lundi 9 décembre 2019

Vincent Cespedes, le Résistant



J’appelle intellectuel un écrivain, un philosophe, un universitaire qui, non par démagogie — comme le pensent les esprits cyniques —, mais en vertu d’un sens supérieur de la morale, apporte son soutien à telle ou telle cause qui lui semble juste. L’écrivain, le philosophe, l’universitaire, se fait intellectuel quand il quitte la tour d’ivoire de la littérature, des idées, du savoir, pour aller s’engager avec courage sur les champs de batailles de l’Opinion. L’arme redoutable de son combat est alors la pétition
On connaissait Vincent Cespedes, philosophe-animateur d’entreprise, spécialiste des mouvements sociaux pour les plateaux de télévision, compositeur de rap, vidéaste. Autant dire un esprit universel, un acteur de premier plan de la culture. Mais Vincent Cespedes fortifie davantage sa dimension d’intellectuel en se faisant lanceur d’alerte. Ayant découvert récemment que Martin Heidegger fut nazi et ayant appris que certains passages de son œuvre pouvaient être étudiés au lycée, il vient d’émettre une pétition afin que le ministère de l’Éducation nationale supprime l’auteur de Sein und Zeit «de la liste officielle des auteurs recommandés aux élèves de classe terminale». Vincent Cespedes ne prône pas la censure. C’est un démocrate attaché à la «liberté pédagogique» des professeurs.  Mais, soucieux de préserver les consciences juvéniles, il en appelle à une nécessaire dénazification des programmes scolaires. Vincent Cespedes ne précise pas si les textes de Levinas, de Sartre, d’Arendt, de Derrida, etc., écrits sous l’influence d’Heidegger, devront faire l’objet d’enquêtes pour déterminer s’il y subsiste des éléments d’ontologie hitlérienne. Pour ma part, il m’apparaît que pareil programme de purge ne serait pas illégitime. Il suffirait qu’on créât pour Vincent Cespedes au 110 rue de Grenelle un Bureau de l’Épuration philosophique. Une pétition s’impose.     

8 commentaires:

  1. Comme le proclamait - rigolard - Michel Audiard, "les cons ça ose tout, c'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnait".

    Plaisir jamais démenti à lire vos petits billets vachards et salutaires. En attendant de goûter votre nouvelle opus.

    Schiffter ou l'anti-moraline contemporaine.

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  2. Je vais certainement attacher Vincent Cespedes au piquet des brêles.

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  3. Pas du tout envie de parler de ce VC, un bien triste sire, en effet. Je préfère vous écrire à propos du livre de S. Tesson : "la panthère des neiges" qui devrait vous plaire ? Extrait : "Même le plus rationaliste des hommes n'aurait pu refuser le "sens du beau" à ces animaux. Appelons sens du beau la conviction jouissive de se sentir en vie". Cette phrase se rapproche peut-être de la "joie de vivre" évoquée par Clément ROSSET ? Je lis également "Bâiller devant Dieu" d'I. URIARTE, ceci sur fond de tempête au pays basque. Cordialement.

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  4. Quand allons-nous étudier CIORAN dans les écoles ?

    Rien ne change sous le soleil ! Pour résumer tous les fanatismes : Cioran

    "On se méfie des finauds, des fripons, des farceurs ; pourtant on ne saurait leur imputer aucune des grandes convulsions de l’histoire ; ne croyant en rien, ils ne fouillent pas vos cœurs, ni vos arrière-pensées ; ils vous abandonnent à votre nonchalance, à votre désespoir ou à votre inutilité ; l’humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu’elle connut : ce sont eux qui sauvent les peuples que les fanatiques torturent et que les « idéalistes » ruinent. Sans doctrine, ils n’ont que des caprices et des intérêts, des vices accommodants, mille fois plus supportables que les ravages provoqués par le despotisme à principes ; car tous les maux de la vie viennent d’une « conception de la vie ». Un homme politique accompli devrait approfondir les sophistes anciens et prendre des leçons de chant ; - et de corruption…

    Le fanatique, lui, est incorruptible : si pour une idée il tue, il peut tout aussi bien se faire tuer pour elle ; dans les deux cas, tyran ou martyr, c’est un monstre. Point d’êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance : les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n’a pas coupé la tête. Loin de diminuer l’appétit de puissance, la souffrance l’exaspère ; aussi l’esprit se sent-il plus à l’aise dans la société d’un fanfaron que dans celle d’un martyr ; et rien ne lui répugne tant que ce spectacle où l’on meurt pour une idée…

    Excédé du sublime et du carnage, il rêve d’un ennui de province à l’échelle de l’univers, d’une Histoire dont la stagnation serait telle que le doute s’y dessinerait comme un événement et l’espoir comme une calamité…"

    Extrait de « Précis de décomposition » de CIORAN.

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  5. Chère Francine,
    Merci pour vos commentaires. Cioran, Rosset, Uriarte... voilà de saines lectures. Tesson, il faut que je m'y mette.
    À vous,
    FS

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  6. Vous êtes toujours en forme cher Frédéric
    Souvenez vous de l egorgeur tunisien, professeur.
    Ici David

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  7. Egorgeur de moutons sur Facebook ou nous avons correspondus il y a quelques années.
    Depuis les demeurés fleurissent en pagaille, des hurleurs de leurs insignifiances à la recherche de valets...

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