dimanche 11 décembre 2022

Annie et moi


En traînant à la plage dite de la Petite Chambre d'amour, je songeais au discours d'Annie Ernaux prononcé devant l'académie du prix Nobel. Sa vocation d'écrivain, a-t-elle dit, fut de «venger sa race». L'expression renvoie, paraît-il, au mot de Rimbaud: «Je suis de race inférieure de toute éternité». «Mazette!», ai-je pensé quand j'ai lu cette phrase d'Annie Ernaux. Pourtant, ai-je pensé encore, dans Les années, un très bon livre, ou dans Passion simple, que je n'ai pas fini, pareil programme vengeur n'est pas frappant. Au reste, mais est-ce parce que la vue de l'océan me distrayait du sérieux de ma réflexion?, que signifie écrire pour se venger? Et se venger de quelle offense? Je me demande si Annie Ernaux ne se monte pas le bourrichon quand elle se peint en combattante. Comme nombre de femmes elle a connu des déboires douloureux et, en contrepartie, comme beaucoup d'écrivains, elle a été professeur de lettres, métier qui laisse assez de temps pour écrire. Son combat fut sa carrière. Son succès, non usurpé, sa victoire. En faisant demi-tour, je me suis demandé si j'aurais la curiosité d'ouvrir d'autres romans d'Annie Ernaux. Dans un délai assez court, j'ai répondu: non. Sans doute ne suis-je pas de la race inférieure. Je me contente d'être d'un genre douteux qu'on ne venge pas.


 

3 commentaires:

  1. Ce n'est pas elle qui a écrit des chansons fades pour Julien Clerc ? Je les confonds toutes ces autrices à baldaquin. Le prix Nobel ? Et puis quoi encore ? C'est trop propre pour moi tout ça, trop douillet, trop bourgeois, trop "officiel". Moi j'aime quand ça bave un peu, quand ça racle, j'aime qu'il y ait des aspérités dans le texte et dans le révarium. En même temps je dis ça et je ne l'ai jamais lue. Ai-je envie de la lire ? Non, la flemme.
    Vous, vous pourrez faire ce que vous voudrez, vous lover dans le satin, ronronner dans la soie, vous serez toujours un peu punk pour moi. Et ça me plait.
    Hell Yeah, comme dirait le Marquis.
    Maxime.

    RépondreSupprimer
  2. "Les années, un très bon livre" je ne l'ai pas lu, faut pas exagérer, mais j'en ai entendu des bribes luent sur rance culture, j'ai trouvé cela particulierement navrant.

    RépondreSupprimer

Les commentaires anonymes et fielleux seront censurés.