vendredi 20 juillet 2018

L'ennui estival

Gabriela Manzoni

Avec, l’an passé, l’élection de Macron, et, cette année, avec la victoire des bleus à la coupe du monde de football, j’ai la sensation d’avoir été condamné à une double peine de connerie nationale. En pareils moments, je m’exilerais bien en un séjour abrité de la stupidité et de la vulgarité plébéiennes, mais, bien sûr, nul endroit en cette terre n’en est épargné. Je n’ai jamais vécu en régime totalitaire où la coercition est telle qu’elle obtient une homogénéité des pensées et des sentiments; cependant, dans ces moments d’effervescence politique et sportive où la liesse de la foule idolâtre s’impose comme un impératif affectif, je crois qu’on en approche. En Macronie, «Unanimité» est désormais la devise gravée aux frontons de la république comme sur le front de mes concitoyens.

Je ne suis pas très satisfait de ma conférence sur Clément Rosset. J’aurais dû coller davantage à sa conception du double et ne pas tenter d’éclaircir sa notion de joie comme force majeure — notion qui m’a toujours laissé perplexe. N’étant capable, contrairement à d’autres, de n’expliquer avec clarté que ce que je comprends bien, j’ai le sentiment d’avoir cafouillé sur ce point. Maintenant, je relativise mon regret en songeant que ceux qui prétendent comprendre cette notion de joie — qu’elle soit nietzschéenne ou rossétienne — ne sont jamais guère plus intelligibles. 

Dans cette touffeur estivale qui ajoute à mon ennui, je ne trouve rien de neuf à lire. Je me rabats donc sur les deux auteurs que je vénère depuis l’enfance et l’adolescence, Hergé et Molière. L’univers de Tintin fut le refuge de mes crises de cafard quand je perdis mon père, le théâtre de Molière la consolation humoristique de la misanthropie que je contractai dès mes douze ans sans jamais en guérir. Vu l’art avec lequel Hergé dépeint ses personnages de comédie, je serais prêt à parier qu’il connaissait son Molière. Quant à moi, c’est toujours avec grande jubilation que je relis Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux. Du point de vue de l’intellect je suis Philinte, du point de vue du caractère Alceste. En moi-même comme sur la scène, l’ombrageux ne retient rien des conseils avisés et amicaux que lui prodigue l’homme prudent — tel que l’entendait Baltasar Gracián. Mais comme aimait à le répéter Clément Rosset chaque fois qu’il ruinait l’illusion d’une réforme de soi-même, «on ne se refait pas».   

dimanche 15 juillet 2018

L'ami Micaël


Micaël : 
Les Schiffterini devant le coucher de soleil

vendredi 6 juillet 2018

Conférence du 7 juillet à Biarritz


Néo-Mexique juillet 2013

Chers abonnés,
Apprenez que demain, samedi 7 juillet, à 16h, à la médiathèque de Biarritz, je donnerai une conférence en hommage à mon maître et ami Clément Rosset disparu le 27 mars dernier. L’entrée sera libre.

Brève présentation :
Voir la réalité en face avec Clément Rosset

Parmi les philosophes français contemporains, Clément Rosset fut le seul à garder la tête froide à l'égard de toutes sortes d'emballements théoriques, politiques ou moraux. Servie par une écriture limpide et épicée d'un humour souvent féroce, sa pensée le classe parmi les grands maîtres de la désillusion, tels Schopenhauer, ou Cioran — son ami. Ses ouvrages se lisent comme de jubilants exercices de démystification indispensables pour notre temps.