© Jean-Charles Fitoussi
Avril 2015
Après ces 24 heures à Paris, La Schiffterina et moi
avons passé les derniers dix jours d’avril à Grignan pour les besoins du film
de Jean-Charles Fitoussi Cavatine — Vitalium, Valentine ! titre du format 60mn (clic). Nous étions logés dans un gîte campagnard constitué de petits mas séparés les
uns des autres de quelques dizaines de mètres et sans vis-à-vis. Ainsi le matin
et le soir, après le tournage qui s’effectuait au château, nous pouvions jouir
d’une intimité bien méritée. Malgré l’amabilité des personnes de l’équipe, les
techniciens et les acteurs, le travail, avec ces longs moments d’attente, les
recommencements de prises, les problèmes de lumière et de son, finissait par
épuiser mes nerfs et mon seuil de tolérance à la vie sociale. Le personnage que
j’incarne est présent dans chaque séquence ou presque. Je ne savais jamais un
jour à l’avance les textes que j’avais à dire. Jean-Charles les écrivait le
matin même et ne me les confiait que quelques minutes avant de tourner. Il
m’est impossible de passer du fil ordinaire de la vie à la vie jouée sur un
claquement de clap avec l’aisance de l’acteur professionnel. Je cafouille pas
mal. Durant des heures, on m’observe à travers un objectif et on me regarde
interpréter un rôle. Je ne suis pas assez narcissique, ou peut-être le suis-je
trop, pour aimer être au centre d’une attention technique et esthétique. Bizarrement,
tous ceux qui supportent mes bafouillis, mes maladresses, mes trous de mémoire,
trouvent que je m’en tire bien. La Schiffterina, qui joue aussi dans le film Marie Fontaine, la restauratrice du château, mais
avec moins de texte, me dit que ce n’est même pas une composition pour moi tant
les propos cyniques que mon personnage, le Dr William Stein, arrière petit-fils
du Dr Victor Frankenstein, tient sur le monde et les hommes pourraient être les
miens.
© Journées Perdues
à paraître aux éditions SÉGUIER, octobre 2017