vendredi 27 novembre 2015

samedi 26 septembre 2015

Pas un jour sans Louis Watt-Owen


Chers habitués, je vous invite séance tenante à lire ce texte de Louis Watt-Owen sur Bukowski (clic).Puissiez-vous ainsi découvrir sa page, La main de singe, et vous y reporter dès que vous désirerez lire une prose en tout point intelligente et percutante.




vendredi 4 septembre 2015

Le gentilhomme de Bilbao


Iñaki Uriarte

Je n’ai rien écrit depuis plusieurs jours. C’est moins grave que de n’avoir rien à lire. Par chance, ce n’est pas le cas. Je lis des journaux. Non pas la presse, mais les journaux d’Iñaki Uriarte. J’en attaque ce jour le troisième tome. Depuis le mois de juillet, je me plais dans la compagnie de ce gentilhomme. Comme je le lui ai écrit, il regarde son entourage, le monde, la vie, avec une ironie flegmatique que je lui envie. Pas la moindre trace de mauvais poil sous sa plume, ou, alors, traité aussitôt en notes humoristiques. La terrible expérience du fâcheux marrant? «Quand on tient à me raconter une bonne blague, je panique à l’idée de ne pas la comprendre!» Le refrain du râleur populiste? « ”Et ça! C’est payé avec mes impôts!”, répète souvent Machin. Les gens n’imaginent pas la quantité de choses payées grâce aux impôts de Machin. Il faudrait élever une statue en l’honneur de cet homme, ou donner son nom à un square.» Le ressassement des idées noires en phase maximale d’ennui? «Ce matin, je pensai que seul un incendie, ou une guerre, ou une crise cardiaque, aurait pu m’extirper du vide désespérant où je me trouvais. Il y a des journées bouchées. Il y a des jours, des heures, où je mérite la sentence: ”À casser des pierres, voilà à quoi je te condamnerai”. J’ai opté pour la solution la plus commode: un tranquillisant. Jamais je ne me lasserai d’admirer la puissance des cachets. Le tétrapharmakôn d’Épicure n’est que de l’eau bénite en comparaison de ce que peut réellement pour moi Antonio, mon pharmacien.»

À propos de certains livres, Uriarte note: «Parfois je prolonge fort tard la lecture d’un ouvrage pour le finir et ne pas avoir à le reprendre un jour de plus.» Je redoute quant à moi d’arriver à la dernière page des essais de ce Montaigne basco-newyorkais.          

mercredi 19 août 2015

Conte d'été


La raison pour laquelle vous ne verrez jamais Arnaud Le Guern en vacances dans une station de ski, tient à son goût pour les espadrilles. Qui dit espadrilles dit poésie d’un été, au bord d’un lac ou d’une plage du bout de la terre, avec une fiancée que l’obsédé amoureux défait le soir de ses dessous chics après l’avoir contemplée en bikini sous le soleil matinal. Qui dit fiancée dit ressemblance avec une actrice des années soixante-dix. Qui dit actrice de ces années-là, dit nostalgie d’un monde que Le Guern n’a pas connu mais exploré à travers le cinéma de Chabrol, de Sautet, de Gégauff. Qui dit monde d’avant dit monde d’après, celui de son enfance et de son adolescence encore présentes dans des lieux et des paysages qu’il retrouve, justement, à la saison des espadrilles. Si Arnaud Le Guern musarde dans le passé et le présent avec des semelles de corde, ce n’est pas par coquetterie, mais pour narguer l’avenir qui abîmera les êtres chers — échapper, dit-il, «au lourd défilé des jours froids». Un stoïcisme chic. Adieu aux espadrilles ou le roman d’un de ces étés plein de silences et de voluptés condamnés à s’éloigner dans une représentation. Le memento stylé qui rappelle aux amants de prendre garde à la douceur de leurs baisers.     


lundi 27 juillet 2015

Diarista vasco



Iñaki Uriarte

«J’ai connu la prison. J’ai fait une grève de la faim. J’ai enduré un divorce. J’ai assisté un mourant. Une fois, j’ai fabriqué une bombe. J’ai fait du trafic de drogues. Une maîtresse m’a plaqué, j’en ai plaqué une autre. Un jour ma maison a brûlé. J'ai été cambriolé. J’ai subi une inondation et une sécheresse. J’ai été percuté par une voiture. J’ai eu un ami mort assassiné et enterré dans son propre jardin par ses tueurs. J’ai aussi connu un type qui en a abattu un autre — un autre encore qui s'est pendu. C’est seulement une question d’âge. Tout cela m’est arrivé tout au long d'une vie en général tranquille, pacifique, sans grandes secousses.»
Iñaki Uriarte — Diarios (1999-2003)   
(Merci à Etienne Milena —clic — de m'avoir fait découvrir cet écrivain)