lundi 24 juillet 2023

Aider à vivre


En traînant l'autre soir au-dessus de la plage de la Côte des Basques, je repensais à ce que disait, lors d'une réunion du jury du prix littéraire de La Maison Rouge de Biarritz, l'un des jurés. «Les écrivains nous aident à vivre.» Je n'avais pas relevé. En m'asseyant sur le parapet face à l'océan, j'ai songé à Lucrèce, Drieu, Pavese, Montherlant, Mishima, Caraco, Gary, Debord, mon ami Jaccard... Ces écrivains se sont suicidés — heureux d'avoir aidé leurs lecteurs à vivre...


 

3 commentaires:

  1. "Aider à vivre", "Apprendre à vivre", c'est le grand truc "bien être" "feel good" "philosophique" de nos années, ça.

    "Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard" soupirait Aragon.

    On n'apprend jamais rien mais on trouve parfois un écho de notre souffrance et de notre rire, si particulier, au loin dans un livre.
    Nous n'étions donc pas tout à fait seul au monde ?

    https://youtu.be/4yLB57Ih12E

    Max.

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  2. « A cette heure, il y avait aussi, partout, des hommes qui arrivaient en vue de la mort. Ceux qui s’étaient gouvernés par des principes, et ceux qui, mollement, s’étaient abandonnés aux hasards, ceux qui s’étaient torturés pour rien et ceux qui n’avaient eu d’autre souci que jouir, ceux qui avaient fait le mal et ceux qui ne l’avaient pas fait, tous, quand ils arrivaient en vue de la Grande Muraille, prenaient entre eux, une ressemblance qui était un aveu. On ne voyait plus bien en quoi ils différaient et avaient différé les uns des autres. On voyait moins encore à quoi il leur avait servi de chercher à différer, de chercher à dépasser, de vouloir ceci plutôt que cela ; tout cela, en fin de compte, était la même chose ; cela n’avait été, pour les uns comme pour les autres, qu’une façon de passer le temps, et maintenant ces hommes, qui avaient marché disséminés et hostiles, se rapprochaient et se groupaient, comme font des hommes qui sont obligés de passer par la même porte. »
    Henry de Montherlant - Les Célibataires

    Baci baci !
    V.

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  3. J'ajouterai que les livres sont souvent, pour moi, des portiers de nuit : quand le jour décline et les ombres s'avancent, d'une manière étrange et familière ils ouvrent des portes en moi.

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