mardi 16 janvier 2018

Note sur les macronisés


Quand, lors de la campagne de l’élection présidentielle, je voyais dans ses meetings Emmanuel Macron déclarer aux gens son amour, les encourager à devenir milliardaires, leur faire miroiter l’idéal d’une startupisation de la nation, quand je l’entendais tenir tant d’autres propos vulgaires, je me disais qu’il était le candidat idéal des bonnes femmes. Autour de moi, nombre de bonnes femmes, justement, le trouvaient exquisément atypique. Les bonnes femmes adorent tout ce qu’elles croient atypique. Ainsi s’imaginent-elles n’être pas des bonnes femmes. Et, bien sûr, leur vote a profité à Emmanuel Macron. Avec lui, ont-elles pensé, la France même deviendrait atypique. Ce que je n’anticipai pas c’était que les hommes allaient voter comme les ou leurs bonnes femmes. Complètement bonnefemmisés, ils ont eux aussi voté en masse pour le candidat atypique. Ce n’est pas une orientation politique qui a déterminé leur choix, mais l’habitude, à laquelle il trouvait un immense plaisir, de voir Emmanuel Macron tel que le montraient les journaux et les télévisions, qui, pour la plupart, sont des journaux et des télévisions pour bonnes femmes. Depuis l’intronisation d’Emmanuel Macron, la bonnefemmisation des esprits s’est bien sûr amplifiée. Tout le personnel journalistique, médiatique, politique, la quasi totalité des Français communient dans le culte du président atypique dont le programme sous couvert d’effacer le clivage entre la droite et la gauche, consiste à creuser le fossé entre les riches et les pauvres, à permettre aux premiers de faire une guerre impitoyable aux seconds. Entouré moi-même de personnes — des voisins, des proches, des intimes — qui, comme je l'ai dit, ont toutes voté pour Emmanuel Macron, par là même observateur privilégié et attentif de leur forme d’intellect, je puis affirmer que les adjectifs bonnefemmisé et macronisé peuvent être utilisés de manière équivalente dans la mesure où tous deux décrivent l’état d’un crâne fourré jusqu’aux orbites non pas d’une pensée unique mais homogène. Ayant connu les sept règnes présidentiels qui précédèrent l’élection d’Emmanuel Macron, jamais je ne vis pareille soumission femelle massive, presque totale, à une figure du pouvoir. Voilà la connaissance d’un phénomène dont je me serais bien passé, mais la vie ne laisse jamais de m’instruire contre mon gré.