jeudi 30 janvier 2025

Conte d'hiver


En traînant à la Chambre d'amour, j'ai vu des écriteaux fixés sur des barrières mettant en garde les promeneurs contre les submersions que pourraient causer les puissantes vagues océanes. Décidément, me suis-je dit, le mot «submersion» revient souvent en ce moment. Peut-on avoir le sentiment d'être submergé par une forte marée, sentiment semblable à celui que, paraît-il, éprouveraient mes concitoyens relativement aux vagues migratoires? Le problème avec les métaphores, me suis-je dit, est qu'elles frappent les entendements limités, raison même de leur efficacité idéologique, psychologique, surtout. Ainsi, quand je vis un quidam désireux de passer outre aux interdictions de franchir les barrières de la promenade submersible, je lui demandai s'il ne craignait pas de se faire engloutir. Il me répondit que le danger réel venait des flux de migrants arrivés de la Méditerranée. «Ne soyez pas dans le déni!», ajouta-t-il avant de pousser le garde-fou. À peine avait-il fait quelques pas dans la zone prohibée, qu'une vague se jeta sur lui. Il disparut dans l'écume. Submergé par la tristesse, je retournai chez moi en méditant sur les effets pervers de la rhétorique.


 

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