O Livro do
Desassossego de Fernando Pessoa paraît enfin en
français sous le titre: Livres de
l’inquiétude. Traduire le terme de desassossego
par le néologisme d’«intranquillité» était une funeste coquetterie
littéraire prisée des têtes plates ayant eu pour effet d’affadir l’ennui, les
hantises, les dégoûts, les interrogations, les obsessions, les tourments, les
tentations de la folie et du suicide éprouvés par le narrateur. Bernardo Soares
ne souffre pas d’une légère incommodité de vivre, mais d’un malaise radical.
Son inquiétude ne le pousse ni à s’en prendre à Dieu ni à gémir sur son sort.
Il n’est pas un Job en col blanc qui prend à témoin les Lisboètes de
l’infortune qui le frappe. Il ne veut susciter la pitié de personne. Pour tenir
le coup, il rédige le journal de sa
déréliction avec la légèreté de ton de ceux qui n'en mènent pas large dans l'existence.