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mardi 8 septembre 2020
dimanche 22 mars 2020
Considération, vite, sur la crise actuelle
Mon parc (vue partielle)
L’autre matin, j’ai été interrogé par téléphone sur France Inter à propos des changements sociaux positifs que pourrait engendrer la crise sanitaire actuelle. J’ai répondu que le comportement des gens qui fut de se ruer dans les supermarchés pour en vider les rayons, de se balader en foule dans les rues et les parcs, de prendre d’assaut les trains pour se rendre à la campagne ou à la mer, démentait la notion orwellienne de common decency dont se coiffent les jobards de la gauche radicale et, depuis peu, ceux de la droite populiste (clic). En fait de décence commune, on a assisté à une indécence générale, si bien qu’il a fallu réveiller le sens civique du peuple par la coercition policière. Encore une fois, j’eus là la confirmation de mon idée selon quoi la république sans l’ordre et l’autorité, fondée sur la vertu de fraternité, n’était qu’une baliverne. Aucune crise, aucune catastrophe, aucune guerre, n’a jamais amélioré la nature humaine qui, en toute circonstance, comme nous l’enseigne la doctrine irréfutable du péché originel, demeure tarée. En observant le peuple auquel ses amis politiques trouvent tant de moralité, j’ai pensé à la sage formule de Michel Houellebecq : « La gendarmerie est un humanisme ». Ce que je n’ai pas eu le temps de dire à l'antenne, c’est que je voyais deux bons aspects à ce malaise social. Le premier étant, pour faire vite, que le président redécouvrait la nécessité de rétablir les fonctions de l’État-providence qu’il s’appliquait à détruire conformément à la mission que lui avaient assignée les puissances financières ; le second, non moins conséquent, étant que les néo-féministes ont été réduites au silence. Pour un anarchiste réactionnaire dans mon genre, dont la misanthropie et la misogynie s’aggravent avec le temps, voilà deux raisons valables de se réjouir quelque peu.
mercredi 21 août 2019
Biarritz, ville ouverte aux fâcheux
J’ai écrit jadis que Biarritz était la capitale de l’ennui. Ce n’était pas une charge. Au contraire. L’ennui est ma vocation. Je vis dans le lieu idéal où je puis l’exercer. Emmanuel Macron aurait-il mal interprété mon propos? A-t-il voulu me distraire en organisant le G7 à Biarritz? A-t-il pensé que je trouverais de l’amusement à assister à la bunkérisation de la ville? Il est vrai que le déploiement des forces de l’ordre et des services de sécurité militaires, l’installation de points de contrôle à chaque croisement de rues, le vol incessant des hélicoptères de la gendarmerie, ne manquent pas d’allure. Sans doute aussi que le contre-sommet permettra aux altermondialistes en vacances de découvrir le Pays basque. D’autant qu’ils y retrouveront des CRS pour animer leurs processions. Cette multitude aux idéologies bigarrées, tellement concernée par les graves problèmes touchant la planète, force ma sympathie. Si cela ne dépendait que de moi, je lui donnerais les pleins pouvoirs pour éradiquer la pollution, le fascisme, les inégalités, les féminicides, les pesticides, l'homophobie, le racisme, pour mettre un terme à la montée des océans et à la fonte des glaces. Maintenant, me serait-il possible de m’adresser à Emmanuel Macron, je lui dirais qu’il eût pu choisir une autre ville que Biarritz pour rencontrer ses homologues. Quand bien même les chefs d’État et leurs opposants chahuteurs me semblent partager d’indéniables qualités humaines, l’honnêteté m’oblige à confesser que tous nuisent à mon éthique de la vie douillette en bord de mer, éthique qui vaut bien les politiques mercantiles des premiers et les utopies des seconds. Si, donc, avant de chercher à me désennuyer Emmanuel Macron s’était inquiété de mon réel désir, telle aurait été ma réponse: «Monsieur le Président, respectez le principe de la paix chez moi».
vendredi 27 octobre 2017
La République en laisse
L’autre soir, au restaurant,
Frédéric Pajak m’apprend qu’il avait décidé de quitter Paris en raison de
l’idolâtrie que cette ville voue à Emmanuel Macron. Je lui ai répondu que je ne
comprenais pas sa décision. De quel bonheur allait-il se priver! Ainsi moi qui
vis à Biarritz, lui ai-je dit, je me réjouis de l’amour du président qui y règne. Tout le monde, les jeunes, les vieux, surtout les
femmes, communient dans cette allégresse. Sans doute, ai-je concédé à Pajak, est-il
trop tôt pour mesurer les bienfaits sociaux de l’action de notre nouveau chef d'État, mais on ne peut nier qu’il œuvre d’ores et déjà au redressement de
l’âme des Français. Rien qu’en
prenant l’exemple de mes amis biarrots, ai-je dit à Pajak, tous fervents
partisans d’Emmanuel Macron, je puis affirmer que, depuis l’élection de ce dernier, leur esprit et leur sensibilité se sont aiguisés. Leur conversation
a gagné en qualité, leur personnalité en charme, leurs traits, même, en
beauté. Pareil perfectionnement de leur être a commencé, ai-je dit à Pajak, par
une révolution esthétique domestique. Tous mes amis, chez eux, dans leur entrée, leur salon,
leur chambre à coucher, ont accroché un portrait d’Emmanuel Macron qu’ils ont
découpé dans Paris Match, dans L’Obs ou dans Challenges. Parfois, il s’agit de photographies agrandies où il
pose en compagnie de son épouse Brigitte, souriante et bien habillée. Une amie, très
proche, très chère, conserve une image du couple présidentiel dans son
portefeuille. Or, ai-je dit à Pajak, c’est parce qu'ils vivent sous le regard à la fois
bienveillant et décidé de l’homme qui a fait barrage
au fascisme et au chavisme, que mes amis s’épanouissent. Et
c’est aussi pourquoi, confessai-je à Pajak, je me suis confectionné moi-même
des encadrements de portraits d’Emmanuel Macron que j’ai posés partout chez moi, y compris sur ma terrasse vue mer — afin de m’encourager à opérer en moi-même des réformes intellectuelles et
morales grâce auxquelles je ferai face aux défis de l’avenir. Pajak a écouté
mes paroles. Contre toute attente, il les a entendues. Il m’a promis une allégorie
à l’encre de chine représentant le président et son chien qu’il tient en laisse
guidant la France.
mardi 16 février 2016
Semainier d'un Hors-Service — XXV (extraits)
Dimanche dernier, les critiques de l’émission Le Masque et la Plume ont défendu mon
livre à l’exception de l’un d’entre eux qui a cherché à dire combien il ne
fallait pas l’aimer parce que, selon lui, j’étais de droite et nietzschéen.
L’amusant, est qu’il n’est pas le premier à considérer que je suis de droite, moi
qui conserve pour Marx, le philosophe et le pamphlétaire, une admiration
intacte. La guerre des classes continue plus que jamais et je reste nostalgique de la
violence poétique de Ravachol et de Bonnot. Quant à mon nietzschéisme, ceux qui
me lisent savent en quelle estime je tiens le maboul de Sils-Maria. En réalité, comme souvent avec les types qui
m’attaquent, le critique a montré que c’était moins mon bouquin que ma personne
même qui lui flanquait de l’urticaire, notamment qu’il n’a pas dû supporter le
fait qu’on me trouvait un physique d’acteur de la Nouvelle Vague — compliment
qu’avec la meilleure volonté ou la plus mauvaise vue du monde on ne peut lui
adresser.
Dans la même émission, j’ai entendu aussi Michel
Crépu qui ne comprenait pas pourquoi je me coiffais du qualificatif de
«nihiliste» alors que tout semblait démontrer le contraire dans mon
livre. Pourtant ce récit exprime mon nihilisme mieux que mes essais. Par ce
terme je n’entends pas une mystique de la mort et de la destruction,
ni ce que Nietzsche définissait comme une fatigue de la vie, ni ce que
Heidegger assimilait au triomphe de l’arraisonnement technique et marchand du
monde, mais, très simplement, comme la
vive sensation que tout ce qui existe n’a pas d’être. Je ne dis pas que
rien n’existe mais que rien (nihil) n’a d’être, c’est-à-dire de permanence ou
de solidité ontologique parce que tout ce qui existe est voué au hasard, au
temps et à la mort. Naturellement, de pareille vérité tout le monde
est convaincu mais personne n’en veut rien savoir, passant ainsi à côté de ce
qui est beau, précieux, rare et prompt à disparaître sans ordre de passage. Compris en cette acception, le nihilisme est une philosophie sentimentale sans illusion et
sans espoir, oscillant entre le rire de Démocrite et les larmes d’Héraclite.
Un soleil froid et sec est revenu. Enfin. Les
tempêtes ont beau être balnéaires, comme mon nihilisme, je trouve que, quand
même, l’hiver, elles manquent de discrétion.
lundi 27 juillet 2015
Diarista vasco
Iñaki Uriarte
«J’ai connu la prison. J’ai
fait une grève de la faim. J’ai enduré un divorce. J’ai assisté un mourant. Une
fois, j’ai fabriqué une bombe. J’ai fait du trafic de drogues. Une maîtresse m’a
plaqué, j’en ai plaqué une autre. Un jour ma maison a brûlé. J'ai été cambriolé.
J’ai subi une inondation et une sécheresse. J’ai été percuté par une voiture. J’ai
eu un ami mort assassiné et enterré dans son propre jardin par
ses tueurs. J’ai aussi connu un type qui en a abattu un autre — un autre encore qui s'est pendu. C’est seulement une question d’âge. Tout
cela m’est arrivé tout au long d'une vie en général tranquille, pacifique, sans grandes
secousses.»
Iñaki Uriarte — Diarios (1999-2003)
(Merci à Etienne Milena —clic — de m'avoir fait découvrir cet écrivain)dimanche 11 mars 2012
Nettoyage sémantique (suite)
Même si le négationnisme philosophique qui assiège mon blogue résiste à toute épreuve de lecture de Nietzsche en raison de je ne sais quelle forme de berlue appelée nietzschéisme de gauche, je produis néanmoins ci-dessous le cruel § 34 du Crépuscule des idoles.
« Chrétien et anarchiste. Lorsque l’anarchiste, comme porte-parole des couches sociales dégénérées, réclame dans une belle indignation, le ”droit”, la ”justice”, les ”droits égaux”, il se trouve sous la pression de sa propre inculture qui l’empêche de comprendre pourquoi au fond il souffre — en quoi il est pauvre en vie… Il y a en lui un instinct de causalité qui le pousse à raisonner: il faut que ce soit la faute à quelqu’un s’il vit mal à l’aise… Cette ”belle indignation” lui fait déjà du bien par elle-même, c’est un vrai plaisir pour un pauvre type de pouvoir injurier : il y trouve une petite ivresse de puissance. Déjà la plainte, rien que le fait de se plaindre peut donner à la vie un attrait qui la rend supportable: dans toute plainte il y a une dose raffinée de vengeance, on reproche son malaise, dans certains cas même sa bassesse, comme une injustice, comme un privilège inique, à ceux qui se trouvent dans d’autres conditions. ”Puisque je suis une canaille tu dois en être une aussi”: c’est avec cette logique qu’on fait les révolutions. Les doléances ne valent jamais rien : elles proviennent toujours de la faiblesse. Que l’on attribue son malaise aux autres ou à soi-même — aux autres, le socialiste, à soi-même le chrétien — il n’y a là proprement aucune différence. Dans les deux cas quelqu’un doit être coupable et c’est là ce qu’il y a d’indigne, celui qui souffre prescrit contre sa souffrance le miel de la vengeance. Les objets de ce besoin de vengeance naissent, comme des besoins de plaisir, par des causes occasionnelles: celui qui souffre trouve partout des raisons pour rafraîchir sa haine mesquine […] Le chrétien et l’anarchiste — tous deux sont des dégénérés. — Quand le chrétien condamne, diffame et noircit le monde, il le fait par le même instinct qui pousse l’ouvrier socialiste à condamner à diffamer et à noircir la Société : Le ”Jugement dernier” reste la plus douce consolation de la vengeance, — c’est la révolution telle que l’attend le travailleur socialiste, mais conçue dans des temps quelque peu plus éloignés... L’ ”au-delà” lui-même — à quoi servirait cet au-delà, si ce n’est à salir l’ ”en-deçà” de cette terre ?»
jeudi 6 octobre 2011
Hommage
J’ignore tout de Steve Jobs — et n'ai aucune curiosité à son sujet —, mais je lui suis reconnaissant d'avoir inventé l’ordinateur portable. Grâce à mon Macbouquaire, ultrafin et léger, je puis réunir mes deux plus grands plaisirs : l’écriture et le lit.
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jeudi 5 mai 2011
Frime et vacuité
Une dépêche vient de tomber. Huit grands hôtels de luxe français ont reçu la distinction de palaces. Parmi eux, le Palais de Biarritz. Comment le jury a-t-il pu autant retarder dans ce choix ? Pourquoi ne m’a-t-on pas consulté ?
Dominique Fernandez, le président du jury, prétend qu’un palace doit amener les clients « dans un autre domaine que celui de la vie courante », qu’il doit avoir une histoire qui « contient déjà une part de rêve, une sorte d'enchantement par les fantasmes qu'il suscite » et être « une sorte de roman », un lieu où on pénètre « comme on s'avance dans le royaume des mille et une nuits ». Certes, certes. Mais c’est un peu du baratin, tout cela. Le Palais est à un quart d’heure à pied de chez moi, mais il arrive que, de temps à autre, j’y passe une nuit. Pas toujours tendre la nuit, au Palais. On dit que Hemingway et Fitzgerald, après avoir trinqué jusqu'à plus soif, s’y sont battus. Au bar ou aux pissotières. Scotty a bien cogné, mais il n’a pas fait le poids. Ernest l’a remonté dans sa chambre. Bref. Un palace c’est avant tout un endroit tout à fait indiqué pour un type comme moi, qui ne s’en remet pas de la fatigue d’être né. Rien de mieux qu’une suite pour jouir de moments douillettement coincés entre le temps et l'éternité. J'y soigne les morsures que m'infligent les chronophages. Bien sûr, séjourner dans la soie me met sur la paille et les railleurs disent que je suis snob à me mêler ainsi à une faune de parvenus. Ils n’ont pas tort. Mon snobisme est de me dire que de tous les parvenus je suis le seul parvenu à rien.
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dimanche 1 mai 2011
Lettre à Lucille
Pouvez-vous me parler d’un mortel, très chère Lucille, qui accorde du prix au temps, qui reconnaisse la valeur d’une journée, qui comprenne qu’il meurt chaque jour ? Notre erreur est de voir la mort devant nous. La partie de la vie qui est derrière nous appartient à la mort. Faites donc, ma jeune amie, ce que vous me dites dans votre billet : saisissez-vous de chaque heure. Ainsi vous vous serez emparé du jour présent. On remet la vie à plus tard, pendant ce temps elle s’enfuit.
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samedi 5 février 2011
Communiqué sur la révolution égyptienne
Mes nombreuses admiratrices, et mes détracteurs debordistes plus nombreux encore, me pressent par courrier d'exprimer ma position sur ce qu'on appelle avec grandiloquence la révolution égyptienne.
La voici :
Ou le peuple d'Alexandrie et du Caire organisé en conseils de prolétaires réservés aux hommes — dont on peut voir sur la photographie ci-contre tout le raffinement vestimentaire et la gracieuse gestuelle — restaure le pouvoir des belles pharaonnes, ou bien il peut continuer à se faire tyranniser par un gros lard d'autocrate, ou, plus démocratiquement, se soumettre à une junte militaire, ou encore, car l'éventail de la liberté est large, se prosterner devant une bande de barbus fanatiques.
jeudi 13 janvier 2011
Le va-et-vient de l'insurrection
"Qu'est-ce qu'une révolution ? Des gens qui se tirent des coups de fusil dans une rue : cela casse beaucoup de carreaux; il n'y a guère que les vitriers qui y trouvent du profit. Le vent emporte la fumée : ceux qui restent dessus mettent les autres dessous ; l'herbe vient là plus belle le printemps qui suit ; un héros fait pousser d'excellents petits pois."
Théophile Gautier
jeudi 21 octobre 2010
Rappel des titres
Extrait :
“« Tous les auteurs qui se sont occupés de politique […] s’accordent à dire que quiconque veut fonder un État […] doit supposer les hommes violents et toujours prompts à manifester cette violence toutes les fois qu’ils en auront l’occasion. Si cette tendance vicieuse n’apparaît pas immédiatement, il faut l’attribuer à quelque raison mystérieuse et penser qu’elle n’a pas eu l’aubaine de se montrer ; mais le temps qui, comme le dit l’adage, est l’accoucheur de la vérité, la mettra sans tarder au plus grand jour ». En relisant Machiavel, je me rends compte que je suis resté anarchiste. À ceci près, l’auront compris mes amis ou mes ennemis de gauche, que l’anarchie n'est pas pour moi une option idéologique, ni un idéal à atteindre, une utopie alternative à la forme de désordre social qu’ils combattent. Elle m’apparaît comme la réalité même du politique. La mère et la reine des sociétés, des nations, des empires, dirait le sage d’Ephèse. De quoi me pousser au fanatisme de l'inaction.“
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