En traînant, hier, du côté de l’hôtel Regina de Biarritz, je songeais à la nature et à l'origine des opinions politiques. Elles sont bien sûr déterminées par l’appartenance à une classe sociale, mais elles reposent surtout, comme les manies religieuses ou les engouements spirituels, sur des soubassements affectifs personnels, ai-je pensé. Une atteinte narcissique, un complexe, une rancœur, trouvent leur expression intellectualisée dans un engagement idéologique (ou dévotieux). Pareille vérité est flagrante quand j’entends des amis parler des élections, ai-je pensé — quand, invoquant des faits divers, des statistiques, une actualité journalistique dans le but de conférer une objectivité à leur discours, ils peinent à camoufler des symptômes névrotiques inscrits sans doute depuis des années dans leur psychisme. D’aucuns, par exemple, sont saisis par la phobie d’être remplacés par des métèques, ou convertis de force, ou envahis par une puissance orientale, d’autres par celle d'être spoliés par l’État, appauvris au profit des mal-lotis, privés de leur rang social confortable, angoisse de mort pour les premiers, angoisse de castration pour les seconds — les deux angoisses étant, au reste, liées. Si tu étais moins flemmard, me suis-je dit en contemplant la ville et l’océan, tu devrais t’atteler, en t’appuyant sur les cas qui t’entourent, à la rédaction d’une Psychopathia politicis. Mais hélas, la science, à cause, justement, de mon inclination maladive pour le moindre effort, sera privée de mes travaux.
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