jeudi 31 mai 2018

Otium cum litteris — XIII


O Livro do Desassossego de Fernando Pessoa paraît enfin en français sous le titre: Livres de l’inquiétude. Traduire le terme de desassossego par le néologisme d’«intranquillité» était une funeste coquetterie littéraire prisée des têtes plates ayant eu pour effet d’affadir l’ennui, les hantises, les dégoûts, les interrogations, les obsessions, les tourments, les tentations de la folie et du suicide éprouvés par le narrateur. Bernardo Soares ne souffre pas d’une légère incommodité de vivre, mais d’un malaise radical. Son inquiétude ne le pousse ni à s’en prendre à Dieu ni à gémir sur son sort. Il n’est pas un Job en col blanc qui prend à témoin les Lisboètes de l’infortune qui le frappe. Il ne veut susciter la pitié de personne. Pour tenir le coup, il rédige le journal de sa déréliction avec la légèreté de ton de ceux qui n'en mènent pas large dans l'existence.