Henry Miller
Dimanche d’élections.
Je n’ai pas la tête politique, encore moins le cœur. Dès que je croise un militant, un candidat, un sympathisant, un pétitionnaire, une porteuse de pancarte, un encarmagnolé, un brailleur à mégaphone, je fuis. Les lideurs et les suiveurs m’effraient. Ce ne sont pas mes semblables. Ils transpirent l’ambition et la servilité. Les dieux m’ont privé de ces passions propres aux arrivistes, aux affairistes, aux jobards. Je ne me connais que des inclinations adoucies par la flemme. Elles m’ont conduit à une vie sans «miracle et sans extravagance», selon la formule de mon cher Montaigne, une vie durant laquelle j’ai goûté aux plaisirs des jolies, de la plage, des livres, de l’amitié. À propos d’amitié, je retranscris ici ce propos d’Henry Miller que ma chère Arletti m’a adressé hier: «Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas lire de journal, ne pas écouter la radio, se boucher les oreilles aux commérages, se laisser aller sans retenue à la paresse, être absolument indifférent au sort du monde, voilà la plus belle médecine qu’on puisse s’administrer.» Tout un programme auquel j’adhère en fanatique.