mardi 29 juin 2010
IN GIRUM IMUS NOCTE — ou comment, de la croyance en un sens de l'histoire, on passe, in fine, au sentiment que le devenir n'est qu'une rengaine.
Tout jeune déjà, j’aimais me faire remarquer. Au lycée de Biarritz, entre deux cours, ou au Cyrano, le bistrot de l’absentéisme, je m’isolais et me mettais à lire ostensiblement des ouvrages de philosophie afin que les filles me prêtent une nette supériorité intellectuelle par rapport aux autres garçons. Ayant par ailleurs une image de je-m’en-foutiste à soigner, je prenais garde de ne pas paraître absorbé par mes lectures. Mais comme je ne feignais pas pour autant de lire, peu à peu la matière des livres infiltrait mon esprit, faisant de moi un jeune gandin cérébral peu avantagé pour faire battre le cœur des lycéennes biarrotes — plus prompt à chavirer sous le regard délavé d’un surfeur. Cela se passait dans les années soixante-dix qui battaient leur vide. C’est à cette époque que je découvris La société du spectacle. Tout cela pour dire que Guy Debord fut pour moi un philosophe de classe terminale.
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