Impression de lecture de l’écrivain Fédéric Bécourt, auteur de Attrition et, tout récemment, de Un vent les pousse (clic) — excellent et terrible roman sur la bêtise bienveillante qui opprime notre époque. Merci !
«Trois ans après Jamais la même vague (Flammarion, 2020),Frédéric Schiffter publie (aujourd’hui même) son deuxième roman.
Rétrécissement relate le parcours chaotique de Baudouin Villard, un écrivain et prof de philo à la quarantaine dépressive, en instance de divorce et qui chaque jour s’isole davantage. Dont la présence au monde et le champ des interactions sociales se rétrécissent, en quelque sorte, d’où le titre du livre. Le style est toujours sobre, les phrases courtes et ciselées. Le propos, lui, est très personnel. Sincère, surtout. De cette sincérité désarmante qui parfois nous ébranle et nous mouille un peu les yeux. Nous voilà plongés dans une littérature à l’étouffée, marinée dans le vécu, assaisonnée par le souvenir des jours heureux et celui, plus amer, des déconvenues et des humiliations. Et si tout sonne juste, c’est parce que tout est vrai, à défaut d’être authentique. Grâce aux artifices qu’autorise le roman, Schiffter brouille les pistes et contourne les chausse-trapes de l’autofiction. On ne sait jamais vraiment quand l’auteur s’expose. Aussi, il n’est jamais dans la posture ou l’affectation. Simplement, il observe et rend compte du monde, tel qu’il lui apparaît, de la fragilité des liens humains (et des relations de couple en particulier), du poids du passé familial ou des affres de la fin de vie... Toujours avec lucidité et sans la moindre complaisance. À travers le personnage de Baudouin, l’auteur ne s’épargne pas lui-même, au contraire, on dirait même qu’il se réserve les coups les plus durs. Mais c’est chaque fois mérité, nous laisse-t-il penser, en tout cas l’occasion de retenir une leçon. Des leçons, précisément, Rétrécissement n’entend pas en donner, et c’est très bien ainsi. La littérature n’est pas censée nous apprendre à vivre ou nous faire du bien, Frédéric Schiffter le sait. Sans chercher à plaire, et encore moins à se plaindre, il livre un récit puissant dont la fin est particulièrement réussie, tant sur la forme que sur le fond. À la fois sobre et érudit, ironique et poignant, ce texte m’a touché par sa sincérité, je l’ai déjà dit, mais aussi par sa profonde humanité. Et c’est là, me semble-t-il, le propre des meilleurs romans.»
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