vendredi 22 février 2013

Relire saint Augustin


Djihadistes décomplexées

«Mais aussi, un groupe de terroristes est-il autre chose qu’un petit empire, puisqu’il forme une espèce de société gouvernée par un chef, liée par un contrat, et où le partage du butin se fait suivant des règles établies? Que cette bande malfaisante vienne à grossir en recrutant des hommes violents, qu’elle s’empare de places pour y fixer sa domination, qu’elle prenne des villes, qu’elle subjugue des peuples, la voilà qui reçoit le nom d’Etat, non parce qu’elle a renoncé à ses entreprises de rapine, mais parce qu’elle a su accroître son impunité. C’est ce qu’un pirate, tombé aux mains d’Alexandre le Grand, sut fort bien lui dire avec beaucoup de raison et d’esprit. Le chef d’Etat lui ayant demandé de quel droit il terrorisait ainsi les mers, il lui repartit fièrement :”Du même droit que tu terrorises les terres. Mais comme je n’ai qu’un petit navire, on m’appelle pirate, et parce que tu as une grande armée, on t’appelle empereur”».

Saint Augustin 
La cité de Dieu, L.IV, chap. 4


vendredi 8 février 2013

Du nihilisme comme de l'un des beaux-arts (suite)


Albert Caraco


"Portrait de l’auteur: […]On sent d’abord qu’il n’aime pas la vie, son corps lui pèse étrangement, il aurait préféré n’en avoir point ou bien de l’avoir glorieux, il est rassasié de jours depuis le temps qu’il est au monde, il trouve absurde les arrangements qui perpétuent notre existence, à commencer par l’obligation de se nourrir et ce qui en découle. […] L’amour est à ses yeux une bizarrerie et que ces hauts élancements ne doivent aboutir qu’à l’opération une et la même, n’importe les espèces, n’est pas sans l’étonner, les femmes au surplus lui semble l’unité multipliée par légion, ce commun dénominateur qu’elles ont toutes l’indispose. Pour les enfants, il ne les goûte que débarbouillés et pomponnés, ce durant un demi quart d’heure, mais il ne voudrait se charger d’aucun, fût-ce l’enfant Jésus, leurs questions sempiternelles et leurs amusements du ridicule le plus achevé lui feraient préférer quelque poisson dans un bocal. Il ne hait pas les animaux et leurs combats le désennuient, il lui plaît fort de les voir se manger les uns les autres, il y retrouve une leçon de choses et pleine d’applications suivies, le lot des nations est là préfiguré, la différence n’est pas grosse.[…]"
Albert Caraco
Le semainier de l'incertitude