Pour les ennemis de la solitude, du silence et de l’ennui,
c’est toujours une aubaine quand une ville célèbre ses fêtes. Quatre jours
durant, le grégarisme, le boucan et la vulgarité, revêtus de l'uniforme blanc et rouge, régneront sans partage et ad libitum sur Bayonne. Les ruelles du quartier le plus populeux changeront de nom. La rue Pannecau
deviendra rue du Pissat, celle des Cordeliers rue du Vomi, la place Saint-André
place des Miasmes. Les quais de la Nive, de l’Adour, les remparts, seront les
lieux recherchés des rixes, des viols et des comas éthyliques. L’intérêt est
que, pendant cette parenthèse dionysiaque et conviviale, les plages et les
vagues verront une baisse sensible de fréquentation. L’abrutissement de la foule en
liesse fait parfois la félicité du petit nombre des cœurs mélancoliques et balnéaires.