vendredi 9 mai 2025

Ceci n'est pas un génocide


En 1943, Raphaël Lemkin, juriste américain d’origine polonaise, crée le terme de «génocide» pour désigner «un crime commis avec l’intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux». En 1948, l’ONU adopte la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide et reprend la définition de Lemkin. Officiellement, l’ONU mentionne trois génocides au vingtième siècle. Le premier perpétré contre les Arméniens (1915-1923), le deuxième contre les Juifs d’Europe (1941-1945), le troisième contre les Tutsis rwandais (avril-juillet 1994). 

Peut-on parler d’un tel crime dont l’État israélien se rend coupable dans l’enclave de Gaza depuis octobre 2023? Si les bombardements massifs et incessants causant la mort de dizaine de milliers de gens, si la destruction systématique des hôpitaux et l’élimination des équipes médicales, si l’entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire provoquant famine et épidémies étaient intentionnels, il y aurait génocide. Or, il est patent que l’État juif NE FAIT ABSOLUMENT PAS EXPRÈS de raser Gaza, d’en massacrer les habitants et, bientôt, d’en déporter les survivants. Tout cela se produit par inadvertance. On voit très bien quelle pensée nauséabonde s’exprime chez ceux qui prétendent le contraire.


 

samedi 15 février 2025

Le bon temps...


Quand je faisais mes humanités au lycée de Biarritz, j'avais des camarades fâchés avec les études. Pareille négligence leur avait valu l'exclusion de l'établissement. Pour les mettre dans le droit chemin, leurs parents, d'honnêtes commerçants catholiques, les envoyèrent au collège Notre-Dame-de-Bétharram, non loin de Pau, tenu d'une main ferme par des ecclésiastiques. Internes, privés de sortie certaines fins de semaines, ils nous racontaient, quand venait le temps des vacances, les châtiments corporels qu'enduraient les jeunes garçons de la part des messieurs en soutane. Ils nous dirent même que d'aucuns, parmi ceux-là, furent initiés aux mystères de l'amour sodomite par ceux-ci. En entendant ces témoignages, je me disais que s'il faut administrer des corrections à des garnements sans oublier de les introduire à la pratique de certains plaisirs charnels, autant confier pareille tâche à des hommes de Dieu dont je ne puis douter qu'ils sont pénétrés de l'amour du Christ. Aujourd'hui je continue de penser qu'il est essentiel d'honorer les racines chrétiennes de la France. 


 

mercredi 5 février 2025

Rousseau et moi


En traînant à la Chambre d'amour, hier, je pensais à Jean-Jacques Rousseau. Comment l'auteur des Rêveries du promeneur solitaire a-t-il pu rédiger Le Contrat social et deux projets de constitution, l'un pour la Corse, l'autre pour la Pologne? Que lui importait le destin politique de ces contrées et de leurs peuplades? Moi qui pourrais intituler la somme de mes billets Les Songeries du traîneur balnéaire, je suis incapable de réfléchir à l'établissement d'une constitution du Pays basque ou, même, de la France — laquelle, dit-on, en dispose déjà d'une. Quant à élaborer une théorie du contrat social, la chose me paraît plus éloignée de moi encore tant je tiens les humains pour un ramassis de canailles ingouvernables. Rousseau, me suis-je dit, était donc un faux contemplatif. Eût-il été absorbé par des idées flottantes, il n'aurait pas suscité l'admiration du jeune Bonaparte — ni les railleries de Voltaire. «En tout cas, ce n'est pas à moi qu'on fera le sale coup de transporter mes cendres au Panthéon», me suis-je dit en recevant les tendres baisers des embruns. 


 

dimanche 2 février 2025

De la xéno-anxiété


«Il est des idées d'une telle absurdité que seuls les intellectuels peuvent y croire», écrivait George Orwell. C'est le cas de son idée de common decency (décence commune), vertu à laquelle il croyait et qu'il prêtait aux gens modestes — au «peuple», comme on dit chez les politiciens et les militants de tout poil. Le «sentiment d’une submersion migratoire» partagé par près de 70% de Français apporte la preuve irréfutable de leur décence, celle de l'honnête commerçant que Jean Carmet incarnait à l'écran dans le film d'Yves Boisset Dupond Lajoie (1975).


 

jeudi 30 janvier 2025

Conte d'hiver


En traînant à la Chambre d'amour, j'ai vu des écriteaux fixés sur des barrières mettant en garde les promeneurs contre les submersions que pourraient causer les puissantes vagues océanes. Décidément, me suis-je dit, le mot «submersion» revient souvent en ce moment. Peut-on avoir le sentiment d'être submergé par une forte marée, sentiment semblable à celui que, paraît-il, éprouveraient mes concitoyens relativement aux vagues migratoires? Le problème avec les métaphores, me suis-je dit, est qu'elles frappent les entendements limités, raison même de leur efficacité idéologique, psychologique, surtout. Ainsi, quand je vis un quidam désireux de passer outre aux interdictions de franchir les barrières de la promenade submersible, je lui demandai s'il ne craignait pas de se faire engloutir. Il me répondit que le danger réel venait des flux de migrants arrivés de la Méditerranée. «Ne soyez pas dans le déni!», ajouta-t-il avant de pousser le garde-fou. À peine avait-il fait quelques pas dans la zone prohibée, qu'une vague se jeta sur lui. Il disparut dans l'écume. Submergé par la tristesse, je retournai chez moi en méditant sur les effets pervers de la rhétorique.


 

mardi 28 janvier 2025

Reste celui que tu es


Après avoir relu mes ouvrages, je me suis dit que leur indéniable qualité est que nul autre que moi eût pu les écrire — qualité qui ne semble pas compter pour nombre d’auteurs concernant les leurs.