balnéaire


Henry Miller 



Dimanche d’élections. 
Je n’ai pas la tête politique, encore moins le cœur. Dès que je croise un militant, un candidat, un sympathisant, un pétitionnaire, une porteuse de pancarte, un encarmagnolé, un brailleur à mégaphone, je fuis. Les lideurs et les suiveurs m’effraient. Ce ne sont pas mes semblables. Ils transpirent l’ambition et la servilité. Les dieux m’ont privé de ces passions propres aux arrivistes, aux affairistes, aux jobards. Je ne me connais que des inclinations adoucies par la flemme. Elles m’ont conduit à une vie sans «miracle et sans extravagance», selon la formule de mon cher Montaigne, une vie durant laquelle j’ai goûté aux plaisirs des jolies, de la plage, des livres, de l’amitié. À propos d’amitié, je retranscris ici ce propos d’Henry Miller que ma chère Arletti m’a adressé hier: «Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas lire de journal, ne pas écouter la radio, se boucher les oreilles aux commérages, se laisser aller sans retenue à la paresse, être absolument indifférent au sort du monde, voilà la plus belle médecine qu’on puisse s’administrer.» Tout un programme auquel j’adhère en fanatique.    


vendredi 19 juin 2020

Spinoza, philosophe pour tristes sires


La joie de Spinoza 
en train de se relire

Je n’ai jamais rien retiré de la fréquentation des œuvres de Spinoza. Ni plaisir de lecture, ni profit pour ma jugeote. Passe encore qu’il donne à la nature le sobriquet de Dieu. Mais quand, après un enchaînement d’axiomes, de définitions, de scolies, dans lesquels il rappelle que nous sommes déterminés par nos affects, il annonce in fine que nous pouvons accéder à la sagesse, ce gros morceau intitulé l’Éthique me semble dur à avaler. Or, j’ai toujours été étonné que des amis philosophes puissent en faire leurs délices et en gober les incohérences. En fait de géomètre des passions, Spinoza reste pour moi un as de l’obscurité et de la confusion, surtout un platonicien qui s’ignore — vérité que ne veulent pas voir non plus les spinozistes. Car enfin, quelle est cette figure du sage qui apparaît au livre V de l’Éthique, sinon celle de l’Homme idéal ne pouvant loger ailleurs que dans le monde intelligible de Platon et, son amour intellectuel de Dieu, ni plus ni moins qu’une resucée de la vision bienheureuse du Vrai en soi. On sait que pareil phantasme d’un sage se baladant parmi les mortels sur le petit nuage du Souverain Bien, existait déjà chez Épicure. Hédoniste blasé, l’Ecclésiaste (clic) eût dit à ces deux professeurs de béatitude: «Ne soyez pas plus sages qu’il n’est besoin de peur que vous en deveniez risibles».              

mardi 16 juin 2020

Du nouveau sous le soleil


L’Ecclésiaste, publié par les éditions Louise Bottu, vient de paraître. Tout est remarquable dans cet opuscule. Le texte, la préface — de votre serviteur —, la traduction, l’objet lui-même. Il faut le commander toute affaire cessante ici (clic). En prenant connaissance de cette œuvre, il y a quelques années, je me suis dit qu’il frappait de vanité tout autre pensée philosophique. Maintenant, c’est différent, j’en suis convaincu.