samedi 7 octobre 2017

Mon utopie est ici, entre la plage, ma chambre, ma bibliothèque


«L’été dernier, une fin d’après-midi d’août 2016, Jean Le Gall, le directeur des éditions Séguier, me retrouve à la terrasse de l’HP – c’est ainsi que j’appelle l’Hôtel du palais. Tandis que nous sirotons nos cocktails en contemplant la lumière qui décline sur la Grande plage, mon ami me dit:
 — Tu devrais écrire sur l’art de s’ennuyer à Biarritz et je te publierai.
L’idée me plaît.
— Dans le fond, tes livres te sont inspirés par une douce neurasthénie et Biarritz en est le décor. Réfléchis à ma proposition.
Une fois seul, je songe à cet ouvrage. Que faire? Un bref essai philosophique? Un de plus? Cette perspective ne me réjouit pas. En aspirant le fond de mon verre avec la paille, une solution m’apparaît avec évidence.
Pour évoquer mon ennui, le mieux est de rendre compte de mes journées vouées à regarder passer le temps. L’homme affairé tient un agenda, l’homme sans horaire son journal intime. Le premier note ses rendez-vous avec les autres, le second consigne ses réunions avec lui-même. Mon livre est pour ainsi dire achevé. Il sera fait des carnets écrits du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2016. Deux ans vécus à Biarritz, ville de tous mes excès casaniers. Des jours qui se sont succédé entre flâneries, lectures, griffonnages et siestes. Des nuits à faire les cent pas dans mon crâne en attente de l’aurore. Des heures qui ont tourné sans déformer la mollesse de leur cadran. En écrivant ces pages, j’ai trompé mon ennui sans lui être infidèle.»
Avant-propos aux
Journées Perdues
SÉGUIER
Octobre 2017