Gabriela Manzoni
«Si
j’ai un jour arrêté d’écrire, c’est parce que, simplement, je me suis mis à
douter de tout. De moi, du sens de mon travail et de l’intérêt des livres en
général. Quand on se met à réfléchir à ce genre de problèmes, cela signifie
qu’on a déjà basculé de l’autre côté. Publier demande un minimum de foi,
d’orgueil et d’aveuglement. Or, je ne possède plus aucun de ces sentiments
énergétiques. Je n’ai plus la vitalité ou l’innocence qui permet d’avancer d’un
jour sur l’autre, de passer d’une phrase à la suivante. Tout au plus suis-je
désormais capable de décrire les symptômes de ma paralysie, de me livrer
moi-même à une médiocre autopsie de ma vie. Alors quand un individu dans votre
genre me demande le pourquoi de mon retrait, j’invoque systématiquement la paresse.
Je n’ai jamais fait partie, cher Hans, de ceux qui croient que l’écriture est
une activité noble. Un romancier n’a jamais été pour moi autre chose que le
résultat d’un croisement hybride entre un grammairien et un concessionnaire
Toyota. Je me comprends.»
Jean-Paul
Dubois Kennedy et moi