Dans Le Prince, au chapitre XVIII intitulé Comment les princes doivent tenir leur parole, Machiavel écrit: «On pourrait alléguer des exemples
innombrables dans le temps présent, montrer combien de traités, combien
d'engagements sont partis en fumée par la déloyauté des princes et que celui qui a
su le mieux user de la vertu du renard en a tiré les plus grands avantages.
Toutefois, il est bon de déguiser adroitement ce caractère, d'être parfait
simulateur et dissimulateur. Car les hommes ont tant de crédulité, ils se plient
si servilement aux nécessités du moment que le trompeur trouvera toujours
quelqu'un qui se laisse tromper.» Alexis Tsipras a dû lire le Florentin, à moins qu'en admirateur de feu Charles Pasqua il se soit souvenu de cet aphorisme qu'icelui aimait à répéter: «Les
promesses n’engagent que ceux qui y croient».
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Par delà la politique qui est ontologiquement un jeu de dupes, la dissimulation n'est jamais plus évidente que dans la manière dont sont "agencés" les journaux télévisés. Et la presse écrite, si peu vendue, se fait de plus en plus racoleuse afin de toucher la stupidité des masses (elles descendent dans la rue surtout quand on s'attaque à des journaux sans texte, ce qui est très significatif). Il reste Internet, où se crée un assaut anti-dissimulation paradoxal : Le cybermonde crée un appel à la vérité, à la sincérité qui devient bien vite un déversoir de haine, un règne de la pulsion. Comme disait Hasek dans son "Brave soldat Chvéïk", si tout le monde se disait la vérité à la figure, la société serait invivable. En un mot, nous avons à choisir entre le mensonge politico-journalistique et les opinions cybernétiques bien sincères et sans doute vraies pour certaines mais comme disait Deleuze: ce qui importe n'est plus la vérité du discours mais le fait qu'il soit ou non intéressant. Personnellement, j'admire les discours vrais et intéressants, mais si je dois choisir entre un mensonge intéressant et une vérité terriblement fade et mal énoncée, je préfère un mensonge bien construit et joliment dit. D'ailleurs, la transparence anglo-saxone est l'epistemé de notre temps, des megachurches protestantes au cybernétisme mondial. Il serait temps de dissimuler et d'être ouvert à toutes les dissimulations. Je vous prie d'ailleurs de ne rien croire en ce que je viens de dire.
RépondreSupprimerHeureusement en France nous avons ce couillon de Valls qui croit dur comme fer à... la vertueuse Nadjat. La deloyauté pour une femme... J acquiesce !!!
RépondreSupprimerD'accord avec vous, cher David. Une femme loyale serait infidèle à son sexe.
SupprimerEn fait, cher Frédéric, on en revient au grand John Ford et à l'immortel "Homme qui tua Liberty Valence" : "Quand la légende est plus belle que la vérité, imprimez la légende". Et ça, ce n'est pas gnangnan ! Hollywoodiennes amitiés !
RépondreSupprimerBelle référence, cher Luc-Antoine.
RépondreSupprimerJe n'ai plus qu'une envie lorsque je suis témoin de ces gesticulations dérisoires. La destruction. Je préfère être indigent mais loin de cette Europe de cravateux abjects. Je préfère être instrumentalisé par la droite souverainiste que de baisser mon froc face à ces salopes gauchistes-bobo-libéraux-mercantilistes-banquiers dégueulasses! Vivement que le mur européen de Bruxelles s'effondre une bonne fois pour toutes...
RépondreSupprimerDurant toute cette tragédie grecque durant laquelle, un peu honteux, j'ai fini par me rendre compte que je n'y comprenais rien, Bernanos m'est finalement venu en aide (très ironiquement) : « Être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles. Toute la vie d’un de ces infortunés ne suffirait pas probablement à lui permettre d’assimiler la moitié des notions contradictoires qui, pour une raison ou pour une autre, lui sont proposées en une semaine ». J'ai aussi la désagréable impression, en France, dans les médias ou dans la rue, d'être entourés de gens qui - persuadés de maitriser le sujet - dans leur ardeur à vouloir m'éclairer sans y parvenir, se croient peut être un peu trop intelligents, ou font semblant de comprendre. Cela me rassure un peu. Pierre L.
RépondreSupprimerLes envolées lyriques de Tsipras le soir du référendum « La démocratie est une fête et une joie, la démocratie est une libération », le magicien ajoutait « nous voulons que l'Europe revienne à ses principes fondateurs » : beau tour de passe passe.
RépondreSupprimerEn effet, nous n’y comprenons rien. Les femmes et les hommes politiques qui dirigent les pays européens n’y comprennent rien non plus ! Ils font semblant de savoir, d’avoir du pouvoir et de diriger le monde. Mais ils naviguent dans le brouillard, les pauvres bougres. Une fois de plus, ce sont les plus nantis qui seront favorisés…
RépondreSupprimerAu fait, pourquoi la gauche « radicale » qui gouverne la Grèce actuellement n’oblige-t-elle pas le clergé grec à payer des impôts ?
RépondreSupprimerPourquoi ne met-elle pas en place un cadastre ? Quid des impôts sur les armateurs grecs ….
Ce ne sont que des tribuns. Du blabla inutile ! Et pendant tout ce temps perdu, l’extrême droite attend son heure… Affaire à suivre ?
Chère Francine 2A,
RépondreSupprimerJe peux comprendre les doutes concernant la gauche radicale, mais il est évident que sur l'échiquier de la politique globale, il n'y a plus de gauche ni droite, quant au radicalisme, à la lettre la racine, elle est si diversement interprétée, de droite à gauche, qu'il est plus que difficile de la définir et de la conceptualiser. Pour ma part je vis en Espagne, tout le monde a peur de Podemos en Castille y León, fustigeant un radicalisme qui n'existe pas. Je suis allé à une réunion de Podemos et ai été grandement surpris de ne voir aucun chevelu antisionniste ou anti-impérialiste, cette figure internationale dont se moquait Muray. Ce que j'ai vu, ce sont des gens formés et intelligents, du type de Ada Colau qui dès son premier jour à la mairie de Barcelone, a demandé à voir son salaire divisé par cinq. Ce n'est pas grand chose, ces signes-là, mais lansam und sicher, on assiste à un changement des mentalités, qui prennent conscience que la démocratie aussi imparfaite qu'elle puisse être peut se réinstaurer. Hélas cela ne sonne pas assez dandy baudelairien ni intellectuel que de le dire mais, très honnêtement, j'emmerde considérablement ceux qui fustigent l'idée même (encore une fois si imparfaite dans le réel) de démocratie.
Cher Etienne,
RépondreSupprimerEn effet, quelques personnes essaient de changer la donne dans cette éternelle lutte du pot de terre contre le pot de fer : Podemos en Espagne, José Mujica en Uruguay…
Nous en avons plus qu’assez de ces réunions inutiles qui durent plus de 17 heures, dixit les journaleux. Voir à la télé les collaborateurs effondrés sur les bureaux après des heures et des heures de négociations… On s’en tape !
Nous exigeons des actes concrets, pas des verbiages foireux !
Chère Francine 2A,
RépondreSupprimerJe vous propose de participer à la plateforme citoyenne à la salle de fête de votre village ce samedi, et de proposer une petite élevation de barricades entre la mairie et la boulangerie Paul. Si le maire accepte de financer la fête des voisins, ce grand moment de convivialité, il ne serait en tout cas vous refuser une petite réunion où vous pourrez énoncer un programme concret, direct, rapide, pour changer un peu le monde et le rendre plus respirable.
PS : n'oubliez pas votre mégaphone, votre voisin Jojo est un peu sourd de l'oreille droite. Vous en trouverez pour une somme modique sur http://www.artech-fr.com/
Très bonne idée, cela va me rajeunir et ça ne servira à rien, bien entendu !!!!!
Supprimer« Tout ce que je dis n’a aucune importance, comme tout ce que je ne dis pas ».
Supprimer« C’est peut-être mon incurable tristesse qui me fait vivre ». L. Calaferte
Francine 2A exige... Il fait chaud non ?
RépondreSupprimerIl fait très chaud. C’était le quart d’heure révolutionnaire. Le rêve et le fantasme de l’auto-organisation des gens pour s’emparer de l’action politique et ne plus la déléguer à l’oligarchie des partis. Faut-il être bête, en effet !
SupprimerBjr ! Puis-je vous suggérer pour conforter vôtre hâte révolutionnaire de prévoir une cellule d'assistance psychologique, un comité de suivi de résilience individuelle, éventuellement une structure légère de pilotage en vue d'une éventuelle marche blanche. Sans oublier les médias / relais habituels ( Libé, Inrocks, Télérama). Là je ne vois vraiment pas ce qui peut empêcher la Révolution... PS: prenez un chapeau de paille pour le soleil et pas de tongs: il va falloir courir face aux charges des meutes fascistes du grand Capital ! Love you!
SupprimerMerci pour les judicieux conseils !!! Et je n’oublie pas la crème solaire de même que le mégaphone préconisé un peu plus haut par Etienne et j’aurai la panoplie complète…
SupprimerMonsieur Marsily, votre ironie (que je trouve un peu blessante pour la sympathique Francine) a aiguisé ma curiosité. Votre nom tapé dans un moteur de recherche me fait supposer que vous êtes Le Conseillé Général Luc-Antoine Marsily. Me fourvoyé-je ? Selon les sites et les élections vous êtes tantôt divers gauche, tantôt divers droite, mais jamais complètement divers. Qu'est-ce donc qui vous fait osciller dans cette zone médiane ?
SupprimerOù en étais-je ? Ah oui !
SupprimerRemettant ses fiches à jour, M.lucm.reze s'aperçut que sur celle me concernant (Source: Ministère de l'Intérieur, puis égouts divers du Net) figuraient les deux mentions: divers droite et divers gauche. Horreur !
Cela ne pouvait pas être : on est à droite OU à gauche. Point. Divers, c'est déjà une déviance par rapport à la norme démocratique et policière. Imaginez alors deux divers différents.
Et ce monsieur de m'apostropher : vous êtes quoi ? L'un ou l'autre ? ou seulement divers ? Répondez !
Donc, : dans une autre vie, élu et réélu Maire pendant 26 ans et Conseiller Général pendant 14 ans, jamais battu, je n'ai jamais eu ni sollicité l'investiture d'un parti ou une étiquette. Shocking, isn't it ?
Explication: la politique, dans l'île où je vis, a peu de chose à voir avec les étiquettes officielles de la Place Beauvau, sauf à servir de cache-sexe.
Son référentiel, c'est la Florence de Machiavel pour les moeurs et les pratiques, la Rome républicaine et impériale. Bref la séculaire lutte des Noirs (Neri) et des Blancs (Bianchi), et non votre droite et gauche.
Donc vous ne pouvez pas imaginer ces étiquettes pour vos fiches.
Je suis gentil et vais vous fournir un élément de fichage : je suis quelque part entre l'otium et la sprezzatura. Si jamais vous voyez ce que cela peut représenter, inscrivez donc otium (canal historique) ou sprezzatura (canal habituel).
D'où parlez-vous ?, me dîtes vous, comme les petits flics de la pensée des 70's. Maintenant vous savez. Content ?
Pour ce qui est de Francine2A: pas d'ironie, socratique ou non. Mais une forme d'attendrissement face à sa naïveté due sans doute à son jeune âge et à la déplorable qualité de son viatique pour saisir le monde (Le Monde diplomatique, gasp !).
Un petit conseil pour elle : il y a dans ce délicieux blog qui nous héberge, outre notre hôte et ses écrits, des références plus à même, sinon de trouver son bonheur ou l'obligation ardente de faire à tout prix celui de ses contemporains, de comprendre le réel, l'animal et l'humain, la vie et les fleurs.
J'embrasse Francine, dont vous vous voulez le Chevalier blanc et n'êtes que le piètre défenseur, et salue le cher Frédéric, qui a beaucoup de patience. Love.
Merci, pour toutes ces précisions et soyez rassuré vous ne resterai pas dans mes petits papiers. Je vous laisse a votre soit disant particularité corse naviguer entre vos Cerchi et Donati locaux sans bien comprendre où vous naviguez dans cette lutte des classes, puisque plutôt que de latéralité floue c'est bien plus précisément de classes sociales dont il s'agit. Qu'importe! Bien à vous et (Peace and) Love
SupprimerJ'arrête là, en espérant vous lire à nouveau avec une orthographe moins maltraitée et des arguments débarrassés de clichés que je n'ose même pas qualifier de marxistes. Et surtout soyez heureux ! Ciao !
SupprimerClin d'œil :"sans la nommer" de Georges Moustaki....
Supprimerhttp://www.bing.com/videos/search?q=moustaki+sans+la+nommer&FORM=HDRSC3#view=detail&mid=072C554A0741F7D52E2B072C554A0741F7D52E2B
Chaque jour toujours pareil, j'ai besoin de néant pour exister. Alors je me shoote à l actualité. Je dis du mal je dis du bien je dis c'est moi moi moi je ne dis que cela !!! Bon cher Frédéric, L ailleurs est la pire des duperies. Tout est là plus ou moins...
RépondreSupprimerFinalement, ce qui est le plus étonnant dans cette tragedie grecque, c’est que sa fin nous surprenne. Je repense à ce petit bijou de livre de Rosset, « En ce temps là », où il definit le materialisme comme « la volonté de ne pas se raconter d’histoires ». La gauche ‘radicale’ - qui n'a en fait de radical qu’une impuissance amère qui frôle cruellement le comique - devrait lire ce petit livre brillantissime. Mais lisent ils autre chose que des fadaises ? Pierre L.
RépondreSupprimerExtraits d’un article de S. Halimi dans le monde diplomatique (mars 2015)
RépondreSupprimerContre l’austérité à perpétuité. Soutenir la Grèce.
« Pendant que le garrot européen se resserre, que les marchés financiers accentuent leur pression sur le gouvernement d’Athènes, les termes du jeu deviennent terriblement clairs. La Grèce est soumise à un diktat. En échange des financements dont elle a besoin, on exige qu’elle entérine sur-le-champ une avalanche d’exigences dogmatiques et inefficaces, toutes contraires au programme de son gouvernement : réduire une fois de plus les retraites et les salaires, augmenter encore le taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), engager la privatisation de quatorze aéroports, affaiblir davantage le pouvoir de négociation des syndicats, affecter des excédents budgétaires croissants au remboursement de ses créanciers alors même que la détresse sociale de son peuple est immense. « Les ministres [de l’Eurogroupe], a précisé M. Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques, étaient tous d’accord sur le fait qu’il n’existe pas d’alternative à la demande d’une extension du programme actuel. » Avant de répéter le célèbre slogan de Margaret Thatcher, M. Moscovici, se souvenant peut-être qu’il était membre d’un parti socialiste, avait néanmoins tenu à préciser : « Ce que nous voulons, c’est aider le peuple grec ». L’aider, mais en lui interdisant de dévier de la politique d’austérité qui l’a ruiné.
Hélas, Syriza compte moins d’appuis ailleurs. Un peu à la manière du roman d’Agatha Christie Le Crime de l’Orient-Express, enquêter sur les assassins potentiels de l’espérance grecque obligerait à interroger la totalité des gouvernements européens. Et d’abord l’Allemagne : les règles disciplinaires qui ont échoué sont les siennes ; elle entend écraser les peuples qui renâclent à les subir indéfiniment, surtout quand ils sont méditerranéens. Avec l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, le mobile du crime est encore plus sordide. Les populations de ces Etats auraient en effet intérêt à ce que la main de fer de l’austérité cesse enfin de les broyer. Mais leurs gouvernements ont peur, en particulier quand chez eux une force de gauche les menace, qu’un Etat ne démontre enfin qu’on peut refuser d’emprunter « un chemin balisé, un chemin connu, un chemin connu des marchés, comme des institutions et de l’ensemble des autorités européennes », celui dont M. Michel Sapin, ministre des finances français, continue de prétendre qu’on doit « l’explorer jusqu’au bout »