dimanche 25 juillet 2010

Éros et civilisation — 1.



"L'homme est un adolescent diminué." 

Michel Houellebecq
Extension du domaine de la lutte.

Le n'importe quoi et le rien du tout


On ne pourra pas me reprocher de transformer le mal du siècle en ennui personnel puisque, dans chacun de mes livres, je fais l'inverse.

lundi 19 juillet 2010

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire

Une idéologie est une éthique à l'usage des masses — qui en sont toujours friandes. Justice, Bien, Bonheur, Égalité, Race, Partage, Progrès, Fraternité, Communauté, etc., autant de foutaises portant majuscule qui les enfièvrent et les mènent à l'abattoir. C'est sans doute pourquoi, entendant son ami Bertrand Russel lui tenir un langage humaniste lénifiant, Ludwig Wittgenstein lui déclara : "La tyrannie ne provoque en moi aucune indignation." Et quand, un jour, Russel annonce à Wittgenstein qu'il compte créer une Organisation pour la Paix et la Liberté, ce dernier ricane. "Je suppose, dit alors Russel, que pour votre part vous préféreriez fonder une organisation en faveur de la guerre et de l'esclavage ?" Et Wittgenstein de rétorquer : "Oui ! Sans la moindre hésitation !"

samedi 17 juillet 2010

Souriez, s'il vous plaît

Curieux des écrivains envoûtés par le chagrin, j'ai découvert Jean Rhys, auteur de Voyage dans les ténèbres, de La Prisonnière des Sargasses et de Bonjour, minuit. Pour survivre, cette sœur en désespoir de Louise Brooks fut un temps, dans les Années folles, danseuse de revue. L’âme et le corps épuisés, Jean trouvait la force de peindre des paumées qui, comme elle, n’avaient jamais le dessus et n’en menaient pas large. Sa vocation pour le roman ? Nulle. "Je voulais vivre heureuse, tranquille et obscure", confessait-elle. "Je me suis traînée vers l’écriture." Preuve qu'on peut se traîner avec grâce.

vendredi 16 juillet 2010

 
"Écouter de la musique est un exercice de métaphysique inconscient."
Arthur Schopenhauer

mercredi 14 juillet 2010

Au citoyen embastillé Sade, la patrie reconnaissante




"Dolmancé. — En honneur, je ne connais rien de si fastidieux que la jouissance du con, et quand une fois, comme vous Madame, on a goûté les plaisirs du cul, je ne conçois pas comment on revient aux autres.

Mme de Saint-Ange. — Ce sont de vieilles habitudes. Quand on pense comme moi, on veut être foutue partout et, quelle que soit la partie qu’un engin perfore, on est heureuse quand on l’y sent. Je suis pourtant bien de votre avis, et j’atteste ici à toutes les femmes voluptueuses que le plaisir qu’elles éprouveront à foutre en cul surpassera toujours de beaucoup celui qu’elles éprouveront à le faire en con.
"


Donatien Alphonse François de Sade
La Philosophie dans le boudoir.

 

mardi 13 juillet 2010

Message personnel

Comme le rédacteur de cartes postales, le maniaque des aphorismes écrit à des êtres lointains pour leur rappeler qu'il existe.

samedi 10 juillet 2010

Bonjour, grande sœur

"Peut-être faut-il, comme je l'ai toujours fait, haïr la vie dans le fond pour l'aimer sous toutes ses formes."
Françoise Sagan 
Le garde du cœur

lundi 5 juillet 2010

«Tout le monde voulant être tout, il en résulte une telle confusion que l’on ne peut plus distinguer les quelques grands hommes qui, je crois, subsistent encore, mais qui, perdus dans l’immense foule des prétendants à la gloire, ne parviennent même pas à se frayer un chemin. Ainsi, lorsque les plus nuls se croient les plus brillants, il en résulte que l’obscurité et la nullité deviennent le lot commun des plus nuls comme des plus grands.» 
Ciacomo Leopardi

samedi 3 juillet 2010

Flâneuse de l'onde



Première journée de juillet. La marée monte depuis longtemps. Comme si leur mécanisme s’épuisait, les séries de vagues arrivent mollement. Couchée sur sa planche, la surfeuse a un peu froid. Elle décide de sortir de l’eau. Elle attend l’ultime vague qui la ramènera sur le sable. Une ondulation se dessine. Elle rame dans sa direction. Elle opère un demi-tour, rame de nouveau vivement pour démarrer et se lève. L’onde lui offre son flanc gauche. Peu puissante, elle lui permet quand même de glisser prestement et de goûter à quelques instants de jubilation. Fin de la session.

Cigarettes, ouiskie et feux follets


"Les jeunes filles m'aident à supporter l'immonde."
Arnaud Le Guern
Du soufre au cœur

mardi 29 juin 2010

IN GIRUM IMUS NOCTE — ou comment, de la croyance en un sens de l'histoire, on passe, in fine, au sentiment que le devenir n'est qu'une rengaine.



Tout jeune déjà, j’aimais me faire remarquer. Au lycée de Biarritz, entre deux cours, ou au Cyrano, le bistrot de l’absentéisme, je m’isolais et me mettais à lire ostensiblement des ouvrages de philosophie afin que les filles me prêtent une nette supériorité intellectuelle par rapport aux autres garçons. Ayant par ailleurs une image de je-m’en-foutiste à soigner, je prenais garde de ne pas paraître absorbé par mes lectures. Mais comme je ne feignais pas pour autant de lire, peu à peu la matière des livres infiltrait mon esprit, faisant de moi un jeune gandin cérébral peu avantagé pour faire battre le cœur des lycéennes biarrotes — plus prompt à chavirer sous le regard délavé d’un surfeur. Cela se passait dans les années soixante-dix qui battaient leur vide. C’est à cette époque que je découvris La société du spectacle. Tout cela pour dire que Guy Debord fut pour moi un philosophe de classe terminale.

lundi 28 juin 2010


Même si la prudence conseille de ne pas rendre un trop grand service à un ami afin qu'il ne vous fasse pas payer au prix fort la dette qu'il vous doit, il arrive que l'amitié allège la vie. Il est curieux que j'attende la même chose de l'amour, conscient qu'il complique tout. Guetter un signe de l'aimée m'est une agonie. Je vis dans la terreur qu'elle me quitte, qu'elle me jette dans la gueule du vide, qu'elle me rende à moi-même. Mais là, rien d'original. La société n'est qu'un vaste orphelinat où les pensionnaires cherchent en pure perte à s'adopter entre eux.

Si j'aime Jacques Demy ? Affirmatif ! Françoise Dorléac et Gene Kelly ? No comment ...



Le pari de l'amour, même s'il faut se résoudre à le perdre, c'est de prolonger une rencontre.

dimanche 27 juin 2010

Plèbe parade


 Le spectacle tapageur des rires, des cris et des gesticulations de ceux qui ne se réjouissent qu’en foule offre au contemplateur détaché et lointain la volupté de se sentir étranger à cet hédonisme grégaire. Et si, par chance, il rencontre en cette occasion une autre âme solitaire partageant le même sentiment, non seulement le voilà convaincu que son inaptitude aux réjouissances collectives relève d’une saine infirmité mais, plus encore, que rien n’est plus ennuyeux que de chercher à se désennuyer.