jeudi 27 novembre 2014

Il giorno della Schiffterina


Photographie © Isabelle Nori 
(Juillet 2014)

«[…]Je sais que ce qui me bouleversa chez Françoise. C’était sa façon de se débattre, belle, mélancolique et souriante dans la solitude, au milieu de gravats d’espérances. Pour la consoler, j’essayai de la convaincre qu’il lui faudrait désormais ne se donner qu'à elle-même et  se prêter aux autres, à commencer par moi, trop prosaïque pour faire rimer «amour» avec «toujours», pas assez philosophe pour dire « être » au lieu de «peut-être».[…] »
Le Plafond de Montaigne


vendredi 21 novembre 2014

Définitions chics


Incipit: 
Je commence toujours un livre comme j'aborde une fille: par une belle phrase. 

Jeu (vieux): 
Peut-être suis-je démodé, mais j’aborde toujours une fille comme je commence un livre: par une belle phrase.

In Dictionnaire chic de Philosophie



dimanche 16 novembre 2014

Misère du chiqué


Hier, comme prévu, j’ai dédicacé mon Dictionnaire chic. À cause d’une panne d’électricité, la séance n’a pas eu lieu au Bookstore, mais juste en face, de l’autre côté de l’avenue, au premier étage d’un petit restaurant: le Sésame. Il est venu du monde, comme on dit. J’ai improvisé une causerie qui tourna assez vite en une conversation aimable et détendue. L’ami Tristan, que je croyais à Paris, apparut par surprise. Ce fut un moment agréable. En rentrant chez moi, je songeai combien il est étrange que des gens se déplacent pour venir papoter avec un type comme moi qui se croit tellement seul quand il prend la déposition de ses humeurs. À ces occasions, je veux parler des séances de signature, j’apprends même que j’ai des lecteurs fidèles. En me lisant, des anonymes me connaissent davantage que je ne les connaîtrai jamais. La littérature impose un commerce des âmes inégalitaire. Ce samedi soir, cependant, j’ai reçu une belle leçon d’humilité. Je ne suis pas si incompris que je me plais à le croire. 


jeudi 13 novembre 2014

Dico-chico par-ci, dico-chico par-là...

BOOKSTORE 
27 Place Clémenceau Biarritz


Aurélia, Inès et Kristel, les charmantes demoiselles du Bookstore, nous accueilleront dans leur belle librairie le samedi 15 novembre à 17h. Nous aurons le plaisir d’y dédicacer notre Dictionnaire chic de philosophie (Écriture) et nous signerons même un nombre limité d’exemplaires du nom de notre nègre. Doudounes interdites. Familles nombreuses s’abstenir.  


mercredi 1 octobre 2014

Berthet et Sade, mes amis d'insomnies


Jérôme Leroy
auteur de 

L'Ange gardien
(Série Noire)


Depuis trois semaines, je suis la proie d’insomnies. Réveillé chaque nuit vers quatre heures, je passe le reste de la journée dans un état qui oscille entre l’anxiété et l’écœurement. Dès la fin des vacances, je me suis retrouvé dans un cauchemar courtelinesque. Au lecteur de passage, je ne ferai pas l'injure de rappeler que Georges Courteline excellait à railler les turpitudes administratives qui empoisonnent la vie d’un paisible citoyen. On m’objectera que Courteline n’est pas Kafka; que s’il n’y a rien d’agréable à se retrouver dans Messieurs les ronds-de-cuir, cela reste préférable à une immersion dans Le Procès. Sans doute. Mais rien n’est plus redoutable que la capacité de nuisance d’une bureaucratie. Il y a dans Courteline un fonctionnaire dénommé Ratcuit qui applique jusqu’à l’absurde le règlement. Dans mon cas, ce sont des Ratcuit  qui me forcent à leur rappeler la règle qui les oblige envers moi. Me voilà donc courtelinisé au point d’en perdre le sommeil. Le bon côté de la nuit blanche, est que l’on trouve toujours un ou deux amis pour échanger. Non pas de vive voix, mais dans une conversation silencieuse en harmonie avec l’heure: la lecture. Cette nuit, j’ai passé un bon moment avec Berthet, le héros de L’Ange gardien de Jérôme Leroy (Série Noire). Un tueur au service de la raison d’Etat, nostalgique du monde d’avant et lecteur des poètes. Au début de chaque chapitre, on veut tuer Berthet ce qui est une mauvaise idée, mais surtout une faute de goût. Berthet est un homme cultivé doté d’une âme mélancolique. Je lui donnerais volontiers toutes mes économies pour qu’il liquide les Ratcuit qui s’acharnent à miner mes nerfs. Une fois le contrat honoré, je l’inviterais à une bonne table afin qu’il me parlât de Michaux ou de Toulet. Après, qui sait, d'une balle de Sig-Sauer P220 tirée dans la tête, il me ferait basculer in the big sleep. Je goûte aussi à une autre compagnie nocturne, le marquis de Sade, avec qui, grâce à Gilbert Lely, je fais plus ample connaissance. Sade, un charmant méchant homme, le seul écrivain qui eut affaire à deux polices, l’une des mœurs, l’autre de la pensée — la plus bête et la plus violente des deux n’étant pas celle à laquelle on pense. Finalement, ma santé dût-elle souffrir de carences de repos, je me réjouis de ces rendez-vous discrets, avant l’aube, avec un tueur et un pervers.