Sur le tournage de Cavatine (avril 2015)
vendredi 27 novembre 2015
samedi 26 septembre 2015
Pas un jour sans Louis Watt-Owen
Chers habitués, je vous invite séance tenante à lire ce
texte de Louis Watt-Owen sur Bukowski (clic).Puissiez-vous ainsi découvrir sa page, La main de singe, et vous y reporter dès
que vous désirerez lire une prose en tout point intelligente et percutante.
vendredi 4 septembre 2015
Le gentilhomme de Bilbao
Iñaki Uriarte
Je n’ai rien écrit depuis plusieurs
jours. C’est moins grave que de n’avoir rien à lire. Par chance, ce n’est pas
le cas. Je lis des journaux. Non pas la presse, mais les journaux d’Iñaki
Uriarte. J’en attaque ce jour le troisième tome. Depuis le mois de juillet, je me plais dans la compagnie
de ce gentilhomme. Comme je le lui ai écrit, il regarde son entourage, le
monde, la vie, avec une ironie flegmatique que je lui envie. Pas la moindre
trace de mauvais poil sous sa plume,
ou, alors, traité aussitôt en notes humoristiques. La terrible
expérience du fâcheux marrant? «Quand on
tient à me raconter une bonne blague, je panique à l’idée de ne pas la
comprendre!» Le refrain du râleur populiste? « ”Et ça! C’est payé avec mes impôts!”, répète souvent Machin. Les
gens n’imaginent pas la quantité de choses payées grâce aux impôts de Machin.
Il faudrait élever une statue en l’honneur de cet homme, ou donner son nom à un
square.» Le ressassement des idées noires en phase maximale d’ennui? «Ce matin, je pensai que seul un incendie, ou
une guerre, ou une crise cardiaque, aurait pu m’extirper du vide désespérant où je me trouvais. Il y a des journées bouchées. Il y a des jours, des
heures, où je mérite la sentence: ”À casser des pierres, voilà à quoi je te
condamnerai”. J’ai opté pour la solution la plus commode: un tranquillisant.
Jamais je ne me lasserai d’admirer la puissance des cachets. Le tétrapharmakôn
d’Épicure n’est que de l’eau bénite en comparaison de ce que peut réellement
pour moi Antonio, mon pharmacien.»
À propos de certains livres,
Uriarte note: «Parfois je prolonge fort
tard la lecture d’un ouvrage pour le finir et ne pas avoir à le reprendre un
jour de plus.» Je redoute quant à moi d’arriver
à la dernière page des essais de ce Montaigne basco-newyorkais.
mercredi 19 août 2015
Conte d'été
La raison pour laquelle vous ne verrez jamais Arnaud
Le Guern en vacances dans une station de ski, tient à son goût pour les espadrilles.
Qui dit espadrilles dit poésie d’un été, au bord d’un lac ou d’une plage du
bout de la terre, avec une fiancée que l’obsédé amoureux défait le soir de ses dessous
chics après l’avoir contemplée en bikini sous le soleil matinal. Qui dit
fiancée dit ressemblance avec une actrice des années soixante-dix. Qui dit actrice
de ces années-là, dit nostalgie d’un monde que Le Guern n’a pas connu mais exploré
à travers le cinéma de Chabrol, de Sautet, de Gégauff. Qui dit monde d’avant dit monde d’après, celui de son enfance
et de son adolescence encore présentes dans des lieux et des paysages qu’il
retrouve, justement, à la saison des espadrilles. Si Arnaud Le Guern musarde
dans le passé et le présent avec des semelles de corde, ce n’est pas par
coquetterie, mais pour narguer l’avenir qui abîmera les êtres chers — échapper,
dit-il, «au lourd défilé des jours froids».
Un stoïcisme chic. Adieu aux espadrilles ou
le roman d’un de ces étés plein de silences et de voluptés condamnés à
s’éloigner dans une représentation. Le memento
stylé qui rappelle aux amants de prendre garde à la douceur de leurs
baisers.
Libellés :
ALG,
amitié,
littérature balnéaire,
poésie du bikinisme,
rien foutre en espadrilles
lundi 27 juillet 2015
Diarista vasco
Iñaki Uriarte
«J’ai connu la prison. J’ai
fait une grève de la faim. J’ai enduré un divorce. J’ai assisté un mourant. Une
fois, j’ai fabriqué une bombe. J’ai fait du trafic de drogues. Une maîtresse m’a
plaqué, j’en ai plaqué une autre. Un jour ma maison a brûlé. J'ai été cambriolé.
J’ai subi une inondation et une sécheresse. J’ai été percuté par une voiture. J’ai
eu un ami mort assassiné et enterré dans son propre jardin par
ses tueurs. J’ai aussi connu un type qui en a abattu un autre — un autre encore qui s'est pendu. C’est seulement une question d’âge. Tout
cela m’est arrivé tout au long d'une vie en général tranquille, pacifique, sans grandes
secousses.»
Iñaki Uriarte — Diarios (1999-2003)
(Merci à Etienne Milena —clic — de m'avoir fait découvrir cet écrivain)
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