vendredi 21 septembre 2012

Foutredieu !


Jan Saudek

«Un de mes grands plaisirs est de jurer Dieu quand je bande. Il me semble que mon esprit, alors mille fois plus exalté, abhorre et méprise bien mieux cette dégoûtante 
chimère…»

Donatien Aldonze François de Sade

dimanche 16 septembre 2012

À la recherche du cinéma d'avant


Arnaud Le Guern  
Lutétia, avril 2011

Arnaud Le Guern est né en 1976, année caniculaire qui annonçait la fin des Seventies. C’était aussi l’année de mes vingt automnes (je suis né en octobre). «Quand on aime la vie, on va au cinéma», disait un slogan publicitaire de l’époque. Me concernant, ce fut le cinéma qui me fit aimer la vie. Le cinéma et, soyons juste, les filles. Je les emmenais voir des films américains, italiens, français. Quand un film était moyen je trouvais commode d’avoir une poitrine à caresser sous un chemisier ou un shetland. Cela n’arrivait pas devant un film de Claude Chabrol ou de René Clément. Et pour cause: j’étais amoureux de Stéphane Audran, de Marie Laforêt, de Romy Schneider. C’est devenu le cas d’Arnaud Le Guern. La cinéphilie est une forme raffinée de nostalgie. Il n’y a qu’à lire Une âme damnée. Bien sûr, voilà un livre comme je les goûte: écrit à la hussarde — au sens de Bernard Frank. Bien sûr, il s’agit d’une biographie de Paul Gégauff, dandy, play-boy, flambeur, scénariste et dialoguiste efficace et cynique des cinéastes de la nouvelle vague. Bien sûr ces chapitres courts, denses, enlevés, se lisent comme les pages d’un scénario qui ne demande qu’à être mis en images. Bien sûr, on se laisse embarquer par le récit de la vie de ce voyou magnifique assassiné à coups coups de couteau par sa jeune et belle épouse — « Tue-moi si tu veux, mais arrête de m’emmerder !», lui dit-il imprudemment lors de leur ultime et fatale dispute. Mais, on comprend bien que pour Arnaud Le Guern, le personnage de Gégauff n’est qu’un prétexte pour déclarer son amour aux actrices du monde d’avant, quand le cinéma savait photographier leur regard mélancolique, leur silhouette élégante, leur visage émouvant de garce ou d’âme perdue. Aujourd’hui, quelle actrice le bouleverserait ? Audrey Toutou ? Valérie Lemercier ? Marion Cotillard ? Le Gégauff d’Arnaud Le Guern m’a conforté dans cette certitude : quand on aime les femmes, il ne faut plus aller au cinéma.          

dimanche 9 septembre 2012

Philosophie sous parasol



Séance de lecture publique sur la plage de Guéthary
 samedi 8 septembre 2012
Photographie de Claude Nori

"La moindre obligation sociale me lasse avant même que j’y sacrifie et m’irrite si elle s’éternise. À peine suis-je en société que le vide me manque. Rien ne m’est plus insupportable que la présence de bonshommes et de bonnes femmes pétant d’optimisme et embesognés à 'avancer dans la vie' alors que, au bout de leur trajectoire, leur tombe, déjà ouverte, les attend. Tout devient prétexte à les fuir et, pour me soustraire à l’effervescence générale, à multiplier les pauses: pause amour, pause rêverie, pause sieste, pause soleil, et, au cours de ses pauses, encore des pauses où je tente d’atteindre à la totale immobilité. Si bien que, mises bout à bout, toutes ces pauses finissent par conférer à ma vie un air de dolce vita qui n’a rien à envier à la vie bonne prônée par les philosophes et les poètes antiques." 


In Philosophie sentimentale
(Éditions J'ai lu)

lundi 3 septembre 2012

Claude Nori à la Maison Européenne de la Photographie


Claude Nori

"Le cinéma c'est l'art de faire faire de jolies choses à de jolies femmes", disait François Truffaut. Claude Nori dit quant à lui que les jolies filles ont l’art de lui faire faire de belles photos. Surtout l’été. Car l’été c’est leur saison, aux jolies filles. Elles en profitent. Elles posent sur la plage afin que les hommes les photographient du regard. Claude Nori, lui, les photographie tout court. Il les veut jolies à jamais. Il ne leur demande pas la permission. Elles le laissent faire. Elles voient que ce n’est pas un dragueur, qu’il est juste amoureux d’elles et qu’elles le rendent heureux. C’est ce qui lui fait dire toujours quand nous nous baladons sur le sable : « Tu t’imagines, Federico ? Une plage sans jolies filles ? Ce serait un orrore assoluto !»