En traînant entre Biarritz et Anglet, j’ai croisé des couples avec enfants et j’ai ressenti cette forme d’inquiétude qu’on appelle l’insécurité culturelle. En entendant les parents héler leurs gamins qui jouaient loin d’eux, j’ai compris ce que d’aucuns «déclinistes» nomment la perte de l’identité française. «Kévin! ne t’éloigne pas!», «Steve, où tu vas?», «Joy! Surveille Allison!», criaient mes compatriotes. Pourquoi choisir des prénoms américains? Cela ne leur suffit pas, à ces familles, de se nourrir dans des fast foods, de se baffrer d’hamburgers, de hot-dogs, de nuggets, arrosés de ketch up en buvant du Coca-Cola? Alors, ai-je pensé, seraient-ce les «bobos», tant décriés par les déclinistes, qui défendraient le trésor de nos prénoms en baptisant leurs têtes blondes Louise, Adèle, Jeanne, Constance, Joseph, Aurélien, Gaston, Victor, etc.? Formeraient-ils, contre ce remplacement onomastique anglo-saxon, le vrai parti de la reconquête des prénoms de chez nous? Un peu las de ma déambulation, je n’ai pas poussé cette réflexion plus loin. Je me suis assis à la terrasse du Lieu, face à l’océan, et j’ai commandé un Perrier tranche.