jeudi 27 janvier 2011

Interlude



Dans un opuscule intitulé En ce temps-là, Clément Rosset relate qu'il se rend un jour à une conférence de Jacques Lacan donnée dans le sein de l'École normale supérieure. La salle est à moitié pleine. On attend le conférencier qui officie là chaque semaine. "Il y avait quelque chose de bizarre dans le comportement de l'auditoire. Chacun était tranquillement occupé à lire son journal, à consulter ses notes, à essayer de résoudre un problème d'échecs ou de mots croisés. On avait l'impression que tout le monde s'attendait à quelque chose mais semblait en même temps résigné à ne s'attendre à rien." Le temps passe et, comme Lacan n'apparait toujours pas, C. Rosset demande à sa voisine en train de tricoter la raison de cette attente. "Comment ? Vous ne savez donc pas que Lacan ne viendra pas aujourd'hui ? Il est à l'étranger pour une quinzaine de jours." "Il se trouvait donc ici, conclut C. Rosset, des gens dont la soumission à l'égard de Lacan était telle qu'ils auraient cru gravement déroger en manquant une seule séance du maître — même s'il était connu et avéré que celui-ci en serait absent."

9 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Vous êtes un as de nous dégotter ce genre d'anecdotes qui terrassent une pensée.
    Mon cher Frédéric, vous me faites hurler de rire.

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  3. Pas de tricoteuse pour vous ! Je gage que votre fan club a de bien plus saines et distrayantes occupations.. Ni prudes ni soumises.

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  4. Cher Pascal Klein, je ne sais pas où est passé votre message. Une onde maléfique s'est abattue sur mon blogue. Je commence à être pris d'angoisse ! Réexpédiez-le, il tombait à pic.

    Corinne, je vous embrasse. Voilà.

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  5. Cher Frédéric Schiffter,

    Votre blogue est en pleine santé. C'est moi qui ai supprimé le message. Il me semblait que le tandem Rosset-Schiffter l'emportait déjà haut la main. Y ajouter Gracian m'apparaissait disproportionné. Je vous fais cependant confiance.

    " Ne se rendre pas trop intelligible

    La plupart n'estiment pas ce qu'ils comprennent, et admirent ce qu'ils n'entendent pas. Il faut que les choses coûtent, pour être estimées. On passera pour habile, quand on ne sera pas entendu.(...) Et bien que le bon sens soit de grand poids parmi les habiles, le sublime est nécessaire, pour plaire à la plupart du monde. Il faut leur ôter le moyen de censurer, en occupant tout leur esprit à concevoir. Plusieurs louent ce dont ils ne sauraient rendre raison, quand on la leur demande, parce qu'ils respectent comme un mystère tout ce qui est difficile à comprendre , et l'exaltent à cause qu'ils l'entendent exalter."

    Baltazar Gracian, L'Homme de cour, Maxime CCLIII

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  6. ..Ah la belle dédicace ! :-)

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  7. Alberto Augieri28 janvier, 2011

    Cher Fréderic: Un antibenveniste parfait, Lacan. Benveniste disait: "le langage sert à vivre."

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  8. Cher Frédéric, vous êtes vraiment facétieux. Comme si l'accoutrement de notre petit maître ne suffisait pas, vous avez décidé de le doubler en utilisant un imitateur de Michel Serrault (à moins que lui-même...).

    Tristan

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  9. Alberto Augieri29 janvier, 2011

    Cher Fréderic: on vous a traduit en Argentine, le pays le plus lacanien.
    http://apegarelcascotazo.blogspot.com/

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