dimanche 16 septembre 2012

À la recherche du cinéma d'avant


Arnaud Le Guern  
Lutétia, avril 2011

Arnaud Le Guern est né en 1976, année caniculaire qui annonçait la fin des Seventies. C’était aussi l’année de mes vingt automnes (je suis né en octobre). «Quand on aime la vie, on va au cinéma», disait un slogan publicitaire de l’époque. Me concernant, ce fut le cinéma qui me fit aimer la vie. Le cinéma et, soyons juste, les filles. Je les emmenais voir des films américains, italiens, français. Quand un film était moyen je trouvais commode d’avoir une poitrine à caresser sous un chemisier ou un shetland. Cela n’arrivait pas devant un film de Claude Chabrol ou de René Clément. Et pour cause: j’étais amoureux de Stéphane Audran, de Marie Laforêt, de Romy Schneider. C’est devenu le cas d’Arnaud Le Guern. La cinéphilie est une forme raffinée de nostalgie. Il n’y a qu’à lire Une âme damnée. Bien sûr, voilà un livre comme je les goûte: écrit à la hussarde — au sens de Bernard Frank. Bien sûr, il s’agit d’une biographie de Paul Gégauff, dandy, play-boy, flambeur, scénariste et dialoguiste efficace et cynique des cinéastes de la nouvelle vague. Bien sûr ces chapitres courts, denses, enlevés, se lisent comme les pages d’un scénario qui ne demande qu’à être mis en images. Bien sûr, on se laisse embarquer par le récit de la vie de ce voyou magnifique assassiné à coups coups de couteau par sa jeune et belle épouse — « Tue-moi si tu veux, mais arrête de m’emmerder !», lui dit-il imprudemment lors de leur ultime et fatale dispute. Mais, on comprend bien que pour Arnaud Le Guern, le personnage de Gégauff n’est qu’un prétexte pour déclarer son amour aux actrices du monde d’avant, quand le cinéma savait photographier leur regard mélancolique, leur silhouette élégante, leur visage émouvant de garce ou d’âme perdue. Aujourd’hui, quelle actrice le bouleverserait ? Audrey Toutou ? Valérie Lemercier ? Marion Cotillard ? Le Gégauff d’Arnaud Le Guern m’a conforté dans cette certitude : quand on aime les femmes, il ne faut plus aller au cinéma.          

6 commentaires:

  1. Né en octobre ?...

    Cher Frédéric, dites-nous tout : Balance ou Scorpion ??? (information capitale s'il en est)

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  2. Ah? Tiens! IsabL. Comment allez-vous?

    Vous êtes indiscrète, mais je suis Balance.

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  3. Merci, cher Frédéric, je vais très bien et n'ai pas "loupé" un seul de vos billets (pas toujours d'accord mais toujours intéressée).

    Indiscrète ? So sorry ! C'est seulement que je me demandais si nous avions ce futile point commun (nous en avons de moins légers). Et donc... yeeess ! Alléluia !!!

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  4. Est-ce parce que nous attendions de vous
    -Vous êtes indiscrète, mais je m'en Balance.
    que vous dites "mais je suis Balance" ?

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  5. Bernard Grandchamp19 septembre, 2012

    Peut-être avez-vous voulu dire : "quand on aime les femmes - que j'aime (peut-être aussi, pour vous, les seules femmes), on ne va plus au cinéma"... En quelque manière, à chacun sa "Ballade des dames du temps jadis"?...
    Bien à vous

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  6. Chère Françoise,
    Vous apparaissez au bas de la page 23 du dernier roman du doctor S., intitulé La Beauté, Une éducation esthétique.
    Vous êtes face à la promenade...
    Ne serait-il pas épatant qu'un personnage de roman - il faudrait écrire une apparition - dise quelques mots simples à des lecteurs balnéaires modérément déprimés.

    nota bene :
    Je salue Arnaud Le Guern.
    Cher Arnaud, la dernière fois que j'ai vu Jacques Deray il m'a répondu :" Rien. Tu fais rien."

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