mercredi 31 janvier 2018

La grande pigrizia


Soirée du 30 janvier agréablement perdue
 au Parvis de Pau à causer de nos
Journées perdues (clic)




mardi 30 janvier 2018

Pau, ce soir


Gabriela Manzoni
Ce jour même, mardi 30 janvier 2018, à 18h, nous serons au Parvis Leclerc de Pau pour deviser avec Marc Belit, en public, de nos Journées perdues. C'est d'une humeur parfaitement égale que nous entendrons les éloges de nos admiratrices.teurs de même que les injures de nos  détracteurs.trices.     

mardi 16 janvier 2018

Note sur les macronisés


Quand, lors de la campagne de l’élection présidentielle, je voyais dans ses meetings Emmanuel Macron déclarer aux gens son amour, les encourager à devenir milliardaires, leur faire miroiter l’idéal d’une startupisation de la nation, quand je l’entendais tenir tant d’autres propos vulgaires, je me disais qu’il était le candidat idéal des bonnes femmes. Autour de moi, nombre de bonnes femmes, justement, le trouvaient exquisément atypique. Les bonnes femmes adorent tout ce qu’elles croient atypique. Ainsi s’imaginent-elles n’être pas des bonnes femmes. Et, bien sûr, leur vote a profité à Emmanuel Macron. Avec lui, ont-elles pensé, la France même deviendrait atypique. Ce que je n’anticipai pas c’était que les hommes allaient voter comme les ou leurs bonnes femmes. Complètement bonnefemmisés, ils ont eux aussi voté en masse pour le candidat atypique. Ce n’est pas une orientation politique qui a déterminé leur choix, mais l’habitude, à laquelle il trouvait un immense plaisir, de voir Emmanuel Macron tel que le montraient les journaux et les télévisions, qui, pour la plupart, sont des journaux et des télévisions pour bonnes femmes. Depuis l’intronisation d’Emmanuel Macron, la bonnefemmisation des esprits s’est bien sûr amplifiée. Tout le personnel journalistique, médiatique, politique, la quasi totalité des Français communient dans le culte du président atypique dont le programme sous couvert d’effacer le clivage entre la droite et la gauche, consiste à creuser le fossé entre les riches et les pauvres, à permettre aux premiers de faire une guerre impitoyable aux seconds. Entouré moi-même de personnes — des voisins, des proches, des intimes — qui, comme je l'ai dit, ont toutes voté pour Emmanuel Macron, par là même observateur privilégié et attentif de leur forme d’intellect, je puis affirmer que les adjectifs bonnefemmisé et macronisé peuvent être utilisés de manière équivalente dans la mesure où tous deux décrivent l’état d’un crâne fourré jusqu’aux orbites non pas d’une pensée unique mais homogène. Ayant connu les sept règnes présidentiels qui précédèrent l’élection d’Emmanuel Macron, jamais je ne vis pareille soumission femelle massive, presque totale, à une figure du pouvoir. Voilà la connaissance d’un phénomène dont je me serais bien passé, mais la vie ne laisse jamais de m’instruire contre mon gré.     

mardi 9 janvier 2018

Lettre du marquis de Pinsaguel à Madame de *** sur les dangers de l'étiolement philosophique


Château de Pinsaguel

Je ne résiste pas au plaisir de montrer aux abonnés de ma page la trouvaille que j’ai faite en consultant les archives de la Bibliothèque Régionale de Toulouse. Il s’agit peut-être du premier document faisant état de l’étiolement. C’est une lettre adressée à une dame de haute naissance — dont je n’ai pas réussi à identifier le nom — écrite de la main d’un gentilhomme, Monsieur de Costesesque, marquis de Pinsaguel, datant du 13 mars 1652: «J'ai peur Madame, que vous croyiez que je ne parle pas ici sérieusement; mais cela serait contraire au respect que je vous dois, et que je ne manquerai jamais de vous rendre. Je puis dire, avec vérité, que l’habitude que j’avais prise il y a peu de temps de me vouer à la lecture des philosophes et à l’exercice de la raison dont ils font exploit, que cette habitude, donc, m’a plongé depuis des semaines en une sorte d’alanguissement de mes esprits animaux. C'est cette terrible incommodité que mon docteur, le savant Monsieur Poutard, nomme étiolement, qui m’a poussé à la décision de me retirer aux champs d’où je vous écris. Car à la ville, qu’elle soit la plus occupée du monde ou la plus tranquille, le risque est trop grand d’y rencontrer des gens qui se piquent de philosophie et qui, non encore atteints par l’étiolement, pourraient aggraver le mien. Si je prends la liberté de vous écrire, Madame, c’est pour vous mettre en garde contre tout quidam se coiffant de la qualité fantaisiste d’«ami de la sagesse» qui ne manquera pas de provoquer chez un être de nature délicate, tel que vous Madame, un dépérissement de l’entendement et des muscles. Mais ce billet m’a coûté de la force. Je souhaite qu’il armera votre prévention contre le danger de l’étiolement philosophique et qu’il vous rappellera que je suis, Madame, votre indéfectible serviteur.» Bien évidemment, si mes recherches me conduisent à dénicher d’autres pépites de ce genre, je ne manquerai pas de les publier ici afin de satisfaire au désir d’édification de mes lecteurs.

mardi 2 janvier 2018

Note sur la question de l'étiolement

Nous avons déjà indiqué au lecteur de cette page que nous préparions un essai sur l’étiolement personnel. Or, en amassant de la documentation pour les besoins de notre travail, nous sommes tombé sur ce rapport datant de 2013 établi par le professeur Edward Sampson à la demande des instances de l’OMS, et qui, très heureusement, traite de notre sujet. Nous en traduisons ici un passage des plus instructifs: «Si on observe la nature de l’étiolement (etiolation) on constate qu’il tire très certainement son origine du goût pour la philosophie. L’âge d’or en était exempt. L’âge d’argent, qui le suivit, conserva encore sa pureté. L’âge d’airain donna naissance au goût pour les idées. L’étiolement apparut alors ici et là, mais en des foyers circonscrits. C’est à l’âge de fer qu’il se répandit avec force dans le monde en vertu de sa contagion et que l’on vit émerger les diverses formes de diminution mentale et physiologique qui affectent les hommes depuis des siècles. Le platonisme produisit les humeurs aiguës et frénétiques; l’aristotélisme, la jaunisse et l’insomnie; c’est du matérialisme antique que vinrent les léthargies, les paralysies et les langueurs; le thomisme fit les inflammations de poitrine; le cartésianisme, les syncopes, le spinozisme les hallucinations géométriques, l’hégélianisme la gale; le nietzschéisme donna la goutte et les idées noires; le marxisme la rougeole; le scorbut fut la conséquence directe du positivisme, la dysenterie celle de la philosophie analytique du langage. Le structuralisme causa l’apoplexie; les neurosciences aggravèrent les migraines et les transports au cerveau; les études de genre générèrent les troubles de la libido […]» Deux pages plus loin, Sampson introduit une remarque intéressante: «L’objectivité nous pousse à signaler que d’autres chercheurs avancent l’hypothèse que ce ne serait pas ces doctrines qui suscitèrent ces troubles mais, à l’inverse, que ce serait ces troubles qui suscitèrent pareilles doctrines. Selon l’équipe du Dr Herbert Cohen-Livak, l’hédonisme solaire, par exemple, procèderait de crises aiguës de ballonnements accompagnées de bouffées mégalomaniaques.» […] «Sans faire le départ exact entre la cause et l’effet, reprend Sampson, on peut néanmoins affirmer que la philosophie à elle seule a engendré plus d’étiolement que tout le reste ensemble des microbes, virus et parasites, mais que, comme elle débite à son sujet le persuasif mensonge selon lequel elle serait le remède aux maux qu’elle provoque, au lieu de la blâmer et de se prémunir de ses effets morbides, les hommes la louent et s’y adonnent comme s’il s’agissait d’une médecine salvatrice pour l’esprit et le corps». Et Sampson de conclure: «Autant dire que la situation s’avère préoccupante». Inutile de préciser que nous ne partageons pas la préoccupation de l’auteur de ce rapport dans la mesure où nous concevons l’étiolement ni comme un bien ni comme un mal mais, sauf accident, comme une nécessité de l’existence. N’en déplaise au professeur Sampson, ce n’est pas en supprimant la lecture des philosophes, recommandation sanitaire que nous considérons au demeurant comme positive, que l’homme cessera d’être l’existant-pour-l’étiolement. Mais nous en avons dit assez sur ce point.