mercredi 30 août 2023

La servitude désirée


Je conçois fort bien que des jeunes filles mahométanes revêtent au lycée ce seyant effet nommé «abaya». Si cela correspond chez elles à un besoin de provoquer l'autorité et de heurter la société, sans que pareille tenue ne représente pour elles une véritable marque de foi, elles réussissent leur coup. Les petites-bourgeoises des années 60 adoptaient le style hippie, celles des années 70 le style punk, celles des années 80 le style gothique, celle des années 90 le style grunge, etc. Hormis les hippies, les demoiselles de ces décennies-là se maquillaient, se tatouaient, se perçaient les parties du visage pour effrayer. Déranger et faire peur est le conformisme de l'adolescence, c'est bien connu, et le style abaya ne semble pas y échapper. Toutefois, si revêtir cet atour répond à un authentique acte de foi, alors il faut n'y voir que l'expression d'un désir de soumission — tout aussi répandu que la manie de choquer en se déguisant. Car la soumission, dans bien des cas, n'est pas tant volontaire, comme le prétendait La Boétie, que désirée. Qui dit désir d'être soumise dit jouissance à l'être et, surtout, à le paraître. Le narcissisme obéit aussi à la pulsion de l'enlaidissement et du rabaissement.


 

dimanche 27 août 2023

Philosopher à l'ombre?


En traînant à Biarritz, l'autre jour, la chaleur commençait à m'importuner. Impossible de philosopher. Je me suis alors demandé quelle était la température la plus favorable pour que mon esprit se lance dans l'élaboration de concepts. Je me suis souvenu que telle était pour Gilles Deleuze la vocation du philosophe. Avec ses "machines désirantes", ses "rhizomes", son "pli", que sais-je encore, Deleuze, en effet, sur ce point, ne nous a pas déçus. Mais philosophait-il par fortes températures? J'ai creusé ma mémoire pour me rappeler en quelle condition atmosphérique j'avais forgé jadis les concepts de "chichi", de "blabla", de "gnangnan". En vain. J'ai eu toutefois souvenir que si je n'avais pu peaufiner le concept de "concon" qui visait à définir des théories sur le bonheur, la joie, la vie réussie, ce n'était pas pour des raisons météorologiques, mais par flemme. Ma flemme connaît des variations, mais elle est mon unique climat intime.


 

dimanche 13 août 2023

Acide


Le prix de la Maison Rouge de Biarritz a été attribué hier soir à Victor Dumiot pour son roman Acide (éditions Bouquins).
Parution: jeudi 17 août.






 

mercredi 9 août 2023

En traînant dans le Gers


Une escapade dans le Gers évite d'aller en Italie. Je me satisfais d'une atmosphère - comme Des Esseintes qui renonce à aller à Londres après une promenade en calèche sur un boulevard parisien par une nuit brouillardeuse. Les voyages, je les laisse aux vacanciers.




 

vendredi 4 août 2023

En traînant dans mon salon


En traînant dans mon salon, l'autre soir, je me suis laissé tenter par la diffusion de Et pour quelques dollars de plus. J'ai vu ce film des dizaines de fois. Je ne m'en lasse pas. J'y trouve le même plaisir esthétique que j'avais éprouvé tout jeune adolescent. La violence, le cynisme, les plans si soignés... Certes, le jeu de Gian Maria Volonte - El Indio - n'est pas très sobre, mais il est compensé par le flegme de Clint Eastwood - Le Manchot - et l'élégance de Lee Van Cleef - Le Colonel-. Morricone joue aussi, bien sûr, sa partition. Sergio Leone aura été pour moi un éducateur esthétique. Un maître en pessimisme, aussi. Ses héros, pas très positifs, triomphent des salauds sans chercher à améliorer le monde.