«L’intellectuel est un philosophe [ou un écrivain, ou un artiste] qui se mêle de ce qui ne le regarde pas», disait Sartre (cliquez sur le titre,s.v.p.). Je dirais quant à moi : un señorito qui proclame en toute occasion, juché sur un tonneau médiatique, tout le mal qu’il pense du Mal avec l’espoir que les bigots de l’indignation lui élèveront une statue.
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Or, comme le montre Flaubert avec Monsieur Homais — cf. notre rubrique Remarquable riquiqui — 4 —, un raisonneur qui se mêle de ce qui ne le regarde pas ou bien aggrave le mal qu’il dénonce ou bien nuit à sa propre personne — ou les deux.
C’est ainsi que, par exemple, l’influence de Bernard-Henri Lévy exercée sur le chef de l’Etat français pour aider la «révolution» libyenne se soldera sans doute par un… statu quo — puisque le Conseil National de Transition reconnu et soutenu par l’OTAN est constitué des membres les plus sanguinaires des anciens services secrets de Kadhafi.
C’est ainsi que, dans Le Point, à propos de l’affaire DSK, Michel Onfray, notre Juste camusien, penche pour la version policière de l’information (en prenant le parti de la femme de ménage — par souci de sauver inconsciemment l’image de sa propre mère associée à celle d’une « victime » ayant vécu au service de «bourgeois » ?) et, cela, sans que les faits soient clarifiés. On se rappelle qu’à l’époque des sabotages des lignes de TGV, le libertaire reprit à son compte, dans Siné Hebdo, les accusations sans preuves de la justice contre Julien Coupat et ses amis joignant ainsi sa voix à toutes celles de leurs lyncheurs.
C’est ainsi que, ces jours-ci, Luc Ferry, en sa qualité de néo-kantien au breuchingue indestructible, n’écoutant que l’impératif catégorique qui s’impose à sa conscience, s’est tiré publiquement une balle dans le pied en voulant jouer les vertueux délateurs d’on ne sait quels méchants pédophiles.
On voit par ces exemples ce qu’est un intellectuel: une grande gueule assurée d’être du côté du Vrai, du Bien, du Juste et qui ne rate jamais une occasion de s’auto-entarter (Gloup ! Gloup !) en ramenant sa science — à rebours du penseur ou de l’écrivain qui se range à l’avis de Ludwig Wittgenstein selon quoi « ce dont on ne peut parler, il faut le taire ».