jeudi 1 septembre 2011

Oyez ! Oyez ! Amis du Gai Savoir !


Je fus attristé quand j’appris, en juin dernier, que Raphaël Enthoven n’animerait plus Les Nouveaux chemins de la connaissance — l’émission matinale de France Culture (de 10H à 11H) destinée à l’honnête homme, espèce rare, et aux femmes anti-bonnes-femmes, espèce plus rare encore.
Les gens qui n’aiment pas Raphaël Enthoven sont des têtes plates de mauvaise foi. Qui est capable, comme lui, lors d'une conversation de quarante-cinq minutes conduite avec courtoisie et clarté en compagnie d'un universitaire ou d'un érudit, de donner à l'auditeur le plaisir de renouer avec le sens le plus maltraité qui soit en cette époque de communication et de prêchi-prêcha : le sens de la subtilité ?
Raphaël Enthoven a pris le large, donc, mais je me réjouis de l’arrivée, à sa place, sur les Nouveaux Chemins, de la très chère Adèle Van Reeth. Étant donnée la maestria avec laquelle elle a animé la nouvelle série d’émissions — consacrée cette semaine au thème de la bêtise —, le meilleur est assuré pour les temps à venir. 

P.S. : À propos de philosophie et de bêtise, Adèle Van Reeth proposait aujourd’hui un entretien avec Jean Carnavaggio sur la question des rapports entre un monomaniaque et un naïf célèbres : Don Quichotte et Sancho Panza. Je ne sais pourquoi, cela me remit en mémoire le texte inaugural de mon blogue.    



14 commentaires:

  1. Je viens de relire votre premier billet, votre analyse de l'onfray-sanchopansisme est impeccable, le phénomène s'étend même, le recyclage de la culture par des passeurs-histrions en bouillie assimilable par le "populo" décomplexé a un bel avenir.

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  2. C'est vrai, LELORGNONMELANCOLIQUE, mais le Donquichotto-pancisme de Cervantès est autrement délectable et nourrissant, même si la comparaison est amusante!

    Merci aussi à Frédéric Schiffter pour la vidéo, qui m'a incité à commander sans tarder la nouvelle traduction folio de ce monument de richesse romanesque -incluant, lui, une tendresse vraie et touchante entre l'hidalgo et son écuyer-, pour une relecture, vu la qualité des propos des deux interlocuteurs du document et la beauté des extraits cités, et j'ai comme l'impression qu'Adèle von Reeth doit avoir peu ou prou le même sens de la subtilité que Raphaël Enthoven; jusqu'ici je ne connaissais les deux que d'assez loin, surtout la première nommée...

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  3. Je regretterai Raphaël E., sa voix, la pertinence et la fluidité de ses interventions rendaient tous les rivages abordables, même les plus escarpés. Un magicien des ondes. Dommage. Mais Adèle V.R. est très très bien également, et une petite touche féminine ne nuit pas à cette émission.. Hier par contre, la "clarté" promise ne m'est pas vraiment apparue..


    Bonne journée, cher Frédéric.

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  4. L'espace vivant de la pensée, est par essence invisible au " néogâtisme gélatineux " ( Daniel Accursi ), et mon cher Frédéric, toutes les attaques entendues et lues ici et là contre Raphaël Enthoven, portaient si ma mémoire est bonne, sur l'homme et non sur ce qu'il avait à dire, sur ce qu'il disait, sur la qualité des hommes de qualité qu'il invitait, mais pour parler trivialement sur " sa belle gueule ", et ses " façons de nous faire subir son savoir ". Il est alors amusant de comparer ses subtils éclats avec les fadaises déployées cet été par le sieur Onfray sur France Culture, du haut de sa pauvre chaire « populaire ».
    L’un invitait la pensée vivante et s’y invitait avec le talent d’un surfeur ou d’un torero – à votre convenance - en se glissant dans ses mouvements, et en embrassant les siècles dans leurs subtiles saveurs, l’autre grand spécialiste du sauvetage des « oubliés » de la pensée, et du « populisme sauvage », a pour mission de dévoiler au monde en émoi toutes les « turpides » des penseurs qui l’empêchent de ronfler dans les couloirs du NPA.
    J’ai encore en mémoire un court échange écrit, où j’évoquais le plaisir attendu de le voir se saisir de Baltasar Gracian y Moralès, qui vous accompagne depuis quelques décennies, il m'avouait que la tâche était lourde, et qu'il lu faudrait du temps pour s'y employer, souhaitons, qu’Adèle Van Reeth, un jour s’en saisisse.

    Bien à vous.

    Philippe Chauché

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  5. Ah, voilà une triste nouvelle... Je dois beaucoup à Raphaël Enthoven. J'ai quitté le lycée, il y a trente ans, avec quelques bribes inconsistantes de philosophie et une considération immense pour celui qui me les avait transmises. Nous nous sommes revus, ce professeur et moi, de très loin en très loin, au gré de mes petites expositions. Puis il est mort il y a à peu près dix ans. A son inhumation l’envie d’aller voir ce que disait la philosophie d’un peu plus près s’est faite impérative. Je portais un nom, qu’il m’avait transmis, quand, dans toute la candeur de l’adolescence je lui avais demandé quel était selon lui le plus grand de tous les philosophes. Après beaucoup d’embarras il me fit entendre que Spinoza, dans sa vie, avait été déterminant.
    Je suis reparti de ce nom. J’ai papillonné, lu au hasard les commentateurs, lu aussi ces auteurs contre lesquels vous vous inscrivez en faux. Puis sont arrivées, après les vendredis de la philosophie sur France-Culture animés par Noudelman, une longue série d’émissions tenues par Raphaël Enthoven . Ces émissions, très pédagogiques, abordaient les grands classiques et les grands auteurs de la philosophie avec des personnes éminentes et souvent passionnantes. J’ai beaucoup appris, noté, réécouté et repéré, aussi, les lieux communs (les rengaines) auxquels la philosophie n’échappe pas. Avant qu’on ne puisse les « podcaster » j’enregistrais les émissions et me les repassais tandis que je dessinais ou peignais. La philosophie me remplit quand elle me saisit. Passer par la pensée d’autrui m’apporte beaucoup. Je ne sais pas au juste ce que j’y trouve sinon, peut-être, ce plaisir du décentrage.
    (Suite au commentaire suivant…)

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  6. Enthoven est un grand professeur. Il est exigeant, sans morgue ni suffisance et sa pertinence souvent me confond et m’enthousiasme. Et puis, surtout, il donne envie de remonter à la source, aux textes des auteurs. Je réécoute particulièrement certaines émissions. Celles (il y a eu plusieurs séries) où la parole est donnée à Rosset m’enchantent. C’est aussi lui qui m’a mené vers vous.
    Je partage votre point de vue sur Adèle Van Reeth. Cette dernière en a pris de la graine… Je n’avais pas anticipé ce renouvellement mais il faut avouer que dans une sphère médiatique où l’on se fiche de qui vous succèdera ce bon Raphaël a admirablement organisé la passation…
    Je vous adresse aussi mes vœux de prompt rétablissement. Prenez bien soin de vous…

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  7. Soluto,

    Je vous approuve. R. Enthoven, MINE DE RIEN, exerçait un vrai magistère en invitant des pointures, comme on dit, et en leur permettant de développer leur érudition tout en surveillant, gentiment, leur éventuel pédantisme.

    Je le soupçonne de visiter mon blogue. Il sera touché de votre témoignage.

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  8. ¡Ola! Felipe,

    Heureux de vous voir errer par ici. En Eskual Herria, bientôt ?

    Un abrazo.

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  9. Peu importe qui03 septembre, 2011

    Le plafond de Montaigne et philosophie sentimentale c’est le même livre; mais le plafond n’a pas de prix.
    Les lecteurs du Plafond savent qu’il y a dans les tiroirs du Doctor S. des débuts de romans, des fragments, des mots suspendus, des pensées balayées, des ébauches.
    Peut-être que c’est ça que je cherche sur ce blogue.
    Mais le plus souvent je regarde le plafond.

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  10. Cher no wave rider ! Merci de m'avoir rappelé Pascal ! Mes années de terminales sont si loin... A propos du joli Raphaël, j'ai offert à cette même sotte (je sais je suis indecrottable!) son dernier livre "le philosophe de service" que j'ai un peu parcouru avant de faire le paquet cadeau, j'ai cru y reconnaitre l'esprit de Barthes, je me trompe ? je pense à cet ouvrage (parmi d'autres du maitre) indispensable : "mythologies".

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  11. j'oubliais.... take care man ! C'est ainsi que l'on parle dans ce merveilleux monde du surf. Quelques années dans ce milieu, presse ou salons pro m'ont permis de maitriser le langage vernaculaire des "locals"... cela dit combien ont lu vos textes subtils sur l'art de la glisse ?
    Autre chose n'ayant rien à voir : les bonnes femmes dont vous parlez (ce qui me réjouis l'ame et le coeur) n'ont bien entendu rien à voir avec les bonnes femmes cathares ?

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  12. L'idée qu'un type de la qualité d'Enthoven puisse rejoindre une chaîne de guignols, où les animateurs se distinguent surtout par la qualité de leur GEL FIXANT, je vous assure, ça avait quelque chose d'une trahison. D'une petite fin du monde.
    Laissez la philosophie dans les mains de Canal+ et,comme disait l'autre, dans quelques années, tous les concepts pueront.

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  13. Parcourant ces rivages, comme il m’arrive de le faire plus souvent que je ne me l’avoue - en dilettante et sur la pointe des pieds - à la lecture de votre billet il me prend l’envie d’y laisser une trace sous la forme de ce graffiti que la mer des lestes contributions qui s’en viennent échouer ici, recouvriront bientôt.
    Ainsi je me joins à votre plume pour rendre hommage à l’art avec lequel Raphaël Enthoven et son équipe ont su, jour après jour, coudre et nouer les fils des NCC pour en faire cette tenture chatoyante d’esprit et de subtilité.
    « Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l'âme en secret… ». Il y a indubitablement quelque chose de ces vers célèbres en cette émission.
    Quoi qu’il en soit, désireux de recouvrer un peu de sa liberté perdue, ayant arrêté ses desseins depuis long (c’est là mon interprétation), Raphaël Enthoven n’a sans doute point voulu, après son départ, voir les NCC se dissoudre dans la médiocrité radiophonique qu’on nous sert d’ordinaire en plat de résistance. A cette aune, la rubrique d’Adèle Van Reeth, initiée la saison passée, s’éclaire d’un jour particulier : permettant si ce n’est l’éclosion, du moins la révélation d’un caractère bien trempé. La relève était assurée (la première série d’émission, menée avec maestria le confirme)…

    Un grand merci encore à Raphaël Enthoven pour ces quelques années de docte légèreté. Et tant pis pour les esprits chagrins.

    Bien amicalement
    Axel

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  14. Bonjour, Axel,

    Ravi de votre visite. En hommage à notre vieille dispute, j'ai décidé de répertorier votre page parmi les blogues de qualité (cf. ci-contre).

    Bien à vous,

    FS

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