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jeudi 13 juillet 2017

Marie Fontaine et le Dr Stein


© Jean-Charles Fitoussi
Avril 2015
Après ces 24 heures à Paris, La Schiffterina et moi avons passé les derniers dix jours d’avril à Grignan pour les besoins du film de Jean-Charles Fitoussi Cavatine — Vitalium, Valentine ! titre du format 60mn (clic). Nous étions logés dans un gîte campagnard constitué de petits mas séparés les uns des autres de quelques dizaines de mètres et sans vis-à-vis. Ainsi le matin et le soir, après le tournage qui s’effectuait au château, nous pouvions jouir d’une intimité bien méritée. Malgré l’amabilité des personnes de l’équipe, les techniciens et les acteurs, le travail, avec ces longs moments d’attente, les recommencements de prises, les problèmes de lumière et de son, finissait par épuiser mes nerfs et mon seuil de tolérance à la vie sociale. Le personnage que j’incarne est présent dans chaque séquence ou presque. Je ne savais jamais un jour à l’avance les textes que j’avais à dire. Jean-Charles les écrivait le matin même et ne me les confiait que quelques minutes avant de tourner. Il m’est impossible de passer du fil ordinaire de la vie à la vie jouée sur un claquement de clap avec l’aisance de l’acteur professionnel. Je cafouille pas mal. Durant des heures, on m’observe à travers un objectif et on me regarde interpréter un rôle. Je ne suis pas assez narcissique, ou peut-être le suis-je trop, pour aimer être au centre d’une attention technique et esthétique. Bizarrement, tous ceux qui supportent mes bafouillis, mes maladresses, mes trous de mémoire, trouvent que je m’en tire bien. La Schiffterina, qui joue aussi dans le film Marie Fontaine, la restauratrice du château, mais avec moins de texte, me dit que ce n’est même pas une composition pour moi tant les propos cyniques que mon personnage, le Dr William Stein, arrière petit-fils du Dr Victor Frankenstein, tient sur le monde et les hommes pourraient être les miens.
© Journées Perdues
à paraître aux éditions SÉGUIER, octobre 2017

dimanche 25 mai 2014

La Belle et la Sublime (Réflexion sur Kant)

Dans ses Observations sur les sentiments du beau et du sublime, Kant ne livre aucune analyse des deux catégories esthétiques mais déroule une foultitude d’exemples concrets censés leur correspondre et les illustrer respectivement. Ainsi dit-il à propos des femmes que la blondeur et les yeux bleus nous donnent le sentiment de la beauté, mais qu'une chevelure brune et des yeux noirs nous font éprouver celui du sublime. C’est dans sa Critique du Jugement qu’il précisera que le beau appartient aux productions de l’art tandis que les spectacles de la nature nous offrent le sublime. Le beau est fini et ordonné, le sublime infini et sauvage. Jugeons sur pièces.  

jeudi 22 mai 2014

Claudia per sempre ancora


La Fille à la valise - Bande annonce Vost FR par _Caprice_


Claude Nori et votre serviteur vous invitent samedi prochain 24 mai à 19h50 au Cinéma Le Royal de Biarritz, à assister à la projection du très beau film de Valerio Zurlini La Fille à la valise (1961) avec la divine Cardinale à l’occasion de la publication de Dolce Claudia — aux éditions Contrejour.

samedi 17 mai 2014

Claudia per sempre

Vient de paraître
"[…] La folie des starlettes était de s’imaginer qu’elles méritaient une existence plus belle que celle que le hasard leur avait assignée — comme s’il y avait eu erreur de distribution. Il y a des bovarysmes moins touchants. Alors que nombre de filles de leur génération aspiraient à épouser un médecin ou un ingénieur et à devenir des femmes rangées, elles, naïves et provocantes, désiraient mettre de la poésie dans leur vie en la confiant à des magiciens de l’image fussent-ils les plus fantasques, les plus maniaques, les plus tyranniques. François Truffaut estimait qu’on ne pouvait pas donner de rôle, même secondaire, à l’un de ces petits modèles pour magazines de charme ou de mode enfermé dans un unique registre. Si on proposait à une starlette d’interpréter une secrétaire ou une jeune mère de famille, elle resterait figée sur l’écran avec ses tics et réflexes  de poseuse. On n’engage pas comme actrice une simili actrice. «Le travail d’un metteur en scène consiste à faire faire des jolies choses à de jolies filles », disait pourtant Truffaut. Sans doute les starlettes ignoraient-elles cette formule du cinéaste, mais elle exprimait leur espoir […].  

Éloge de la starlette

lundi 6 mai 2013

Ad usum mei — 11




Aujourd’hui, je n’ai pas surfé une vague ni écrit une ligne. Dans l’un et l’autre cas, je ne me suis pas jeté à l’eau. J’ai opté pour un farniente ombre et soleil. Ombre  chez moi. Soleil à la piscine de l’HP.
En réalité, le grand moment de la journée s’est passé à 19H30, heure à laquelle on a remis le prestigieux prix Jean Vigo à Jean-Charles Fitoussi pour son long métrage L’enclos du temps. Les jurés ont récompensé un «film poétique et lumineux». Bien vu bien dit. Il faut accepter les prix que l’on nous décerne, même s’ils sont mérités. En attendant, je suis heureux de jouer dans les films de Fitoussi le personnage de William Stein, arrière petit-fils du baron Victor Frankenstein — sculpteur de féeries anatomiques. Le cinéma c’est le temps vécu avec d’autres moyens.     

 

mardi 20 novembre 2012

Un nihiliste balnéaire à Paris







"Pour suggérer combien les destinées humaines sont fragiles et aléatoires, Héraclite écrivait: «Le temps est un enfant qui joue au tric-trac. Royauté d’un enfant.» Or, comme s’il eût la réminiscence de cet aphorisme, Peckinpah nous en proposait une version sauvage. La première séquence [de The Wild bunch] montrait un petit groupe d’enfants accroupis devant une ornière se réjouissant de l’agonie d’un scorpion qu’ils avaient capturé et jeté au milieu d’un grouillement de fourmis rouges. Puis, comme si la cruauté de ce spectacle ne leur suffisait pas, les gamins mettaient le feu aux bestioles, redoublant ainsi de joie et d’hilarité. Là, en quelques secondes, Peckinpah nous délivrait sa vision de l’humanité. Le monde est une horreur parce qu’il est infesté d’humains, espèce dont la férocité surclasse celle de toutes les espèces animales les plus venimeuses et qui se manifeste déjà pleinement chez les petits — comme on peut l’observer dans cette première scène filmée à la manière d’une leçon de choses."


In  La Beauté, une éducation esthétique
(Éditions Autrement)


dimanche 16 septembre 2012

À la recherche du cinéma d'avant


Arnaud Le Guern  
Lutétia, avril 2011

Arnaud Le Guern est né en 1976, année caniculaire qui annonçait la fin des Seventies. C’était aussi l’année de mes vingt automnes (je suis né en octobre). «Quand on aime la vie, on va au cinéma», disait un slogan publicitaire de l’époque. Me concernant, ce fut le cinéma qui me fit aimer la vie. Le cinéma et, soyons juste, les filles. Je les emmenais voir des films américains, italiens, français. Quand un film était moyen je trouvais commode d’avoir une poitrine à caresser sous un chemisier ou un shetland. Cela n’arrivait pas devant un film de Claude Chabrol ou de René Clément. Et pour cause: j’étais amoureux de Stéphane Audran, de Marie Laforêt, de Romy Schneider. C’est devenu le cas d’Arnaud Le Guern. La cinéphilie est une forme raffinée de nostalgie. Il n’y a qu’à lire Une âme damnée. Bien sûr, voilà un livre comme je les goûte: écrit à la hussarde — au sens de Bernard Frank. Bien sûr, il s’agit d’une biographie de Paul Gégauff, dandy, play-boy, flambeur, scénariste et dialoguiste efficace et cynique des cinéastes de la nouvelle vague. Bien sûr ces chapitres courts, denses, enlevés, se lisent comme les pages d’un scénario qui ne demande qu’à être mis en images. Bien sûr, on se laisse embarquer par le récit de la vie de ce voyou magnifique assassiné à coups coups de couteau par sa jeune et belle épouse — « Tue-moi si tu veux, mais arrête de m’emmerder !», lui dit-il imprudemment lors de leur ultime et fatale dispute. Mais, on comprend bien que pour Arnaud Le Guern, le personnage de Gégauff n’est qu’un prétexte pour déclarer son amour aux actrices du monde d’avant, quand le cinéma savait photographier leur regard mélancolique, leur silhouette élégante, leur visage émouvant de garce ou d’âme perdue. Aujourd’hui, quelle actrice le bouleverserait ? Audrey Toutou ? Valérie Lemercier ? Marion Cotillard ? Le Gégauff d’Arnaud Le Guern m’a conforté dans cette certitude : quand on aime les femmes, il ne faut plus aller au cinéma.          

mercredi 1 août 2012

Fuori concorso


Nous serons le 6 août à Locarno où se déroule actuellement son 65e festival international du cinéma. Ce sera pour nous un plaisir non négligeable de nous voir interpréter sur grand écran, dans le film de Jean-Charles Fitoussi, L’enclos du temps, le rôle du docteur altruiste William Stein porteur du projet d'éradication définitive du sentiment amoureux chez les humains. Si, par hasard, à cette date, des abonnés de notre blogue flânent sur les rivages du Lac Majeur, qu’ils détournent leurs pas vers la Piazza Grande afin qu’ils aient eux aussi la joie peu commune de nous admirer.    


dimanche 17 juin 2012

Artiste du chaos


"Quand j’étais enfant, mon héros cinématographique, comme pour beaucoup de gamins, était Charlot — je ne parle pas des personnages que Chaplin jouera dans ses longs métrages et que je découvrirai plus tard au ciné-club de mon lycée et tels que: Les lumières de la ville, Les Temps Modernes, Le Dictateur, et le plus sombre d’entre eux, Monsieur Verdoux. Si je ne mesurais pas tout le fond subversif de cette forme de burlesque, j’en subissais avec jubilation les séductions. J’en percevais vaguement aussi la tonalité tragique, le fond pessimiste. Car le génie de Chaplin n’était pas seulement de susciter par le rire une vive sympathie pour le personnage d’un vagabond rebelle, espiègle, allergique aux policiers, rétif au travail, amateur de jolies filles, etc., mais de rappeler que la vie pouvait à tout moment devenir une suite de mésaventures sur fond de désolation et qu’aucune structure ne soutenait durablement le monde. «Le grand thème de la vie, c'est la lutte et la souffrance», écrivait-il dans Ma vie ; ou encore : «La beauté est une omniprésence de la mort et du charme, une tristesse souriante qu'on discerne dans la nature et en toute chose». Qu’il fût patineur, usurier, employé dans un cirque, chercheur d’or, etc., Charlot incarnait l’Irrégulier qui, par ses gaffes, ses maladresses, ses irrévérences, et sans déranger l’impeccable mise de ses frusques, replongeait le monde dans son état initial de chaos chargé de tous les périls. Ce clochard sentimental toujours fauché et, quoi qu’il arrive, tiré à quatre épingles, fut mon premier maître en dandysme et en anarchisme."


In La Beauté
Une éducation esthétique
Éditions Autrement
En librairie le 12 septembre 2012