«Un de mes grands plaisirs est de jurer Dieu quand je bande. Il me semble que mon esprit, alors mille fois plus exalté, abhorre et méprise bien mieux cette dégoûtante
Arnaud Le
Guern est né en 1976, année caniculaire qui annonçait la fin des Seventies.
C’était aussi l’année de mes vingt automnes (je suis né en octobre). «Quand
on aime la vie, on va au cinéma», disait un slogan publicitaire de
l’époque. Me concernant, ce fut le cinéma qui me fit aimer la vie. Le cinéma et,
soyons juste, les filles. Je les emmenais voir des films américains, italiens,
français. Quand un film était moyen je trouvais commode d’avoir une poitrine à
caresser sous un chemisier ou un shetland. Cela n’arrivait pas devant un film
de Claude Chabrol ou de René Clément. Et pour cause: j’étais amoureux de
Stéphane Audran, de Marie Laforêt, de Romy Schneider. C’est devenu le cas d’Arnaud
Le Guern. La cinéphilie est une forme raffinée de nostalgie. Il n’y a qu’à lire
Une âme damnée. Bien sûr, voilà un
livre comme je les goûte: écrit à la hussarde — au sens de Bernard Frank.
Bien sûr, il s’agit d’une biographie de Paul Gégauff, dandy, play-boy,
flambeur, scénariste et dialoguiste efficace et cynique des cinéastes de la nouvelle vague. Bien sûr ces chapitres courts, denses,
enlevés, se lisent comme les pages d’un scénario qui ne demande qu’à être mis en
images. Bien sûr, on se laisse embarquer par le récit de la vie de ce voyou
magnifique assassiné à coups coups de couteau par sa jeune et belle épouse — « Tue-moi si tu veux, mais arrête de m’emmerder !», lui dit-il
imprudemment lors de leur ultime et fatale dispute. Mais, on comprend bien que pour
Arnaud Le Guern, le personnage de Gégauff n’est qu’un prétexte pour déclarer
son amour aux actrices du monde d’avant, quand le cinéma savait photographier
leur regard mélancolique, leur silhouette élégante, leur visage émouvant de
garce ou d’âme perdue. Aujourd’hui, quelle actrice le bouleverserait ?
Audrey Toutou ? Valérie Lemercier ? Marion Cotillard ? Le Gégauff d’Arnaud Le Guern m’a conforté
dans cette certitude : quand on aime les femmes, il ne faut plus aller au
cinéma.
"La
moindre obligation sociale me lasse avant même que j’y sacrifie et m’irrite si
elle s’éternise. À peine suis-je en société que le vide me manque. Rien ne
m’est plus insupportable que la présence de bonshommes et de bonnes femmes
pétant d’optimisme et embesognés à 'avancer dans la vie' alors que,
au bout de leur trajectoire, leur tombe, déjà ouverte, les attend. Tout devient
prétexte à les fuir et, pour me soustraire à l’effervescence générale, à
multiplier les pauses: pause amour, pause rêverie, pause sieste, pause soleil,
et, au cours de ses pauses, encore des pauses où je tente d’atteindre à la
totale immobilité. Si bien que, mises bout à bout, toutes ces pauses finissent
par conférer à ma vie un air de dolce
vita qui n’a rien à envier à la vie bonne prônée par les philosophes et les
poètes antiques."
"Le cinéma c'est l'art de faire faire de jolies choses à de jolies femmes", disait François
Truffaut. Claude Nori dit quant à lui que les jolies filles ont l’art de lui faire faire de belles photos.Surtout l’été. Car l’été c’est leur saison, aux
jolies filles. Elles en profitent. Elles posent sur la plage
afin que les hommes les photographient du regard. Claude Nori, lui, les photographie
tout court. Il les veut jolies à jamais. Il ne leur demande pas la permission.
Elles le laissent faire. Elles voient que ce n’est pas un dragueur, qu’il est juste
amoureux d’elles et qu’elles le rendent heureux. C’est ce qui lui fait dire
toujours quand nous nous baladons sur le sable : « Tu t’imagines,
Federico ? Une plage sans jolies filles ? Ce serait un orrore assoluto !»
On a aimé picorer les définitions toxiques ici ou là
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Le dandy ou l'aplomb de la légèreté (Préface)
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Le reflux
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Exercices de lucidité
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Le drame des types dans mon genre qui ne veulent pour rien au monde être pris au sérieux est justement qu'on exauce leur vœu.
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EN LIBRAIRIE LE 28 AOÛT 2013 Livre apprécié d'une lady-dandy stylée.
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L'ennui est ma passion.
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Contre les marchands de sagesse
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Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ? Qu'est-ce que l'homme ? Telles sont, selon Kant, les quatre questions essentielles de la philosophie. Je me les suis posées. À chacune, j'ai répondu : rien. Mais sans doute ne suis-je pas ce qu'on appelle un "philosophe".
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J'aurai réussi une œuvre quand mon nom servira à désigner une pathologie mentale.