O Livro do
Desassossego de Fernando Pessoa paraît enfin en
français sous le titre: Livres de
l’inquiétude. Traduire le terme de desassossego
par le néologisme d’«intranquillité» était une funeste coquetterie
littéraire prisée des têtes plates ayant eu pour effet d’affadir l’ennui, les
hantises, les dégoûts, les interrogations, les obsessions, les tourments, les
tentations de la folie et du suicide éprouvés par le narrateur. Bernardo Soares
ne souffre pas d’une légère incommodité de vivre, mais d’un malaise radical.
Son inquiétude ne le pousse ni à s’en prendre à Dieu ni à gémir sur son sort.
Il n’est pas un Job en col blanc qui prend à témoin les Lisboètes de
l’infortune qui le frappe. Il ne veut susciter la pitié de personne. Pour tenir
le coup, il rédige le journal de sa
déréliction avec la légèreté de ton de ceux qui n'en mènent pas large dans l'existence.
jeudi 31 mai 2018
samedi 19 mai 2018
Otium cum litteris — XII
Gabriela Manzoni
«Si
j’ai un jour arrêté d’écrire, c’est parce que, simplement, je me suis mis à
douter de tout. De moi, du sens de mon travail et de l’intérêt des livres en
général. Quand on se met à réfléchir à ce genre de problèmes, cela signifie
qu’on a déjà basculé de l’autre côté. Publier demande un minimum de foi,
d’orgueil et d’aveuglement. Or, je ne possède plus aucun de ces sentiments
énergétiques. Je n’ai plus la vitalité ou l’innocence qui permet d’avancer d’un
jour sur l’autre, de passer d’une phrase à la suivante. Tout au plus suis-je
désormais capable de décrire les symptômes de ma paralysie, de me livrer
moi-même à une médiocre autopsie de ma vie. Alors quand un individu dans votre
genre me demande le pourquoi de mon retrait, j’invoque systématiquement la paresse.
Je n’ai jamais fait partie, cher Hans, de ceux qui croient que l’écriture est
une activité noble. Un romancier n’a jamais été pour moi autre chose que le
résultat d’un croisement hybride entre un grammairien et un concessionnaire
Toyota. Je me comprends.»
Jean-Paul
Dubois Kennedy et moi
mardi 8 mai 2018
Incipit sans suite — 16
Elle
en voulait à ses parents de l’avoir fait naître en novembre, le mois où son
anniversaire coïnciderait avec l’interminable disparition de l’été.
Libellés :
belle aimée,
La schiffterina avant la Schiffterina,
roman avorté
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