mercredi 23 février 2011

Bilan apparemment positif



Si j’en crois les statistiques, mon blogue vient de dépasser le nombre de cent mille visiteurs. Pour une tribune créée il y a dix mois afin de satisfaire mon égotisme, le bilan ne me semble pas si mauvais.

Parmi les visiteurs, des habitués et des curieux de passage. Parmi les curieux de passage, d’aucuns sont devenus des habitués. Parmi les habitués, certains, le petit nombre, m’apprécient et d’autres, le grand nombre, me vomissent.


J’affiche tous les commentaires amicaux, sympathiques, bienveillants, et même mordants quand ils ont de l’esprit. Tous les autres, les fielleux, en augmentation, je les supprime. Non tant parce que le ressentiment qui les inspire se mélange à d’évidentes carences littéraires, philosophiques, cinéphiliques, etc., mais parce que ces graffiti manifestent une inquiétante incapacité de leurs auteurs anonymes à écrire correctement. De même que certains sujets mécontents voulant coûte que coûte se plaindre souffrent non pas d’un défaut d’éloquence mais d’élocution, les commentateurs hostiles à mon blogue souffrent non pas d’un manque de style, mais sont atteints de dyslexie. Dès lors, je ne vois pas l’intérêt intellectuel, ni, surtout, esthétique, de publier pareil charabia au bas de mes chroniques, aphorismes, anecdotes et boutades. Les intéressés verront là une censure de ma part à leur égard. C’est le cas. Nonobstant, rien ne les empêche d’ouvrir ensemble ou chacun pour soi un blogue où ils pourront m’injurier à l’envi.  


Avec tout cela, j’allais oublier que Paul Léautaud mourut un 22 février — en 1956, l’année de ma naissance. En hommage à sa mémoire, je le cite : « L’amour, c’est le physique, c’est l’attrait charnel, c’est le plaisir reçu et donné […]. Le reste, les hyperboles, les soupirs, les “élans de l’âme“ sont des plaisanteries, des propos pour les niais, des rêveries de beaux esprits impuissants ». En ma qualité de philosophe sentimental, j’aurais tendance à l’approuver.

  

13 commentaires:

  1. Puisque vous dressez un bilan de votre blogue, sachez que je prends un immense plaisir à vous lire et que vous êtes devenu un "compagnon attendu". Chaque nouveau message est une occasion de rire, de réfléchir, de balayer certaines idées reçues,de découvrir : Clément Rosset, Ortega Y Gasset, Chamfort, Schnitzler... Je n'ai pas encore lu de commentaires de lecteurs, pour ne pas gâter mon plaisir.
    J'ai bien sûr lu "Philosophie sentimentale", mais "Le Bluff éthique", quel bol d'air !

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  2. Comme par hasard, c'est un de mes passages préférés de Léautaud que vous mentionnez, cher Frédéric.

    J'ajoute celui-ci: "Un chien vivant vaut mieux qu'un écrivain mort".

    Oncle Jules, frère Louis, cousin Paul, Grand-oncle Georg-Christoph, ... quelle famille !

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  3. Cher Frédéric Schiffter,

    Pour saluer votre naissance et la tenue de votre blog, voici un poème de philosophie sentimentale:

    "Ces petits corps qui tombent de travers
    Par leur descente en biais vagabonde,
    Heurtez ensemble ont composé le monde
    S'entr'acrochans de liens tous divers.

    L'ennuy, le soing et les pensers couvers
    Tombez espais en mon amour profonde,
    Ont accroché d'une agrafe feconde
    Dedans mon coeur l'amoureux univers.

    Mais s'il advient que ces tresses orines,
    Ces dois rosins et ces mains ivoirines
    Rompent ma trame en servant leur beauté,

    Retourneray-je en eau, ou terre, ou flame?
    Non: mais en voix qui là bas de ma Dame
    Accusera l'ingrate cruauté."

    (Ronsard, Le Premier Livre des Amours, sonnet XXXVII)

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  4. Alberto Augieri23 février, 2011

    Cher Frédéric: votre blog tous les jours.Un bonheur.
    Vous n`êtes pas "un philosophe d`institut".Ça c`est sûr. Dans votre blog, dans vos livres,ce clisé tant mimé, et bien installé "Dans le bois de la langue",est déjoué admirablement. Parce que vous n`êtes pas un "philosophe"?
    Cordialement,
    Alberto

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  5. Alfonso, gardien de piscine à Ténérife23 février, 2011

    "YO es otro. Tanto peor para la madera que se descubre violín,..."
    Con ustedes me siento un poco menos loco a pesar de mi trabajo.
    Con que, Sr.Shiffter puedo respirar buganvillas artificiales!
    Larga vida a tu blog!

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  6. Laissez-moi simplement vous féliciter, cher ami, et vous dire le plaisir de vous lire quotidiennement. J'aurais juste préféré l'expression de "bilan globalement positif" mais bon...

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  7. Cherche bel esprit impuissant habitant une attractive enveloppe charnelle qui sache donner et recevoir pour rêverie accompagnée, voire plus si affinités. :-)
    Bravo Frédéric !

    Une habituée curieuse de passage.

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  8. La grande chance de se faire des ennemis n'est réservée qu'à ceux qui la méritent. Elle offre le luxe de cet inestimable plaisir de les exaspérer.
    La savourer sans vergogne et vous en réjouir irritera encore plus les irritables. Leur irritation augmente votre distinction.
    Autre bonus : vous trouvez aussi quelques amis inattendus et non-envieux qui s'en réjouissent avec vous, car vous n'avez pas la bassesse de venir sur la toile pour en chercher, des amis. Cela aussi vous distingue. Et c'est pourquoi on vous lit. Bravo donc !

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  9. Ce que je regarde en premier sur votre blog?
    Ce ne sont pas ses yeux, pas ses genoux ni ses hanches, ni les fesses ni le reste...non ce que je regarde en premier ce sont les libellés.
    Les libellés, vos merveilleux libellés.
    Minuscules, à la fin, ils disent tout du premier coup.
    Sachez que chaque jour, mon corps avance avec dans sa tête votre merveilleux poème in progress: "invitation à la dérive"

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  10. Un chien vivant vaut mieux qu'un écrivain mort
    Léautaud ... Schopenhauer l'a sans doute pensé (22 février, quand tu nous tiens).
    On a un peu de mal, moi en tous cas, à se représenter 100000 visiteurs.

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  11. "J'écris pour des amis inconnus, une poignée d'élus qui me ressemblent : les happy few."
    Stendhal, Vie d'Henry Brulard

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  12. Jean Révé du Cap Ferret26 février, 2011

    Quel plaisir de vous lire, de suivre votre regard et vos réflexions sur les hommes et la vie, à l'égal de la fragilité et la mélancolie que l'on peut ressentir lors d'une session de surf, observant depuis le large "l'agitation des atomes vibrionnants dans la vacuité éthérée", comme vous l'écrivez si justement ! Et chevaucher ces lames toutes à la fois indomptables et si fugaces, comme nos désirs...

    Au plaisir de partager quelques ondes, si d'aventure vous passiez du coté de la pointe du Cap Ferret.

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  13. La sentence de Léautaud est une évidence pour toutes les femmes qui la taisent depuis la nuit des temps pour mieux embobiner les niais qui se plaisent à en douter pour oublier leur infortune. C'est un atavisme tel qu'elles continuent de rectifier leur coiffure au téléphone, invention trop récente pour que leur instinct s'y soit adapté. Léautaud a initié ses "hyperboles et élans de l'âme" avec sa mère les déplaçant sur ses chats et chiens pour finir avec sa guenon, parcours sans faute d'ou son journal parmi les plus authentiques de l'histoire littéraire de mes deux.

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