lundi 29 avril 2024

En traînant


En traînant non loin des plages d'Anglet, je me disais que la vue de cette pelouse bien entretenue, parsemée de vieux tamaris ayant encore de l'allure, ornée de quelques haies de pittosporums, pouvait donner l'image d'un aspect de l'Éden avant la Chute. Puis je vis arriver une famille se propulsant à bicyclette, parents et enfants coiffés de casques en forme de suppositoires. L'enchantement disparut. Dieu n'a toujours pas pardonné le péché originel qui, sans doute possible, devait être une faute de goût. 


 

vendredi 26 avril 2024

En traînant


En traînant à la Chambre d'amour, dimanche dernier, je me suis souvenu de l'inquisition sanitaire instaurée par les petits messieurs d'en haut et justifiée par les morticoles des chaînes de propagande en continu ainsi que par la totalité des partis politiques. Je me suis rappelé les garde-côtes faisant la chasse aux surfeurs au large de la Grande plage de Biarritz, les couvre-feu, les permissions de sortie d'une heure dans un rayon d'un kilomètre autour de chez soi, le passeport-code qu'il fallait exhiber aux limonadiers pour boire un café à une terrasse, l'obligation de porter un masque déclaré d'abord inutile et ensuite nécessaire, la contrainte de se faire injecter un produit expérimental bricolé à la va-vite, etc. Me sont revenues en mémoire les imprécations que m'adressaient mes concitoyens, parfois mes proches, parce que je contournais toutes ces mesures coercitives — la plupart copiées sur celles qu'avait prises le Parti communiste chinois. J'ai vu alors qu'en agitant la peur de la mort, un pouvoir parvenait à dresser une population en lui faisant croire que la soumission est la vertu citoyenne cardinale. En arrivant au spot du Surf-club, je me suis mis à rire in petto en pensant à la honte que les Français éprouvent aujourd'hui à s'être fait manipuler aussi longtemps — ayant enfin compris que le virus, qui court toujours avec autant de vitalité, avait affaibli davantage leur sens de la dignité que leur santé.


 

mardi 23 avril 2024

Vient de paraître


Si Roland feignait d'être indifférent aux témoignages d'admiration — il ne trompait personne —, il se montrait en revanche sensible aux manifestations d'amitié. Cette revue réunit les unes et les autres. Le texte d'André Comte-Sponville est le plus juste, le plus complet, le plus touchant. 

On se procurera l'ouvrage à la librairie L'Écume des pages, Bd Saint-Germain Paris 06


 

vendredi 19 avril 2024

Distinction


Dommage qu'il n'y ait pas eu un premier ministre comme M. Attal l'année où j'ai passé le baccalauréat. L’élève que j’étais aurait mérité cette distinction de «fauteur de troubles» ­— sans qu’il y eût besoin d'ajouter: «Peut mieux faire».


 

mardi 9 avril 2024

L'art de lire


Nous ne sommes pas bien, là? Sur la terrasse? Face au parc? Nous lirons quand nous aurons envie de lire!

 

vendredi 5 avril 2024

En traînant



En traînant à Biarritz, je me suis assis sur un banc, face à l’Océan, et j’ai ouvert Dégénérescence, de Max Nordau, l’un des fondateurs du sionisme, avec Théodore Herzl. L’ouvrage, oublié aujourd’hui, avait remporté l’adhésion des nazis qui reprirent à Nordau la notion d’«art dégénéré» et la rendirent célèbre. Quelle ne fut pas ma surprise, en arrivant à la page 83, d’y trouver mon portrait: 

«[…] Les dégénérés[…]sont le public prédestiné de Schopenhauer. À l’incapacité d’agir se rattache l’amour de la rêverie creuse. Le dégénéré n’est pas capable de diriger longuement ou même un instant son attention sur un point, pas plus que de saisir nettement, d’ordonner, d’élaborer en aperceptions et jugements les impressions du monde extérieur que ses sens fonctionnant défectueusement portent à sa conscience distraite. Il lui est facile et plus commode de laisser produire à ses centres cérébraux des images demi claires, nébuleusement fluides, des embryons de pensées à peine formés, de se plonger dans la perpétuelle ébriété de phantasmes à perte de vue, sans but ni rive, et il n’a presque jamais la force d’inhiber les associations d’idées et les successions d’images capricieuses, en règle générale purement automatiques, ni d’introduire de la discipline dans le tumulte confus de ses aperceptions fuyantes. Au contraire. Il se réjouit de son imagination, qu’il oppose au prosaïsme du philistin, et se voue avec prédilection à toutes sortes d’occupations libres qui permettent à son esprit le vagabondage illimité, tandis qu’il ne peut pas se tenir dans des fonctions bourgeoises réglées qui exigent de l’attention et un égard constant pour la réalité. Il nomme cela ”une disposition à l’idéal”, s’attribue des penchants esthétiques irrésistibles, et se qualifie fièrement d’artiste.» Si je remplace «artiste» par «philosophe sans qualités», il s’agit de moi.