Depuis quelque temps, je
travaille à mon nouvel ouvrage: Éthique
de l’étiolement personnel. Pour stimuler ma réflexion, j’ai consulté un opus connu des seuls spécialistes de
l’Idée du Rien, à savoir les Pensées
rancies et cramoisies de l’excellent Johannes Zimmerschmül (clic). En
avançant dans mon étude, j’ai souligné quelques sentences de ce sceptique lypémaniaque
que je souhaite divulguer ici. Ainsi lit-on p.35 que «l’homme du nihil, accablé par
l’odiosité de ses congénères, par les sinistres manigances de son Moi, et par les réalités bétonnés de
l’objet — autrement dit par la
résistance des choses —, a bien du mal à se garder de l’impression que le réel
lui en veut personnellement.[…]»; p.76 qu’«on
ne peut ressentir qu’une pitié immense pour le philosophe, cet avorton au teint
cireux qui s’affaire incessamment à disséquer la réalité empirique. C’est
l’homme qui s’enlise: on ne voit plus que sa main qui s’agite encore pour
implorer un impossible secours et la fange conceptuelle l’ensevelit»; ou,
p.78, cette mésaventure survenue à un Dasein obsédé par la pensée de se
détruire, et qui, pour s’en affranchir, se jeta sur la Méthode pour arriver à la vie bienheureuse de Fichte mais qui, une
fois le livre-remède refermé, fut en proie à des maux épouvantables et dégradants
puis, après une longue agonie, trépassa. Dans le milieu très fermé des hommes
du nihil, le bruit court que Johannes Zimmerschmül ne serait autre que Hermann
Von Trobben, l’auteur du Monocle du
Colonel Sponsz (clic) et qu'il aurait également signé des petits traités d’acédie
inflammatoire sous le nom de Raymond Doppelchor ou de Marcel Banquine. On
aurait affaire à une sorte de nouveau Soren Kierkegaard — penseur dont le
divertissement était, on le sait, de changer de nom pour chaque livre. Sur la
lancée de mes recherches bibliographiques qui contribuent à enrichir le propos
de mon Éthique, je finirai bien par
découvrir ce moraliste au «radical quinquet».