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dimanche 16 novembre 2014

Misère du chiqué


Hier, comme prévu, j’ai dédicacé mon Dictionnaire chic. À cause d’une panne d’électricité, la séance n’a pas eu lieu au Bookstore, mais juste en face, de l’autre côté de l’avenue, au premier étage d’un petit restaurant: le Sésame. Il est venu du monde, comme on dit. J’ai improvisé une causerie qui tourna assez vite en une conversation aimable et détendue. L’ami Tristan, que je croyais à Paris, apparut par surprise. Ce fut un moment agréable. En rentrant chez moi, je songeai combien il est étrange que des gens se déplacent pour venir papoter avec un type comme moi qui se croit tellement seul quand il prend la déposition de ses humeurs. À ces occasions, je veux parler des séances de signature, j’apprends même que j’ai des lecteurs fidèles. En me lisant, des anonymes me connaissent davantage que je ne les connaîtrai jamais. La littérature impose un commerce des âmes inégalitaire. Ce samedi soir, cependant, j’ai reçu une belle leçon d’humilité. Je ne suis pas si incompris que je me plais à le croire. 


mardi 21 janvier 2014

Causerie


«[…]Je suis né en 1956 — l'année où Cioran publie La Tentation d’exister. Une croyance africaine prétend que naître c’est remplacer un mort. De qui, alors, sommes-nous le successeur ou le succédané? Impossible de le savoir. Tout au long de notre vie, les mânes d’un être inconnu collent à notre carcasse. Elles ne se détachent de nous que lorsque nous mourons et sans doute ne s’anéantissent-elles qu’à ce moment-là. Je ne saurais dire si je portais un fantôme en moi en venant au monde. En revanche, celui de mon père me hante depuis plus de quarante ans. Il a disparu de ma vie quand j’avais neuf ans — corps et âme. J’ai derrière moi un demi siècle de tristesse, ce qui représente une honnête carrière de philosophe sentimental […]».
In Le Charme des penseurs tristes