mercredi 13 décembre 2023

mercredi 6 décembre 2023

Fun memory


Quand j'étudiais la philosophie à l'université, nombre de condisciples s'entichaient de Deleuze, de Baudrillard, de Derrida, de Barthes, de Foucault, de Lyotard. Je vous jure que je n'invente rien!


 

lundi 27 novembre 2023

Prolégomènes à toute métaphysique future


En une, ce mois-ci, Philosophie Magazine pose cette question. Je croyais pourtant y avoir répondu. La vie n'a pas un sens, mais deux. On y entre la tête la première et on en sort les pieds devant.


 

vendredi 24 novembre 2023

En traînant, comme souvent...



En traînant dans le secteur du phare, je me demandais pourquoi tant de gens s'emballaient à l'idée d'aller voir le Napoléon de Ridley Scott. À mes yeux, ce cinéaste n'a réussi qu'un film, Thelma et Louise. Magnifique tragédie de la liberté. Roadmovie nihiliste. Deux héroïnes sublimes. Les autres réalisations de Scott m'ont laissé indifférent. La perspective d'assister aux tribulations de Bonaparte interprété par le bedonnant Joaquin Phoenix - et parlant la langue de Horatio Nelson! - serait pour moi une épreuve. Et puis, surtout, Chateaubriand et Madame de Staël m'ont convaincu de ne point estimer ce personnage. Un traîneur dans mon genre n'a que faire d'un type agité par des rêves de conquérant. À bas l'empereur! Gloire aux rois fainéants! 

jeudi 16 novembre 2023

Les fils d'Israël, jouets du Diable



Dans la bibliothèque de l'honnête homme, on trouve Le Livre des ruses. C'est la réjouissante compilation de textes arabes médiévaux, établie par René Khawam, qui relatent les coups tordus que des princes font à leurs ennemis ou à leurs sujets, mais aussi les arnaques, les forfaitures et autres duperies, que se réservent les simples particuliers. Mètis était la divinité grecque qui inspirait à Ulysse ses stratagèmes. On pense que Poros, l'Astuce — le daimon dont parle Platon dans Le Banquet —, est son fils. Satan, lui, est le dieu sémite qui aime à saboter les desseins du Très-Haut et à séduire ses créatures. À ce sujet, parmi les chapitres les plus amusants et, sans doute, parmi les plus édifiants, on lira «L'égarement des Chrétiens»(p.p. 124-125). Je résume. Jésus tente de faire croire à une petite foule qu'il est le fils de Dieu et qu'il apporte la concorde entre les hommes. Le Diable et ses complices ont pris place parmi les gens. Tandis que le premier feint l'enthousiasme, les seconds, se faisant passer pour de bons fils d'Israël, crient à l'hérésie. S'ensuit une engueulade générale. Et Whab Ibn Mounabbih, le narrateur, de conclure que, dès lors, «les gens se divisèrent en trois sectes, chacune croyant quelque chose qui différait de ce que croyaient les autres.»

jeudi 9 novembre 2023

L'Amour N°4


Dans la toute dernière édition de la revue de Frédéric Pajak, vous ne trouverez que de bons textes, avec de belles illustrations de dessinateurs et de peintres. Ma modeste contribution s'intitule: Orwell contre la littérature. J'y rappelle que l'auteur de 1984 plaçait la politique plus haut que l'art littéraire, considérait que les écrivains devaient être des propagandistes de gauche, plagiait sans vergogne Zamiatine, Connolly, Koestler, haïssait Swift — qu'il aurait bien enfermé dans un asile pour avoir écrit une œuvre d'un humour désespéré et désespérant: Les Voyages de Gulliver.

Orwell contre la littérature est la préface du recueil de textes paru aux éditions Louise Bottu: De l’écriture politique comme un art.

 

lundi 6 novembre 2023

L'amour dure 1h 15, spectacle de Frédéric Beigbeder


Une jolie camarade de classe embrasse Lenny pendant la récréation. Ils ont cinq ans. Elle lui dit qu’elle l’aime. Le soir, Lenny demande à son père, Frédéric Beigbeder, de l’éclairer sur la nature de cet étrange sentiment, l’amour. Leur conversation a-t-elle duré 1h15? C’est en tout cas le temps du spectacle pendant lequel Frédéric Beigbeder offre au public des «lectures sentimentales». Je dis «offre» car, assis dans un fauteuil club, vêtu d’un costume gris anthracite, portant une cravate à la Jean d’O, il nous régale d’extraits de romans, de poèmes, de lettres d’écrivains, de textes de chansons aussi émouvants que lucides. Sans la moindre lassitude, nous l’écoutons citer Houellebecq, Molière, Shakespeare, Musset, Baudelaire, Albert Cohen, Bukowski, Sagan, lui-même, et d'autres. Beigbeder cause, aussi, oscillant entre cynisme et autodérision, en vrai humoriste — non comme ces comiques qui nous accablent de leurs vannes. Un moment, il invite l’auditoire à un quiz. Qui reconnaîtra ce passage d’une œuvre, l’auteur de cette tirade, de ce billet d’amour? Le gagnant a droit à un «shot» de vodka. La marque? Le Philtre. Une production familiale. Pour les lettrés, une allusion, bien sûr, à Tristan et Iseut. Cette heure et quart doit aussi son chic au talent d’Émile Fournier, jeune pianiste qui ponctue le monologue de Beigbeder en jouant et fredonnant quelques mesures de standards de crooners. En regardant ce spectacle, je songeais que Beigbeder était tout le contraire de Luchini. Pas de cabotinage, pas de cuistrerie, pas de mégalomanie. Juste la simplicité du charme d’un éternel amoureux du peuple féminin et de la littérature.                


 

samedi 4 novembre 2023

Claire leçon de géopolitique (suite)


 Les bombardements sur Gaza ne sont pas juste des bombes, mais, bien sûr, des bombes justes. 

jeudi 19 octobre 2023

Houba !

 


En traînant hier à Biarritz, je suis allé à la Librairie Darrigade. Pour mon anniversaire, j'avais l'envie de m'offrir un Spirou, QRN sur Bretzellburg, et l'opuscule de Schopenhauer, Senilia, l'art de vieillir. Spirou me renvoie dans l'enfance, le Patron me rappelle mon âge. En repartant sur ma Vespa PX 125, j'eus l'idée de m'arrêter à la buvette du phare. J'ai pris Senilia afin d'en picorer quelques apophtegmes en buvant un Coca. Quand je tiens un inédit de Schopenhauer, je brûle d'impatience, comme on dit, de le parcourir avant de le lire. C'est comme si je venais de recevoir le courrier d'un ami cher, un complice intellectuel. J'ai donc ouvert l'ouvrage au hasard et j'ai lu: «L'enfer n'est autre que ce monde. Les hommes y sont tantôt les damnés, tantôt les démons.» Sur une autre page: «La misanthropie et le goût de la solitude sont des notions équivalentes.» Je ne sais si je suis un grand esprit, mais les mots du Bousilleur de métaphysiques rencontrent toujours ma sensibilité. Je crois pouvoir dire que Schopenhauer est le seul philosophe qui me parle. Maintenant, le Marsupilami, c'est quelqu'un, aussi!


samedi 14 octobre 2023

Fuir les peuples


En traînant à la Chambre d'amour, avant l'orage, je me demandais pourquoi des individus prétendaient appartenir à un peuple, sauf pour se permettre de mépriser ou de stigmatiser d'autres individus prétendant aussi appartenir à un peuple, et se donner la liberté de les persécuter. Quand un homme ou une femme me mentionne son appartenance à tel ou tel peuple - avec ses références religieuses, ses valeurs, ses traditions, bref avec tout son folklore - je suis pris de crainte. Comment, moi, qui ne fais partie de nul troupeau humain, vais-je être perçu par ce type ou cette bonne femme? Leur fierté grégaire ne me dit rien de bon. Aussi ma prudence de brebis égarée depuis toujours me conseille-t-elle d'aller traîner plus loin. 


 

dimanche 8 octobre 2023

Le plaisir de l'indignation


Les Afghans, les Ukrainiens, les Arméniens, les Israéliens. Dans mes jeunes années, les Vietnamiens, les Chiliens, les Palestiniens. J’ai toujours vu de belles âmes s’indigner du sort subi par des «peuples», des «nations», des «populations», des individus. Dans un élan de courage elles signent les pétitions d’intellectuels, défilent dans les villes paisibles. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, elles placardent le drapeau de tel ou tel pays, proclament «Je suis ceci», «Je suis cela». Je ne sais si les belles âmes feignent leur indignation. Je constate que pareille passion, dans son expression mélodramatique, présente pour elles les avantages non seulement de se mettre en valeur aux yeux des autres et de se dispenser d’agir autrement que par des gesticulations, mais, surtout, de s’instituer en procureurs. Car l’expérience m’a montré que si les belles âmes défendent une cause — sans nuire à leur confort — c’est pour accuser les suspects qui ne manifestent à son égard ni compassion, ni solidarité, ni intérêt. «Ils ne condamnent pas le Mal? Alors ils sont condamnables.» Suspecter, accuser, condamner les indifférents apporte toujours cette jouissance sans laquelle les belles âmes ne s’indigneraient pas. Je crains qu’elle ne soit leur seule motivation.      


 

dimanche 1 octobre 2023

Méditation au crépuscule


En traînant ce soir à la Chambre d'amour, peu après le coucher du soleil, je méditais sur les risques de malentendus entre les êtres. J'en suis venu vite à la conclusion qu'il n'y en avait aucun puisque Dieu n'avait donné les mots aux humains précisément pour qu'ils ne se comprennent jamais.


 

mardi 26 septembre 2023

Le traîneur et son ombre

 


En traînant dans mon quartier, hier après-midi, je suis passé devant le mur blanc qui entoure une propriété. Mon ombre s'y projetait. J'ai pensé à Platon, à sa parabole de la caverne du livre VII de La République et, aussi, à Adelbert von Chamisso l'auteur de L’étrange histoire de Peter Schlemihl. Platon affirme que les prisonniers de la caverne prennent leur ombre pour leur individualité propre, Chamisso conte l'histoire d'un homme qui, par cupidité, vend son âme au Diable et, dès lors, n'a plus d'ombre. Comment n'aurais-je pas songé, également, à Baudouin Villard, le personnage de mon roman, Rétrécissement, qui voit son ombre de l'épaisseur d'un câble serpenter sur le trottoir? En arrêt devant cet étrange reflet qui me ressemblait, je me suis dit que je n'étais pas le malheureux Baudouin, que je faisais bien la différence entre mon corps et son ombre, que le Diable, pas plus que Dieu, ne s'est jamais intéressé à mon âme. J'ai ajusté mon panama sur les yeux et j'ai continué à traîner.


samedi 16 septembre 2023

Miss Bloody et moi


Au centre d'analyses d'hémoglobine, la jeune vampire remplit ma fiche avant de prélever mon humeur. Elle me demande où je suis né. À Bobodioulasso. Où? Je répète et épelle. Quel pays? Burkina Faso. L'ordinateur ne trouve aucun des deux noms. La Draculette aux yeux verts écrit dans les rubriques respectives: Inconnu. Dans le petit cabinet, je lui fais, le temps de la brève piqûre, un cours d'histoire et de géographie. Elle reste persuadée que le Burkina Faso et Bobo Dioulasso sont des lieux que j'ai inventés. Ce n'est pas l'avis des Français qui s'en font actuellement chasser, lui dis-je. Miss Bloody sourit. Elle me prend pour un mythomane. Après tout, vous avez le droit de naître nulle part, déclare-t-elle. Oui, lui ai-je rétorqué. N'importe où, dès lors que c'est hors du monde.


 

vendredi 1 septembre 2023

Sunset


En traînant hier soir à la Chambre d'amour, et en essayant de regarder le soleil en face, je songeais que les vacances se terminaient. Même si je ne suis pas concerné par le retour au bagne, j'ai éprouvé la mélancolie de l'écolier avant la rentrée des classes.


 

mercredi 30 août 2023

La servitude désirée


Je conçois fort bien que des jeunes filles mahométanes revêtent au lycée ce seyant effet nommé «abaya». Si cela correspond chez elles à un besoin de provoquer l'autorité et de heurter la société, sans que pareille tenue ne représente pour elles une véritable marque de foi, elles réussissent leur coup. Les petites-bourgeoises des années 60 adoptaient le style hippie, celles des années 70 le style punk, celles des années 80 le style gothique, celle des années 90 le style grunge, etc. Hormis les hippies, les demoiselles de ces décennies-là se maquillaient, se tatouaient, se perçaient les parties du visage pour effrayer. Déranger et faire peur est le conformisme de l'adolescence, c'est bien connu, et le style abaya ne semble pas y échapper. Toutefois, si revêtir cet atour répond à un authentique acte de foi, alors il faut n'y voir que l'expression d'un désir de soumission — tout aussi répandu que la manie de choquer en se déguisant. Car la soumission, dans bien des cas, n'est pas tant volontaire, comme le prétendait La Boétie, que désirée. Qui dit désir d'être soumise dit jouissance à l'être et, surtout, à le paraître. Le narcissisme obéit aussi à la pulsion de l'enlaidissement et du rabaissement.


 

dimanche 27 août 2023

Philosopher à l'ombre?


En traînant à Biarritz, l'autre jour, la chaleur commençait à m'importuner. Impossible de philosopher. Je me suis alors demandé quelle était la température la plus favorable pour que mon esprit se lance dans l'élaboration de concepts. Je me suis souvenu que telle était pour Gilles Deleuze la vocation du philosophe. Avec ses "machines désirantes", ses "rhizomes", son "pli", que sais-je encore, Deleuze, en effet, sur ce point, ne nous a pas déçus. Mais philosophait-il par fortes températures? J'ai creusé ma mémoire pour me rappeler en quelle condition atmosphérique j'avais forgé jadis les concepts de "chichi", de "blabla", de "gnangnan". En vain. J'ai eu toutefois souvenir que si je n'avais pu peaufiner le concept de "concon" qui visait à définir des théories sur le bonheur, la joie, la vie réussie, ce n'était pas pour des raisons météorologiques, mais par flemme. Ma flemme connaît des variations, mais elle est mon unique climat intime.


 

dimanche 13 août 2023

Acide


Le prix de la Maison Rouge de Biarritz a été attribué hier soir à Victor Dumiot pour son roman Acide (éditions Bouquins).
Parution: jeudi 17 août.






 

mercredi 9 août 2023

En traînant dans le Gers


Une escapade dans le Gers évite d'aller en Italie. Je me satisfais d'une atmosphère - comme Des Esseintes qui renonce à aller à Londres après une promenade en calèche sur un boulevard parisien par une nuit brouillardeuse. Les voyages, je les laisse aux vacanciers.




 

vendredi 4 août 2023

En traînant dans mon salon


En traînant dans mon salon, l'autre soir, je me suis laissé tenter par la diffusion de Et pour quelques dollars de plus. J'ai vu ce film des dizaines de fois. Je ne m'en lasse pas. J'y trouve le même plaisir esthétique que j'avais éprouvé tout jeune adolescent. La violence, le cynisme, les plans si soignés... Certes, le jeu de Gian Maria Volonte - El Indio - n'est pas très sobre, mais il est compensé par le flegme de Clint Eastwood - Le Manchot - et l'élégance de Lee Van Cleef - Le Colonel-. Morricone joue aussi, bien sûr, sa partition. Sergio Leone aura été pour moi un éducateur esthétique. Un maître en pessimisme, aussi. Ses héros, pas très positifs, triomphent des salauds sans chercher à améliorer le monde.


 

lundi 24 juillet 2023

Aider à vivre


En traînant l'autre soir au-dessus de la plage de la Côte des Basques, je repensais à ce que disait, lors d'une réunion du jury du prix littéraire de La Maison Rouge de Biarritz, l'un des jurés. «Les écrivains nous aident à vivre.» Je n'avais pas relevé. En m'asseyant sur le parapet face à l'océan, j'ai songé à Lucrèce, Drieu, Pavese, Montherlant, Mishima, Caraco, Gary, Debord, mon ami Jaccard... Ces écrivains se sont suicidés — heureux d'avoir aidé leurs lecteurs à vivre...


 

dimanche 23 juillet 2023

Génie en repos


En traînant hier matin du côté de la plage de la Madrague, je n'ai eu aucune révélation mystique, intellectuelle, poétique. Pas même un début de pensée pouvant donner lieu à une réflexion philosophique. Cogitomètre plat. Mon génie est en vacances. Comme ça me repose!


 

vendredi 14 juillet 2023

En traînant très tôt


En traînant très tôt ce matin à la Chambre d'amour, je me suis souvenu que c'était le 14 juillet, jour de fête pour les amateurs de défilés, de feux d'artifice, de spectacles son et lumière. Un jour sacré pour les badauds. Un jour maudit pour traîner. Après un bain merveilleux, j'ai regagné mes pénates pour célébrer à ma manière les valeurs républicaines. Je n'en dirai pas davantage.

 


 

mardi 11 juillet 2023

En traînant à Hossegor


En traînant à Hossegor, samedi matin, non loin du Sporting dont la bâtisse paraît défraîchie et la piscine abîmée, je songeais à ce que devait être la poésie de cette ville balnéaire avant la démocratisation des congés. Il eût fallu interroger les grands pins, témoins de cette époque. Puis, en marchant, je remarquais que le ru du canal qui alimente le lac allait dans la direction opposée à la mienne. L'Océan retirait ses eaux du bassin. Il les renverrait dans quelques heures. C'est son habitude quotidienne que d'aller et venir ainsi. Sa façon de traîner dans les terres, me suis-je dit...



 

lundi 10 juillet 2023

Du côté du Miramar


En traînant à Biarritz, l'autre matin, j'eus la confirmation que la météorologie de l'âme et celle des plages pouvaient très bien ne pas coïncider.

 


 

vendredi 7 juillet 2023

En traînant dans mon quartier

En traînant ce matin dans mon quartier, je me suis arrêté au Kostaldea, le chiringuito qui surplombe la Petite Chambre d'amour. Le café y est bon. Des moineaux s'invitent à ma table pour becqueter des miettes de viennoiseries puis s'envolent. Parfois, l'un d'eux reste. Il me regarde. Guette un geste généreux de ma part. Je lui donne un petit morceau de «speculoos» servi en sachet dans la sous-tasse. Il s'en va le manger ailleurs. Ses amis rappliquent. Réclament avec force cui-cui la même friandise. J'aime bien ces oiselets bruyants et audacieux, même s'ils sont intéressés. Mais quel vivant n'est pas mu par l'intérêt? Du bigorneau à la sainte, la Création est maudite.

samedi 24 juin 2023

En traînant du côté de la Madrague


En traînant, l'autre jour, du côté de la plage de la Madrague, je repensais à la configuration de ce lieu quand j'avais seize ans. J'y venais sur ma Honda rouge et blanche 125. Je garais la moto dans les pins, puis je marchais dans les dunes parsemées de chardons pour atteindre le sable. Il y avait peu de monde. Des surfeurs, des jolies. Pas de familles, pas de marmaille. Je ne suis pas sûr que le spot s'appelait La Madrague. Je n'ai plus ma japonaise, mais une italienne. Une Vespa. Toute indiquée pour faire le tour des plages désormais dotées de chiringuitos où on me sert un smoothie bien frais, la boisson de la dolce vita estivale.


 

jeudi 22 juin 2023

Le Che on the road


Je me suis procuré cet ouvrage de Guevara écrit avant qu'il ne devienne El Che. En 1951, le jeune étudiant en médecine décide avec Alberto, son condisciple de la faculté, de parcourir les routes de l'Amérique latine, de l'Amérique centrale, et d'atteindre les États-unis. Ils n'y vont pas pour y fomenter une guérilla. Ils ne sont animés que du désir d'aventure picaresque de chevaucher tous deux La Poderosa II - La Vaillante -, une Norton 500cc, qui leur permettra de traverser l'Argentine, le Chili, le Pérou, le Venezuela... Durant ce périple, Guevara prend des notes. Il voit à quel point ce continent est sous la botte yankee. Il n'est pas encore le combattant ni le théoricien que le monde connaîtra. Mais ce beatnik avant la lettre, qui rédige ses notes à la belle étoile, dans des abris de fortune, chez des peones hospitaliers, aiguise sa conscience révolutionnaire sur la selle de la moto anglaise. Sergio Leone a-t-il pensé à lui en créant à l'écran le personnage de John, le républicain irlandais qui sillonne les routes du Mexique au guidon de sa Harley Davidson? James Coburn ne ressemble pas à Guevara et Guevara n'a pas l'ambition littéraire de Kérouac. À 22 ans, Guevara est sur la route, prêt à dynamiter le monde. Il ne le sait pas encore.


 

mercredi 31 mai 2023

Jérôme Garcin a lu Rétrécissement. Merci !


[…] «Rétrécissement est le prolongement romanesque, kafkaïen et poignant de tout ce que, depuis vingt ans, le dandy nihiliste soutient dans ses essais» […]

Lire la suite dans L’Obs


 

vendredi 26 mai 2023

Chez Lapérouse


    Frédéric Beigbeder m'a reçu chez Lapérouse, maison de plaisirs, pour que nous devisions de mon roman, Rétrécissement (clic). Je le remercie. 


 

mardi 23 mai 2023

L'ami Jean-François Duval et notre Rétrécissement


Jean-François Duval (clic):

Avec Rétrécissement, Frédéric Schiffter a réussi un formidable roman! Il se lit d'une traite. D'une certaine façon, si la chose avait encore un sens, on le rangerait sur le même rayon de bibliothèque que L'Étranger de Camus ou La Nausée de Sartre (pas sûr que l'évocation de ces deux auteurs plaise forcément à l'auteur…). Pourquoi? Parce que, loin du bla-bla et du chichi de la majeure partie de la production romanesque actuelle, c'est un livre avant tout de nature existentielle, dont les péripéties nous tiennent cependant doucement en haleine. Surtout, au contraire des deux auteurs précités, Schiffter a l'art de faire s'esclaffer son lecteur au détour de plus d'une page (c'est plus drôle que Houellebecq par exemple, bien qu'on y parle comme lui d'une certaine condition humaine aujourd'hui). Oui, humour d'une présence constante et réjouissante, dopante même, malgré le dramatique «rétrécissement» du héros, un type où beaucoup d'entre nous sont susceptibles de se reconnaître (Schiffter a des traits communs avec lui, mais moi aussi, qui d'autre?, à vous de me le dire). On a le bonheur de se retrouver à la fois comme chez Buster Keaton, Woody Allen, Giacometti ou Beckett. Ça aurait tout aussi bien pu s'intituler L'homme qui rétrécit. Il y des phrases formidables qu'on pourrait graver sur les poutres de son plafond comme le fit jadis Montaigne, et s'amuser à les relire au passage. Giacometti, comme je l’ai dit, y aurait trouvé des échos de ses figures filiformes, et Beckett de ses inexorables et progressifs balbutiements tels qu'ils s'achèvent dans Comment dire.


 

jeudi 18 mai 2023

Bruno Lafourcade a lu Rétrécissement .


L’HOMME QUI RÉTRÉCIT

J’avais vu L’Homme qui rétrécit, de Jack Arnold, dans une petite salle de l’impasse Saint-Polycarpe. Le personnage, fidèle au titre, rétrécissait. Il consultait; en vain. Un monde nouveau s’ouvrait à lui, effrayant, avec ses objets transformés en obstacles et ses animaux en prédateurs. Je ne sais si Frédéric Schiffter a pensé à ce film en écrivant son roman, Rétrécissement(clac). Son anti-héros, attachant et poignant, Baudouin Villard, professeur de philosophie, et auteur d’essais rangés par la critique avec ceux des «petits maîtres», subit, lui aussi, une réduction spatiale et corporelle: il commence par emménager dans un appartement plus petit; lui-même mincit, maigrit: il flotte dans ses vêtements comme il flotte dans le monde.

Notre homme-en-trop est d’ailleurs poussé vers le rétrécissement, comme on l’est vers la sortie, par ses proches, croqués d’après nature. Il y a la future ancienne épouse, Federica, modèle de battante, qui lit des ouvrages de développement personnel, remplis de connaissance de soi dalaï-lamesque; ils lui ont révélé qu’elle était «sous l’emprise» de son écrivain sans succès – ouf ! elle a un prétexte pour lui préférer un homme d’affaires, certain Sicard, sicaire du béton, corrompu et corrupteur, dont elle attend «un CDI matrimonial». Il y a Thomas Masure (encore un nom prédestiné), l’ami, le fidèle, le solide, ce roc, ce cap, cette péninsule, qui devient le retourné archétypal. Il y a la sœur, Isabelle, peut-être le personnage que l’on adorera le plus détester, «très fière de son métier, d’elle-même, de tout ce qui la concerne». Elle a d’ailleurs l’habitude des diminutifs américanisants – Jerry, Charlie – qui sont précisément une façon de rétrécir les gens. Elle, ce qu’elle ne supporte pas, c’est de partager l’héritage familial, puisqu’elle était la préférée de leur père. (On appréciera, dans tous ces portraits, l’ironie des italiques.)

Rétrécissement est donc un roman sur l’humiliation (d’autant plus efficace que Baudoin la regarde avec distance); il ne s’y limite pas: il y a des pages très justes sur le couple, l’amitié, le travail, la famille; et quand Baudouin Villard fait la connaissance de son voisin, Pierre Lévy, de sa fille, Betti, et du docteur Nadaillac, auteur d’une thèse sur l’ennui, le récit ouvre d’autres perspectives à notre Roquentin sans nausée. On n’en dira pas davantage, sinon que l’on a pensé, tout au long de ce beau récit sans graisse ni tortillage, drôle et sombre, au mot de Henri Calet (peut-être dans Peau d’ours): «J’écris dans la mesure où je n’existe pas.» 

Lire Bruno Lafourcade (clic).


 

mardi 16 mai 2023

Rétrécissement par deux lecteurs de qualité


 

Merci Michèle Furtuna

«Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre» écrit Montaigne dans le livre III des Essais

Pour autant, on ne se livrera pas ici au petit jeu qui consiste à débusquer le vrai dans le faux, le faux dans le vrai, et réduit la littérature à un joli calque. On s’y refuse absolument car elle vaut infiniment mieux que ça. Tout est vrai ici donc tout est faux, tout est faux donc tout est vrai. Rétrécissement de Frédéric Schiffter est un roman, s’annonce comme tel et tient ses promesses. Un très bon roman, même. 

Le narrateur un tantinet désabusé, Baudoin Villard, en nous racontant sa vie, en nous parlant de son métier de professeur de philosophie, de son expérience de l’amour et de la conjugalité (il est en plein divorce), de l’amitié, de la famille, nous livre de manière élégante, fine et jamais sentencieuse, son regard sur tous ces sujets. Lesquels sujets conduisent à un élargissement du propos, du singulier vers l’universel, le narrateur a lu Montaigne: parler de soi, c’est parler de tous les hommes, des questions essentielles que se pose tout être qui réfléchit à son humaine condition. À son rapport au temps, à sa géographie personnelle (temps et espace sont deux sujets primordiaux ici), à sa relation aux autres, à la société, à la maladie, à la mort. Et même à sa relation à la littérature et à la philosophie.

D’astucieux biais narratifs (les discussions avec le voisin Lévy, la thèse du psychiatre, la lettre de l’infirmière, etc.) permettent la polyphonie et l’introduction de points de vue extérieurs, dans un récit écrit à la première personne, léger, jamais verbeux, souvent très drôle par-delà sa tonalité mélancolique.

Les derniers chapitres sont absolument bouleversants, on les lit d’une traite, et on termine essoufflé et sonné.

Merci, Pierre Latiere

Rétrécissement est un livre rare car 100% sans moraline, sans indignation, sans analyse psychologique (de comptoir) des personnages. Il s’en tient à ce qui est. Et à ce qui doit fatalement arriver. Il ne flatte pas (c’est un euphémisme) celles qui sont devenues les principales cibles du marketing littéraire: les femmes. Le style est toujours aussi svelte et juste. C’est un roman «tragique»: il ne cherche pas à cacher le caractère tragique de la vie et du réel, au contraire il l’expose cliniquement. Le paradoxe est qu’on peut même le lire en riant, comme Kafka quand il citait à ses amis des passages de La Métamorphose


 

jeudi 11 mai 2023

Frédéric Bécourt a lu Rétrécissement


Impression de lecture de l’écrivain Fédéric Bécourt, auteur de Attrition et, tout récemment, de Un vent les pousse (clic) — excellent et terrible roman sur la bêtise bienveillante qui opprime notre époque. Merci !

«Trois ans après Jamais la même vague (Flammarion, 2020),Frédéric Schiffter publie (aujourd’hui même) son deuxième roman. 

Rétrécissement relate le parcours chaotique de Baudouin Villard, un écrivain et prof de philo à la quarantaine dépressive, en instance de divorce et qui chaque jour s’isole davantage. Dont la présence au monde et le champ des interactions sociales se rétrécissent, en quelque sorte, d’où le titre du livre. Le style est toujours sobre, les phrases courtes et ciselées. Le propos, lui, est très personnel. Sincère, surtout. De cette sincérité désarmante qui parfois nous ébranle et nous mouille un peu les yeux. Nous voilà plongés dans une littérature à l’étouffée, marinée dans le vécu, assaisonnée par le souvenir des jours heureux et celui, plus amer, des déconvenues et des humiliations. Et si tout sonne juste, c’est parce que tout est vrai, à défaut d’être authentique. Grâce aux artifices qu’autorise le roman, Schiffter brouille les pistes et contourne les chausse-trapes de l’autofiction. On ne sait jamais vraiment quand l’auteur s’expose. Aussi, il n’est jamais dans la posture ou l’affectation. Simplement, il observe et rend compte du monde, tel qu’il lui apparaît, de la fragilité des liens humains (et des relations de couple en particulier), du poids du passé familial ou des affres de la fin de vie... Toujours avec lucidité et sans la moindre complaisance. À travers le personnage de Baudouin, l’auteur ne s’épargne pas lui-même, au contraire, on dirait même qu’il se réserve les coups les plus durs. Mais c’est chaque fois mérité, nous laisse-t-il penser, en tout cas l’occasion de retenir une leçon. Des leçons, précisément, Rétrécissement  n’entend pas en donner, et c’est très bien ainsi. La littérature n’est pas censée nous apprendre à vivre ou nous faire du bien, Frédéric Schiffter le sait. Sans chercher à plaire, et encore moins à se plaindre, il livre un récit puissant dont la fin est particulièrement réussie, tant sur la forme que sur le fond. À la fois sobre et érudit, ironique et poignant, ce texte m’a touché par sa sincérité, je l’ai déjà dit, mais aussi par sa profonde humanité. Et c’est là, me semble-t-il, le propre des meilleurs romans.»


 

mercredi 10 mai 2023

Pauvres Français...


Les Français se rappellent-ils les millions de vie que notre président a sauvées en les emmerdant pour qu’ils se vaccinent? Les ingrats, les irresponsables, les terroristes intellectuels... 


 

lundi 1 mai 2023

Méditation sur un banc


En traînant ce matin à la petite Chambre d'amour, je pensais à cette réforme des retraites qui a suscité tant de «remuements» — pour parler comme Machiavel — chez les salariés. Ce fut pitié, me disais-je en regardant la mer, d'entendre les bureaucraties syndicales et les partis de gauche opposer aux arguments économiques du gouvernement d'autres arguments économiques. Misère de la raison comptable!, me suis-je écrié in petto. La question n'est pas là! Allonger les années passées au travail est criminel. Un gang de technocrates au pouvoir vient de voler aux gens du temps à vivre. Il s'agit d'un casse existentiel. Jamais l'idée anarchiste de récupération prolétarienne n'a eu autant de sens qu'aujourd'hui, ai-je songé remarquant que le ciel s'éclaircissait. Alors, je me suis posé sur un banc et j'ai écrit ces quelques lignes.


 

mercredi 19 avril 2023

Un roman existentialiste sans humanisme...


J’ai reçu mes exemplaires d’auteur. Qu'on ne vienne pas me dire que je souscris à la mode houellebecquienne du titre réduit à un mot. C'était la marque de fabrique de mon cher Thomas Bernhard. Quelques pages de mon roman lui rendent hommage. Parution le 11 mai.