jeudi 9 octobre 2025

Delphine Horvilleur ou la laïcité sans Spinoza


Baruch Spinoza doit l’essentiel de sa philosophie politique, comme d’ailleurs l’essentiel de sa philosophie, à Thomas Hobbes. Qu’importe si peu de lecteurs reconnaissent la dette de l’auteur du Traité théologico-politique à l’égard de l’auteur du Léviathan. Admettons que Spinoza ait été le premier à théoriser la laïcité, c’est-à-dire la nécessité de dissocier les pouvoirs respectifs du religieux et du civil afin que les individus, à savoir les citoyens, ne suivent que les lois juridiques censées procéder de la raison indiquant l’intérêt général, et non des préceptes relevant des fables bibliques qu’exploitent les autorités cléricales. Accusé d’hérésie en 1656 par les rabbins d’Amsterdam — alors même qu’il n’avait rien publié —, Spinoza fut excommunié par un violent décret (clic)le condamnant à vivre à La Haye et interdisant à tout Juif, ami ou parent, de lui venir en aide. L’actuelle synagogue d’Amsterdam tient toujours Spinoza pour un hérétique. Personne n’a songé à demander à Delphine Horvilleur, si, en sa qualité de rabbin œuvrant pour un «judaïsme en mouvement» héritier de la Haskala — les Lumières juives — et avocate de la laïcité, elle comptait agir pour réhabiliter Spinoza. À ma connaissance, pareil projet ne fait pas partie de ses vues progressistes. Pour Delphine Horvilleur le philosophe dont elle devrait se réclamer n’est-il qu’un mauvais Juif? Parmi les malédictions divines auxquelles les gardiens de la foi d’Amsterdam vouèrent Spinoza, figure celle-ci: «Sachez que vous ne devez lire aucun de ses écrits.» Obéissant à ses lointains prédécesseurs, Delphine Horvilleur, n’a, à l’évidence, ni lu, ni médité, le penseur maudit.

mardi 5 août 2025

vendredi 9 mai 2025

Ceci n'est pas un génocide


En 1943, Raphaël Lemkin, juriste américain d’origine polonaise, crée le terme de «génocide» pour désigner «un crime commis avec l’intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux». En 1948, l’ONU adopte la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide et reprend la définition de Lemkin. Officiellement, l’ONU mentionne trois génocides au vingtième siècle. Le premier perpétré contre les Arméniens (1915-1923), le deuxième contre les Juifs d’Europe (1941-1945), le troisième contre les Tutsis rwandais (avril-juillet 1994). 

Peut-on parler d’un tel crime dont l’État israélien se rend coupable dans l’enclave de Gaza depuis octobre 2023? Si les bombardements massifs et incessants causant la mort de dizaine de milliers de gens, si la destruction systématique des hôpitaux et l’élimination des équipes médicales, si l’entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire provoquant famine et épidémies étaient intentionnels, il y aurait génocide. Or, il est patent que l’État juif NE FAIT ABSOLUMENT PAS EXPRÈS de raser Gaza, d’en massacrer les habitants et, bientôt, d’en déporter les survivants. Tout cela se produit par inadvertance. On voit très bien quelle pensée nauséabonde s’exprime chez ceux qui prétendent le contraire.