mardi 21 janvier 2025

Signalement


En traînant à Biarritz, je me suis arrêté au Plaza. J'avais emporté avec moi Dégénérescence, le livre de Max Nordau (1849-1923), doctrinaire, avec Théodore Herzl, du sionisme. C'est à ce médecin psychiatre, élève de Jean-Martin Charcot et admirateur de Cesare Lombroso, que les nazis doivent la conception d'art dégénéré — Entartete kunst. Je me retrouve dans chaque page de l'ouvrage. Sur le plan philosophique: «Les dégénérés […] sont le public prédestiné de Schopenhauer». Sur le plan psychologique: «À l’abattement caractéristique du dégénéré s’allie, en règle générale, une aversion pour toute action, […] un éloignement du monde et un mépris des hommes». Sur le plan intellectuel: «À l’incapacité d’agir se rattache l’amour de la rêverie creuse.» Sur le plan de la sensibilité: «Il se réjouit de son imagination, qu’il oppose au prosaïsme du philistin, et se voue avec prédilection à toutes sortes d’occupations libres qui permettent à son esprit le vagabondage illimité». Sur le plan politique: «Il sera difficile aussi de nier que la dégénérescence fait […] le fond des écrits […] de beaucoup […] d’anarchistes.» Sur ce dernier point, je préciserais, en ce qui concerne mon cas: anarchiste de salon de thé. Sur le plan physique, je ne souffre pas du nystagmus qui affectait les pointillistes et les impressionnistes, je n'arbore pas des oreilles longues et pointues, «caractères simiesques» qui prouvaient le retard mental de Mallarmé, ni la « psychopathie sexuelle» de Zola. Mais ne parlons pas trop vite. Ma dégénérescence continue. 


 

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