Quand, lors de
la campagne de l’élection présidentielle, je voyais dans ses meetings Emmanuel Macron
déclarer aux gens son amour, les encourager à devenir milliardaires, leur faire
miroiter l’idéal d’une startupisation de la nation, quand je l’entendais tenir
tant d’autres propos vulgaires, je me disais qu’il était le candidat idéal des
bonnes femmes. Autour de moi, nombre de bonnes femmes, justement, le trouvaient
exquisément atypique. Les bonnes femmes adorent tout ce qu’elles croient
atypique. Ainsi s’imaginent-elles n’être pas des bonnes femmes. Et, bien sûr, leur
vote a profité à Emmanuel Macron. Avec lui, ont-elles pensé, la France même deviendrait
atypique. Ce que je n’anticipai pas c’était que les hommes allaient voter comme
les ou leurs bonnes femmes. Complètement bonnefemmisés,
ils ont eux aussi voté en masse pour le candidat atypique. Ce n’est pas une
orientation politique qui a déterminé leur choix, mais l’habitude, à laquelle
il trouvait un immense plaisir, de voir Emmanuel Macron tel que le montraient les
journaux et les télévisions, qui, pour la plupart, sont des journaux et des
télévisions pour bonnes femmes. Depuis l’intronisation d’Emmanuel Macron, la bonnefemmisation des esprits s’est bien
sûr amplifiée. Tout le personnel journalistique, médiatique, politique, la
quasi totalité des Français communient dans le culte du président atypique dont le programme sous couvert
d’effacer le clivage entre la droite et la gauche, consiste à creuser le fossé
entre les riches et les pauvres, à permettre aux premiers de faire une guerre
impitoyable aux seconds. Entouré moi-même de personnes — des voisins, des
proches, des intimes — qui, comme je l'ai dit, ont toutes
voté pour Emmanuel Macron, par là même observateur privilégié et attentif de
leur forme d’intellect, je puis affirmer que les adjectifs bonnefemmisé et macronisé peuvent
être utilisés de manière équivalente dans la mesure où tous deux décrivent l’état
d’un crâne fourré jusqu’aux orbites non pas d’une pensée unique mais homogène. Ayant connu les sept règnes
présidentiels qui précédèrent l’élection d’Emmanuel Macron, jamais je ne vis
pareille soumission femelle massive, presque totale, à une figure du pouvoir.
Voilà la connaissance d’un phénomène dont je me serais bien passé, mais la vie
ne laisse jamais de m’instruire contre mon gré.