En traînant dans mon lit, je repense à mon dernier billet sur Annie Ernaux. Elle a voulu «venger sa race» et se voit comme un «transfuge de classe». Sartre nous avait servi ce discours de la trahison de classe, mais dans un autre sens que celui d'Annie Ernaux. Elle, elle aurait trahi le prolétariat d'où elle venait pour devenir une bourgeoise, lui, il aurait trahi la bourgeoisie dont il était issu en écrivant des romans engagés à gauche et en servant le peuple avec les maoïstes. Elle, elle aurait honte de sa trahison, lui, il y voyait un devoir. Elle, toute honte bue, est allée chercher son prix Nobel. Lui, le sentiment du devoir qui restait à accomplir, l'a refusé. Et dire que des jobards gobent pareilles tartuferies! Un écrivain ne trahit aucune classe. Il se trahit quand il égare son œuvre dans ce qu'il croit être le sens de l'histoire ou quand il la justifie par des considérations politiques. Il s'abaisse alors au rang d'éditorialiste de la littérature. Maintenant, même s'il n'est pas très beau, j'aime assez le mot de transfuge. Je le revendique pour moi-même. Depuis que je vis sur la côte basque, je n'ai jamais hésité à nager ou à surfer à Biarritz, à Anglet, à Guéthary, à Bidart. Je ne suis ni fier ni honteux d'être un transfuge de plage.
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