Baruch Spinoza doit l’essentiel de sa philosophie politique, comme d’ailleurs l’essentiel de sa philosophie, à Thomas Hobbes. Qu’importe si peu de lecteurs reconnaissent la dette de l’auteur du Traité théologico-politique à l’égard de l’auteur du Léviathan. Admettons que Spinoza ait été le premier à théoriser la laïcité, c’est-à-dire la nécessité de dissocier les pouvoirs respectifs du religieux et du civil afin que les individus, à savoir les citoyens, ne suivent que les lois juridiques censées procéder de la raison indiquant l’intérêt général, et non des préceptes relevant des fables bibliques qu’exploitent les autorités cléricales. Accusé d’hérésie en 1656 par les rabbins d’Amsterdam — alors même qu’il n’avait rien publié —, Spinoza fut excommunié par un violent décret (clic)le condamnant à vivre à La Haye et interdisant à tout Juif, ami ou parent, de lui venir en aide. L’actuelle synagogue d’Amsterdam tient toujours Spinoza pour un hérétique. Personne n’a songé à demander à Delphine Horvilleur, si, en sa qualité de rabbin œuvrant pour un «judaïsme en mouvement» héritier de la Haskala — les Lumières juives — et avocate de la laïcité, elle comptait agir pour réhabiliter Spinoza. À ma connaissance, pareil projet ne fait pas partie de ses vues progressistes. Pour Delphine Horvilleur le philosophe dont elle devrait se réclamer n’est-il qu’un mauvais Juif? Parmi les malédictions divines auxquelles les gardiens de la foi d’Amsterdam vouèrent Spinoza, figure celle-ci: «Sachez que vous ne devez lire aucun de ses écrits.» Obéissant à ses lointains prédécesseurs, Delphine Horvilleur, n’a, à l’évidence, ni lu, ni médité, le penseur maudit.
jeudi 9 octobre 2025
Delphine Horvilleur ou la laïcité sans Spinoza
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