lundi 18 novembre 2024

Merci Benoît Lasserre

(clic sur l'article)

Sud-Ouest dimanche du 17 novembre

 

samedi 16 novembre 2024

Merci Frédéric Beigbeder


Figaro Magazine du 15 novembre
Clic sur l'article

 

lundi 11 novembre 2024

Merci, Judith Wiart !


Indispensable précis de détestation du travail: voilà un livre que l’on meurt d’envie d’acheter en X exemplaires pour le laisser traîner un peu partout: sur les sièges de bus, sur les banquettes en tissu bleu des salles des profs, sur les aires d’autoroutes, sur les bancs des parcs de la pause de midi, dans les couloirs qui mènent au bureau des DRH et au pied des usines et boîtes de la France entière. 

Cela ferait beaucoup d’exemplaires certes, et qui sait si les embesognés affairés prendraient même le temps de jeter un coup d’œil sur cet indispensable abécédaire redoutable et rieur. Ils ont mieux à faire: courir se tuer à la tâche. 

Je l’ai lu et relu. Et, si je ne crois plus depuis longtemps au Grand Soir, je crois de plus en plus en un art de la fugue, en une intelligence de la désertion. «Lâchez tout», suggérait notre amie Annie Le Brun à qui voulait bien l’entendre. Lâchez tout, mais gardez en main et en tête cet irrésistible, facétieux, subversif, très drôle et très malin, Indispensable précis de détestation du travail

Mon père, que j'aimais beaucoup, est mort d'avoir cru trop longtemps à la "valeur travail". Et, si Frédéric Schiffter ne l'a pas écrit pour cela, je dédie quand même cet ouvrage à celui qui aurait peut-être vécu un peu plus longtemps s'il avait eu entre les mains l'indispensable précis. 


 

samedi 9 novembre 2024

Merci, Michèle Furtuna !



Negotium versus otium ?

Frédéric Schiffter a choisi le lexique et la forme de l’abécédaire pour se livrer, dans un recueil bref mais dense, à une impitoyable critique du travail et par conséquent à une dénonciation de la société qui porte cette «valeur» au pinacle. La plume élégante, directe, saisit et emporte le lecteur dans un implacable inventaire.

L’approche linguistique choisie se révèle en effet magistrale ; au fil des mots, l’auteur décortique et met à nu, un à un, les ressorts de la société capitaliste. Nourrie de références culturelles majeures - la culture grecque et romaine, Montaigne, Schopenhauer, Nietzsche, Melville, Marx, et bien d’autres - la démonstration est précise et efficace. 

Ainsi, par le Verbe et sa définition, se dévoile progressivement un tableau lucide du capitalisme tel qu’il est : une effroyable machine à broyer l’homme, qui, devenu esclave de ses rouages, est envoyé sans état d’âme «au chagrin» — le puits de charbon, dans l’argot des mineurs de fond. 

Ce précis est, à mon sens, un ouvrage politique majeur, synthétique et direct, un outil de lecture du monde «indispensable» comme le précise son titre, et qui fera date.


 

vendredi 8 novembre 2024

Avis aux ergomanes et aux ergophobes !



Demain, samedi 9 novembre, à 11h, je serai dans l'auditorium de la médiathèque de Biarritz pour présenter mon dernier opus. Je répondrai aux questions de Cécile Pougnand, directrice du lieu. Une séance de dédicaces est prévue à la fin de la conversation.

 


 

mardi 5 novembre 2024

Rencontre



Au Select avec Patrick Mosconi. Nous avons parlé de G.D., de l’amitié, de Biarritz, de parachutisme, de chutes, de peinture, de surf et d’autres bagatelles primordiales. Sous le charme de cette rencontre à travers une courte unité de temps.    


 

samedi 12 octobre 2024

Indispensable Précis de Détestation du Travail


Mes exemplaires d’auteur sont arrivés. 

On peut «précommander» l’ouvrage chez Le Dilettante (clic). Parution le 6 novembre. 


 

mardi 10 septembre 2024

Incipit sans suite


Chaque fois qu’il fait un temps de chien, je multiplie mon âge par sept. 


 

mardi 27 août 2024

D'une valeur républicaine


En traînant, hier, devant ma bibliothèque, j'ai remis la main sur un ouvrage publié en 1980 aux fameuses éditions Champ libre, dont le titre originel est: Tuer un tyran n'est pas un meurtre. Je ne l'ai pas relu en entier. La note de l'éditeur, i.e. Guy Debord, suffit à en comprendre l'esprit et l'actualité. Aussi ai-je placé bien en vue le bref traité de sagesse politique. 

"[…] On peut certes dire qu'un livre qui traite du rapport naturel du citoyen et du tyran a beaucoup perdu de son actualité avec les récents progrès de la société mondiale, du fait de la disparition presque totale du citoyen. Mais il est aussi permis de penser qu'il compense cette perte, et au-delà, du fait de la prolifération cancéreuse de la tyrannie: cette tyrannie d'aujourd'hui, si insolemment surdéveloppée qu'elle peut même assez souvent se faire reconnaître le titre de Protecteur de la liberté, si minutieusement impersonnelle, et qui s'incarne si aisément dans la personne d'une seule vedette du pouvoir; cette tyrannie qui choisit à la fois comment ses sujets devront se faire soigner et pourquoi ils seront malades, qui fixe le triste modèle de leur habitat et le degré exact de la température qui devra y régner; l’apparence et le goût qui devront plaire dans un fruit et la dose convenable de chimie qu’il lui faudra contenir; et qui enfin s’est donné la puissance de défier une vérité aussi éclatante que le soleil lui-même et le témoignage de vos pauvres yeux, en vous faisant admettre qu’il est bien midi à dix heures du matin. […]"


 

mercredi 21 août 2024

Incipit sans suite


Il était bien conscient qu’il n’avait pas le talent de parler aux femmes. 


 

samedi 17 août 2024

Incipit sans suite


Nulle tête ne lui revenait, même pas la sienne, si semblable à celle des autres. 




 

vendredi 16 août 2024

Incipit sans suite


C'était le 15 août, une date qui ne signifiait rien pour lui, une encoche comme une autre dans le calendrier de la vie.


 

jeudi 15 août 2024

Incipit sans suite


On croit que chaque aurore annonce un jour neuf, alors qu'il s'agit d'un tour de plus dans le même manège.


 

mercredi 14 août 2024

Incipit sans suite


Il faut bien que passent les jours pour que les mauvais s’en aillent et que de meilleurs arrivent, pensais-je naïvement. 

 

vendredi 9 août 2024

Patrice Jean


Patrice Jean est le lauréat du prix Maison Rouge (2024) de Biarritz pour son roman cruel, La Vie des spectres (clic), qui paraîtra le 22 août au Cherche-Midi éditeur. Âmes cucul et gnangnan s'abstenir. Bien-pensants, ce chef-d'œuvre parle de vous, mais il n'est pas pour vous.


 

jeudi 1 août 2024

Annie Le Brun


En 1977, je découvre Lâchez tout d'Annie Le Brun, publié au Sagittaire par  Gérard Guégan. Jubilant pamphlet contre les néo-féministes de l'époque qui trempaient leur plume dans leur "sang menstruel" pour écrire leur détestation des hommes. Ces viragos ont aujourd'hui de dignes rejetones. Nous ne citerons aucun nom. Annie Le Brun était un esprit libre, comme disait Nietzsche. Une poétesse du courant surréaliste, mais aussi une intelligence qui excellait dans un style de moraliste classique quand elle observait son temps. Lâchez les poéteux, les philosopheux, les intellectuelleux. Lisez Annie Le Brun.


 

mardi 30 juillet 2024

dimanche 28 juillet 2024

Dandy girl


Dans le courant des années 1930, la jeune femme dont je deviendrai le fils au milieu de la décennie 1950, aimait revêtir les costumes de ses fiancés. Elle ne déconstruisait pas son genre. Elle s'en donnait un. Pour s'amuser. Un genre qui devint un style. 


 

samedi 27 juillet 2024

Incipit sans suite


«Et la sororité, hein ?»… Quand elle prononça ce mot pour la première fois, il crut qu’elle lui signalait encore un problème d’humidité dans le garage. 


 

vendredi 26 juillet 2024

Incipit sans suite


Attablé à une terrasse de café, il regarda passer un homme jeune poussant bébé et il éprouva de la tristesse à la vue de cette liberté déchue.


 

vendredi 5 juillet 2024

En traînant


En traînant, hier, du côté de l’hôtel Regina de Biarritz, je songeais à la nature et à l'origine des opinions politiques. Elles sont bien sûr déterminées par l’appartenance à une classe sociale, mais elles reposent surtout, comme les manies religieuses ou les engouements spirituels, sur des soubassements affectifs personnels, ai-je pensé. Une atteinte narcissique, un complexe, une rancœur, trouvent leur expression intellectualisée dans un engagement idéologique (ou dévotieux). Pareille vérité est flagrante quand j’entends des amis parler des élections, ai-je pensé — quand, invoquant des faits divers, des statistiques, une actualité journalistique dans le but de conférer une objectivité à leur discours, ils peinent à camoufler des symptômes névrotiques inscrits sans doute depuis des années dans leur psychisme. D’aucuns, par exemple, sont saisis par la phobie d’être remplacés par des métèques, ou convertis de force, ou envahis par une puissance orientale, d’autres par celle d'être spoliés par l’État, appauvris au profit des mal-lotis, privés de leur rang social confortable, angoisse de mort pour les premiers, angoisse de castration pour les seconds — les deux angoisses étant, au reste, liées.  Si tu étais moins flemmard, me suis-je dit en contemplant la ville et l’océan, tu devrais t’atteler, en t’appuyant sur les cas qui t’entourent, à la rédaction d’une Psychopathia politicis. Mais hélas, la science, à cause, justement, de mon inclination maladive pour le moindre effort, sera privée de mes travaux.                     


 

dimanche 9 juin 2024

Vive le parti de l'étranger !

 


Après avoir pris mes ordres auprès d’une puissance étrangère, et, en même temps, auprès d’une confrérie religieuse, je suis allé voter anti-Europe. 


vendredi 10 mai 2024

En traînant


En traînant à la Chambre d'amour, ma flemme olympique à la boutonnière, je regardais les humains de tous les âges, de tous les sexes, de tous les genres. Ils profitaient de la plage, des marchands de glace, des terrasses des chiringuitos. Quand je me suis assis sur un banc, une minuscule coccinelle est venue se poser sur mon jean blanc. Les couleurs de ses ailes étaient inversées. Petites taches rouges sur fond noir. Est-il possible que ce charmant insecte soit transchromatique?, me suis-je interrogé. Le temps passait. Toute mon âme s'abîmait dans cette contemplation. Puis la bestiole s'est envolée. Je suis rentré épuisé. Je ne m'étais pas attendu à pareil exercice spirituel.


 

lundi 29 avril 2024

En traînant


En traînant non loin des plages d'Anglet, je me disais que cette pelouse bien entretenue, parsemée de vieux tamaris ayant encore de l'allure, ornée de quelques haies de pittosporums, pouvait donner l'image d'un aspect de l'Éden avant la Chute. Puis je vis arriver une famille se propulsant à bicyclette, parents et enfants coiffés de casques en forme de suppositoires. L'enchantement disparut. Dieu n'a toujours pas pardonné le péché originel qui, sans doute possible, devait être une faute de goût. 


 

vendredi 26 avril 2024

En traînant


En traînant à la Chambre d'amour, dimanche dernier, je me suis souvenu de l'inquisition sanitaire instaurée par les petits messieurs d'en haut et justifiée par les morticoles des chaînes de propagande en continu ainsi que par la totalité des partis politiques. Je me suis rappelé les garde-côtes faisant la chasse aux surfeurs au large de la Grande plage de Biarritz, les couvre-feu, les permissions de sortie d'une heure dans un rayon d'un kilomètre autour de chez soi, le passeport-code qu'il fallait exhiber aux limonadiers pour boire un café à une terrasse, l'obligation de porter un masque déclaré d'abord inutile et ensuite nécessaire, la contrainte de se faire injecter un produit expérimental bricolé à la va-vite, etc. Me sont revenues en mémoire les imprécations que m'adressaient mes concitoyens, parfois mes proches, parce que je contournais toutes ces mesures coercitives — la plupart copiées sur celles qu'avait prises le Parti communiste chinois. J'ai vu alors qu'en agitant la peur de la mort, un pouvoir parvenait à dresser une population en lui faisant croire que la soumission est la vertu citoyenne cardinale. En arrivant au spot du Surf-club, je me suis mis à rire in petto en pensant à la honte que les Français éprouvent aujourd'hui à s'être fait manipuler aussi longtemps — ayant enfin compris que le virus, qui court toujours avec autant de vitalité, avait affaibli davantage leur sens de la dignité que leur santé.


 

mardi 23 avril 2024

Vient de paraître


Si Roland feignait d'être indifférent aux témoignages d'admiration — il ne trompait personne —, il se montrait en revanche sensible aux manifestations d'amitié. Cette revue réunit les unes et les autres. Le texte d'André Comte-Sponville est le plus juste, le plus complet, le plus touchant. 

On se procurera l'ouvrage à la librairie L'Écume des pages, Bd Saint-Germain Paris 06


 

vendredi 19 avril 2024

Distinction


Dommage qu'il n'y ait pas eu un premier ministre comme M. Attal l'année où j'ai passé le baccalauréat. L’élève que j’étais aurait mérité cette distinction de «fauteur de troubles» ­— sans qu’il y eût besoin d'ajouter: «Peut mieux faire».


 

mardi 9 avril 2024

L'art de lire


Nous ne sommes pas bien, là? Sur la terrasse? Face au parc? Nous lirons quand nous aurons envie de lire!

 

vendredi 5 avril 2024

En traînant



En traînant à Biarritz, je me suis assis sur un banc, face à l’Océan, et j’ai ouvert Dégénérescence, de Max Nordau, l’un des fondateurs du sionisme, avec Théodore Herzl. L’ouvrage, oublié aujourd’hui, avait remporté l’adhésion des nazis qui reprirent à Nordau la notion d’«art dégénéré» et la rendirent célèbre. Quelle ne fut pas ma surprise, en arrivant à la page 83, d’y trouver mon portrait: 

«[…] Les dégénérés[…]sont le public prédestiné de Schopenhauer. À l’incapacité d’agir se rattache l’amour de la rêverie creuse. Le dégénéré n’est pas capable de diriger longuement ou même un instant son attention sur un point, pas plus que de saisir nettement, d’ordonner, d’élaborer en aperceptions et jugements les impressions du monde extérieur que ses sens fonctionnant défectueusement portent à sa conscience distraite. Il lui est facile et plus commode de laisser produire à ses centres cérébraux des images demi claires, nébuleusement fluides, des embryons de pensées à peine formés, de se plonger dans la perpétuelle ébriété de phantasmes à perte de vue, sans but ni rive, et il n’a presque jamais la force d’inhiber les associations d’idées et les successions d’images capricieuses, en règle générale purement automatiques, ni d’introduire de la discipline dans le tumulte confus de ses aperceptions fuyantes. Au contraire. Il se réjouit de son imagination, qu’il oppose au prosaïsme du philistin, et se voue avec prédilection à toutes sortes d’occupations libres qui permettent à son esprit le vagabondage illimité, tandis qu’il ne peut pas se tenir dans des fonctions bourgeoises réglées qui exigent de l’attention et un égard constant pour la réalité. Il nomme cela ”une disposition à l’idéal”, s’attribue des penchants esthétiques irrésistibles, et se qualifie fièrement d’artiste.» Si je remplace «artiste» par «philosophe sans qualités», il s’agit de moi.   


 

dimanche 31 mars 2024

En traînant


En traînant dans mon parc sur ma Vespa, j'aime à observer les progrès du printemps sur la végétation. Je loue cette saison qui renforce les haies derrière quoi je me cache des humains, qui ressuscite le feuillage des arbres où s'abritent et jouent les oiseaux, qui redonne vie aux massifs de fleurs et d'arbustes colorés dont ma vue se régale. C'est avec fierté que je défile sur ma monture, à une allure impériale, devant mes platanes alignés en deux rangs parfaits.


 

mardi 12 mars 2024

Poésie de certaines choses


En traînant aux alentours de chez moi, je passe souvent devant cette petite fontaine colonne et, à chaque fois, je me dis qu'il y a dans cette chose, posée là pour désaltérer les chiens, une poésie totalement absente sur toute la promenade des plages jalonnée de buvettes où s'abreuvent les humains.


 

dimanche 10 mars 2024

Ces lampions qui se prennent pour des Lumières


Un jour, enfant, je regardai avec ma mère une émission de variétés à la télévision où s’égosillaient les Compagnons de la Chanson. «Pourquoi se mettre à plusieurs pour chanter une bêtise pareille?, me dit-elle, un seul aurait suffi». Je reprendrai sa formule à propos de ce pensum collectif au titre grandiloquent: L’humain au centre du monde. Une trentaine de pense-menu sans le style ni l’ironie de Voltaire, leur modèle, pourtant, se sont regroupés pour «conserver l’héritage de l’humanisme» afin de «faire face aux enjeux de notre temps». J’avais été sollicité pour faire partie de cette entreprise. Non seulement j’ai décliné la proposition, car, comme je l’avais indiqué dans un précédent article, je n’ai rien d’un philosophe ni d’un intellectuel, mais surtout parce que je suis frappé d’irréligion en matière d’humanisme. J’ai même forgé un terme pour la désigner: ananthropie — an-privatif, anthropos-homme. Contrairement à bon nombre d’athées, je ne crois pas en l’humanité. Comme Cioran, je souhaite même qu’elle disparaisse, afin, peut-être, qu’on la regrette.  


 

mercredi 6 mars 2024

Pas d'équerre, de Judith Wiart


J’ai fini en une heure Pas d’équerre (clic)de Judith Wiart, publié aux Éditions Louise Bottu — 2024. Il s'agit du journal, courant sur trois trimestres, d'un professeur qui enseigne le français et l'histoire-géographie dans un lycée professionnel du bâtiment. Les élèves de Judith sont des enfants de prolétaires qui portent des prénoms anglo-saxons et des enfants d'Afrique noire et du Maghreb portant des prénoms musulmans. Ces derniers «sont arrivés jusqu'à nous» après avoir traversé des «déserts, des terres et des mers». Ils s'accrochent à leurs études «comme à une bouée orange dans la Méditerranée». Ils sont en attente de papiers. Ils ont peur de l'OQTF (obligation de quitter le territoire français). Judith leur enseigne des matières qui ne servent à rien. La poésie et l'histoire. Ça les change de la menuiserie, de la maçonnerie. Le gouvernement, au service du négoce, veut des apprentis, pas des rêveurs qui jouent avec les mots. Les heures d'enseignement des humanités sont réduites. L'intégration passera par les stages, le travail. La France, pour ces gamins, ce sera les chantiers. Les lycéennes ont du mal avec la semi nudité. «Dans mon pays, Madame, les filles n'ont pas le droit de se mettre en maillot de bain. — Ah bon? Sinon qu'est-ce qui leur arrive? — Elles iront en enfer! — Ah? Vous voulez dire que l'enfer est peuplé de filles en maillot de bain? Ça a l'air sympa. — Bah…» Judith aurait pu décrire le Lycée Professionnel comme un enfer avec ces adolescents sans éducation. Violents. Qui viennent de «quartiers sensibles». Existe-t-il des quartiers insensibles?, se demande Judith. «On s'inquiète de la croissance de la violence dans les cités. Au contraire, je me demande: par quel mystère cela n'explose pas plus?» «À partir des récits de naufrages, de tortures, de guerres, de viols, de persécutions, de souffrances, de violences en tout genre racontés depuis vingt ans par mes élèves, j'aurais de quoi écrire un livre. Un petit recueil bien dense, bien tragique, bien pathétique, bien émouvant. Oui, je pourrais les prendre en otage tous ces élèves venus de loin et verser dans la crapulerie lyrique […] Oui, ce serait facile de dorer mon blason en le lustrant à l'aide des guenilles de la misère[…] Je pourrais même finir par croire à ma probité morale.» Pas d’équerre n'est pas un manifeste humanitaire, mais un cahier de poésie. 


 

mardi 5 mars 2024

Reçu de la part de Patrick Mosconi

 


Rencontre 

Deux silhouettes se croisent et explosent en beauté.

lundi 4 mars 2024

L'Ukraine a besoin de la France


Rien que pour cette épuration littéraire, l'Ukraine mérite d'entrer dans la grande et belle famille de l'Union Européenne. En signe de soutien, la France devrait livrer à ce noble pays, en plus des canons Caesar, les romans humanistes de David Foenkinos, d'Éric-Emmanuel Schmitt, d'Isabelle Carré, et les traités d'optimisme de Frédéric Lenoir, de Matthieu Ricard, de Boris Cyrulnik.


 

mercredi 28 février 2024

Oncle Émile


En traînant à Biarritz, j'ai poussé la porte d'une librairie et j'en suis ressorti avec un volume de correspondance de Cioran. J'y vois la promesse d'une fête de l'esprit. Cioran avait choisi l'écrit court donnant ainsi de la saveur à son érudition, du lustre à son style, du mordant à son humour - ce dont philosophes et intellectuels sont incapables. Je le pratique depuis que j'ai eu dix-sept ans. C’est d'ailleurs dans cette même librairie que j'avais acheté Écartèlement. Je n'avais feuilleté que quelques pages de l'ouvrage et déjà Cioran m'avait dissuadé de devenir un homme utile et conforté dans ma vocation de traînard. Depuis lors, je l'appelle «oncle Émile».


 

lundi 26 février 2024

Du gnangnan dans la culture


Ce qui motive les godrèchistes c'est, ni plus ni moins, la jouissance de tenir des salauds, et, de la sorte, de se visser une auréole sur le crâne. Un autre plaisir qui dérive de leur posture morale, c'est de dénoncer les personnes qui ne s'indignent pas — ce qui me conforte dans l'idée que le gnangnan donne souvent lieu à une rage telle qu'on en voit les terrifiants effets dans les scènes de lynchage. Les lyncheurs se prennent toujours pour de «belles âmes», pleines de compassion et éprises de justice.


 

vendredi 16 février 2024

La Belle et son Éveilleur


  Dans le numéro de Madame Figaro du 9 février dernier, Hélène Frappat déclare lors d’un entretien: «La Belle au Bois dormant […] évoque en fait le viol d'une femme plongée dans le coma.» Intrigué, j’ai repris le texte de Perrault. Hélène Frappat a une mémoire qui lui joue des tours, me suis-je dit. Dans le passage qu’elle incrimine, il appert en réalité que la belle endormie, une fois sortie du sommeil, consent à toutes les emprises, si je puis dire, du Prince, l’éveilleur de ses sens. Lisons, plutôt: 

"[Le Prince] entra dans une chambre toute dorée, et il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus excitant spectacle qu'il eût jamais vu: une Princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l'éclat juvénile avait quelque chose de lubrique et d’abandonné. Il s'approcha, le membre priapique, le cœur battant, et s’allongea sur elle. Alors comme la fin de l'enchantement était venue, la Princesse s’éveilla; et le regardant avec des yeux plus tendres qu'une première vue ne semblait le permettre: «Est-ce vous, mon Prince? lui dit-elle. Foutre! Vous vous êtes bien fait attendre! » Le Prince charmé de ces paroles, et plus encore de la manière dont elles étaient dites, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance; il l'assura qu'il la désirait comme la plus dévergondée des catins. Ses discours furent mal rangés, ils en plurent davantage; peu d'éloquence, beaucoup de fougue. Il était cependant moins enfiévré que la Princesse, et l'on ne doit pas s'en étonner; elle avait eu le temps de songer à toutes les voluptés qui lui avaient été soustraites, car il y a apparence (l'Histoire n'en dit pourtant rien) que la bonne Fée, pendant un si long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes impudiques.» 

Quand on me fit lecture, enfant, de ce conte de Perrault, il me vint des images évocatrices. Cet auteur, avec, plus tard, Sade, m'a beaucoup appris sur le désir féminin.

lundi 12 février 2024

Sade, Adolphe, Jacquot et moi


En traînant dans mon quartier, j’ai interrogé ma mémoire pour savoir si j’avais vu un seul film de Benoît Jacquot. Que nenni, m’a-t-elle répondu. Pourquoi?, me suis-je demandé. Tout simplement parce qu’il engageait à chaque fois une actrice fadasse et parce que je doutais de son talent à lui conférer le moindre relief. La perspective de regarder une Judith Godrèche, ou une Virginie Ledoyen, pendant près deux heures me refroidissait. J’ai failli aller voir son Sade. Le Divin Marquis est un écrivain que je lus très tôt. Sa Philosophie dans le boudoir me divertissait des pensums politiques de Rousseau. Le dépravé violent m’était moins sympathique, mais les lettres d’Anne-Prospère de Launais, sa jeune belle-sœur, qui eut pour lui un amour total, furent pour moi une émouvante défense de l’homme — ainsi, bien sûr, que les beaux textes d’Annie Lebrun. Mais que Jacquot eût choisi Daniel Auteuil pour incarner Sade, me fit renoncer à aller voir son film. Le rôle eût dû revenir à Gérard Depardieu. Les témoins qui ont décrit Sade lorsqu’il était emprisonné à Picpus — période durant laquelle se passe l’histoire — parlent de son embonpoint, de sa faconde, de sa franchise à la fois paillarde et ironique. En passant devant la grotte de la Chambre d’amour, l’idée m’est venue de rattraper un peu le temps perdu. Le procès que les braves gens font à Jacquot pour une histoire qui ne les regarde en rien, suscite en moi une curiosité pour son Sade et son Adolphe. Aussi, dois-je me dépêcher de trouver les DVD avant que sa filmographie soit censurée.