(Isabelle Nori pour la photographie de couverture)
"Une vague
ne se cache pas pour mourir. Elle aime disparaître sous le regard des hommes. À
l’approche du rivage dont elle monte la pente sablonneuse ou rocheuse, elle se
cabre pour exécuter une dernière pantomime menaçante. Puis, épuisée, elle
s’effondre dans un fracas sourd qui se prolonge en un long grondement de ruines
pulvérisées et bouillonnantes. Quand elle n’est plus qu’un flot blanchâtre,
elle stagne en mousse collante au flanc d’une falaise, ou, si elle échoue sur
une plage, le sable l’engloutit. Son âme s’évapore dans une vapeur d’embruns
qui se déposent sur le visage des badauds. Parfois, ils pénètrent une poitrine.
C’est dans le cœur d’un mortel qu’une vague, alors, rend son dernier souffle.
La mélancolie est son ultime avatar."
Petite Philosophie du Surf
Éditions ATLANTICA