Un jour, enfant, je regardai avec ma mère une émission de variétés à la télévision où s’égosillaient les Compagnons de la Chanson. «Pourquoi se mettre à plusieurs pour chanter une bêtise pareille?, me dit-elle, un seul aurait suffi». Je reprendrai sa formule à propos de ce pensum collectif au titre grandiloquent: L’humain au centre du monde. Une trentaine de pense-menu sans le style ni l’ironie de Voltaire, leur modèle, pourtant, se sont regroupés pour «conserver l’héritage de l’humanisme» afin de «faire face aux enjeux de notre temps». J’avais été sollicité pour faire partie de cette entreprise. Non seulement j’ai décliné la proposition, car, comme je l’avais indiqué dans un précédent article, je n’ai rien d’un philosophe ni d’un intellectuel, mais surtout parce que je suis frappé d’irréligion en matière d’humanisme. J’ai même forgé un terme pour la désigner: ananthropie — an-privatif, anthropos-homme. Contrairement à bon nombre d’athées, je ne crois pas en l’humanité. Comme Cioran, je souhaite même qu’elle disparaisse, afin, peut-être, qu’on la regrette.
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