Adolescent, j'ai habité la maison au premier plan, à gauche. Dans les années 1970 nombre de belles bâtisses qui ornaient cette avenue, qui surplombe l'océan, ont été détruites pour construire à leur emplacement des clapiers. L'Histoire a bien un sens: l'enlaidissement.
Nous sommes tellement d'accord, cher cousin, que c'est navrant.
RépondreSupprimerNéanmoins, imaginez combien l'endroit devait être agréable à vivre avant la pose de la toute première pierre... Et surtout le lancer du premier confetti.
La notion même de travail est en train de pourrir, avec ce qu’elle impliquait de conquérant et de productif : dans ce monde déjà tourné et retourné de fond en comble, le travail ne s’attaque presque plus nulle part à la nature brute, mais uniquement au travail humain précédent. De quoi était pour moi le symbole la destruction, que j’observais l’été dernier, des villas grotesques et touchantes de La Baule, remplacées une à une par des ensembles de béton : le travail exécuté et déjà pensé par la machine anéantissait le travail que la main a accompli, que le rêve même pauvre et la fantaisie même indigente a inspiré. L’instinct sent qu’une perversion particulièrement maligne, et qui tôt ou tard, obscurément, sera punie, s’attache à cette rage de défaire pour refaire, qui tourne à vide et ne moud rien.
RépondreSupprimerJe rêve quelquefois d’un nouveau Sermon sur la Montagne, qui ferait briller aux yeux du monde, avant qu’il soit trop tard, l’éminente dignité non plus des pauvres, qui s’éloignent, mais des Paresseux. Tant de mains pour transformer ce monde, et si peu de regards pour le contempler !
Julien GRACQ, Lettrines, Paris, José Corti, 1967, p.169.
Il me les faut, ces Lettrines de Gracq.
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